En mai, le conseil d’administration de la Jeune Chambre nomme un comité pour l’élection du prochain conseil d’administration. Claude Dupras propose les anciens présidents Laurent Gendron, Bernard Janelle et Régent Desjardins avec les ex vice-présidents Roger Bisson et Gérard Desjardins. Gendron agira comme président. Le comité fixe les mises en nomination pour le 2 juin 1959 et s’il y a élection, elle sera tenue le 15 juin.
La coutume veut qu’il n’y ait pas d’élection. Le conseil d’administration sortant-de-charge s’est toujours montré en mesure de recommander une liste des candidats à laquelle se ralliaient tous les membres du conseil.
Claude suggère le nom d’Alban Coutu comme nouveau président et le conseil l’accepte à l’unanimité. Il reste à choisir le premier vice-président, les quatre vice-présidents et les treize conseillers. Claude se rend vite compte que la presque totalité des membres veulent être réélus à leur poste. Il sait aussi que beaucoup de présidents et de membres de comités veulent faire partie du nouveau conseil. Il est fier de constater cet engouement pour servir la Jeune Chambre. C’est un signe que l’année qui se termine en a motivé plus d’un et Claude est heureux de cette situation. Par contre, il réalise qu’il sera impossible de choisir, avec le conseil sortant-de-charge, une équipe capable d’obtenir l’unanimité.
Claude est satisfait du travail de tous ceux qui ont œuvré avec lui durant son mandat. Cependant, il sait qu’il y va de l’intérêt de la Chambre que du sang neuf soit ajouté au prochain conseil. Coutu lui demande de commenter les mérites de chacun des membres du conseil sortant. Claude a le cœur brisé devant cette tâche car il sait que tous ont travaillé fort et méritent de continuer à servir au niveau du conseil. Il donne ses commentaires. Coutu choisit 9 membres du conseil sortant-de-charge et 9 nouveaux membres issus des comités.
Coutu suggère à Claude de nommer, pour fins de l’élection, la nouvelle équipe du nom de «l’équipe Dupras-Coutu». Claude accepte pensant que ceux qui ne sont pas sur la liste se rallieront pour respecter la coutume. Elle comprend: à la vice-présidence: Me André Laurence, Gérard Brabant, Yves Lavigne, Jean-Paul Lucchési et Georges Tassé. Aux postes de conseillers: Claude Beauchamp, Jean-Pierre Blanchette, Jean-Luc Champoux, Jean-Noël Duquette, Jacques Guilbault (il deviendra député libéral fédéral), Alfred Laplante, Me Jean-Jacques L’Heureux, Charles Normandin, Jean-Guy Gauthier, Gabriel Paiement, Robert Potvin, Ronald Poupart et Raymond Primeau.
Le 2 juin, surprise ! Certains conseillers sortant-de-charge et non choisis ont décidé de former une autre équipe et ont remis les documents de mise en nomination. Il y aura élection le 15 juin prochain.
Les rebelles acceptent Coutu comme président mais contestent les autres postes avec ce qu’ils appellent le «comité neutre pour le bien de la Jeune Chambre». Ils proposent un drôle de choix: à la vice-présidence Paul Yvon Hamel et Me Jacques Mongeau avec Laurence et Lucchési (tous deux membres de l’équipe Coutu) plus un autre candidat selon le bon jugement des membres; au niveau du conseil, ils soumettent la candidature de Lorraine Paiement (une jeune femme très dévouée qui a réussi de belles choses et qui réclame que 34% des membres féminins soient représentées au conseil) et de Maurice Paiement avec Beauchamp, L’Heureux, Paiement, Poupart, Guilbeault, Normandin et Primeau de l’équipe Coutu, plus 4 autres candidats au choix de l’électeur.
Claude est déçu de cette situation et décide de ne pas faire campagne contre ceux qui ont si bien collaboré avec lui durant son mandat.
Coutu ouvre son comité sur l’avenue des Pins. La cabale bat son train.
Le 15 juin, plus de 400 membres se présentent pour voter au Cercle Universitaire. En fin de journée tous les candidats attendent ensemble le résultat des élections lorsque Laurent Gendron annonce la liste des élus. Tous les candidats de l’équipe d’Alban Coutu sont élus et obtiennent des majorités allant jusqu’à 210 votes. L’Heureux obtient le plus haut score avec 353 votes. Lorraine Paiement avec ses 155 votes est la plus forte de son équipe. Malheureusement, les circonstances n’ont pas favorisé son élection.
Coutu est heureux des résultats car il a une très bonne équipe. Claude se rend vite compte qu’un froid s’est créé entre lui et les conseillers dissidents. Il devra vivre longtemps avec cette situation car ces jeunes hommes ont toujours répondu avec dévouement à son appel et sont très froissés d’avoir été mis de côté. En rétrospective, quelques années plus tard, Claude conclura qu’il a manqué de jugement ce jour-là et n’aurait pas dû se mêler du choix du nouveau conseil. Mais il s’était fié au passé sans réaliser jusqu’à quel point le succès de son année avait créé de grands espoirs chez plusieurs.
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