L’éducation religieuse


Évidemment, la religion catholique est très importante au Mont-Jésus-Marie. Elle est omniprésente dans l’établissement et dans l’éducation de Jean-Claude. Les portraits du pape Pie XII, de l’archevêque de Montréal, Monseigneur Charbonneau, du Sacré-cœur et de la Vierge Marie aussi avec un gros coeur saignant, tapissent les murs et la moindre surface libre. Il doit assister à toutes les activités religieuses : la messe du matin, la grand-messe du dimanche (s’il est là), les vêpres, les fêtes religieuses obligatoires qui sont célébrées avec faste, la Fête-Dieu, spectaculaire avec sa longue procession et le maître-autel installé à Jean-Claude, deuxième à gauche en arrière, et sa classe de deuxième année au Mont-Jésus-Mariel’extérieur de la porte d’entrée de la maison mère.

Il apprend le petit catéchisme par cœur et toutes les prières. Le mois de Marie dure tout le mois, la fête de Saint-Joseph est importante. On souligne le mois des morts, le mercredi des cendres et le carême. La semaine sainte est triste, Pâques une grande fête. On récite les prières avant et après les repas, au début des cours, au coucher et au lever et les visites de la Mère générale, d’évêques, de prêtres ou de missionnaires se terminent toujours à la chapelle. Il baigne dans un climat religieux.

Jean-Claude est aussi membre des Croisés et porte son costume avec fierté lors des grandes cérémonies religieuses où leur présence est requise, soit lors des déplacements du Très-Saint-Sacrement à la maison mère ou à l’extérieur pour la Fête-Dieu. Il est habillé tout de blanc avec une cape blanche et un béret blanc. De grandes croix rouges à bouts étoilés sont cousues sur sa cape et son béret. Il est croisé jusqu’au jour où il découvre, alors qu’il est au pied d’un maître-autel dressé à l’extérieur et que la pluie tombe, qu’en touchant avec son majeur le rouge des croix mouillés et en touchant ensuite la partie blanche de la cape, il se trouve à former un beau cerne rouge. Après une vingtaine de cernes, une sœur s’aperçoit de son manège et l’invite à la suivre. À l’intérieur, elle le gronde et lui demande d’enlever son costume. Sa carrière de croisé vient de prendre fin.

Pierre-Paul qui, à cause de son jeune âge ne participe pas à toutes ces cérémonies, a beaucoup de difficulté à les supporter. Il s’y ennuie à mourir et elles lui déplaisent de plus en plus. Jean-Claude perd parfois connaissance, car le déjeuner n’est servi qu’après la messe ou l’interminable grand’messe puisque pour communier il doit être à jeun.

On lui apprend que le démon est partout et le guette. Pour l’éloigner, le mot magique est « Jésus ». Et pour ne pas prendre de chance, il doit prendre son bain avec un maillot, se déshabiller toujours derrière un rideau et surtout pas devant une sœur. Il doit garder le silence à la chapelle, ne pas manger de viande le vendredi et jeûner. S’il perd quelque chose, c’est St-Antoine-de-Padoue qu’il faut invoquer. Et il y a les sacrifices… Heureusement, il est récompensé pour le tout en indulgences qui, aux dires des soeurs, s’accumulent et assureront le salut de son âme à sa mort.

Voilà ce qui est pour elles son éducation religieuse !