Aux funérailles de Wilfrid, Charles-Émile apprend que sa sœur Germaine, la plus jeune, est malade. Cela le surprend d’autant plus qu’elle l’apostrophe en revenant du cimetière et lui fait des reproches qu’il considère futiles. Ils ont un conflit de personnalités depuis très longtemps. La dernière confrontation majeure date des dernières fêtes de Noël 1939. Charles-Émile venait de faire l’achat d’une nouvelle auto et avait offert à Germaine d’aller la chercher avec son fils Jean-Jacques pour monter avec sa famille à Saint-Jérôme. Son mari, Joseph-Louis Lebeau, un franco-américain, ne les accompagna pas. Après le dernier souper, mémère Dupras invita la famille de Charles-Émile et de Germaine à rester à coucher. Ils acceptèrent. Comme à la coutume, après le départ des derniers invités à la fin de la veillée, ils lavaient la vaisselle dans la grande cuisine de mémère Dupras lorsque Charles-Émile lança, pour faire une farce rien d’autre, un linge de vaisselle mouillé en direction de Germaine. Malheureusement elle le reçut au visage. Choquée, elle le relança en direction de Jean-Claude qui était assis et ne bougeait pas. Elle dit à Charles-Émile: « je sais que tu ne veux pas que je reste à coucher, on s’en va ». Jean-Jacques s’écria « maman, c’est pour rire, maman c’est pour rire ». Elle refusa de l’écouter. Charles-Émile avait beau dire que c’était une « farce plate » rien n’y fit. Germaine habilla son fils alors que mémère Dupras la suppliait de ne pas partir en ajoutant que de toute façon elle manquerait le dernier train car il était tard. Elle amena Jean-Jacques à la hâte, en courant même, jusqu’à la gare de Saint-Jérôme. Il était approximativement minuit moins quart et le train rentrait en gare à 23h55.
Mémère Dupras ne put être plus triste. Charles-Émile, de son côté, n’avait pas voulu être méchant avec sa sœur et il s’excuse auprès d’elle. Mais elle ne veut rien entendre. Il regrette amèrement avoir lancé la serviette. En octobre 1940, on lui confirme la gravité de la maladie de Germaine et apprend que le médecin ne lui donne qu’un mois à vivre, il est envahi de remords. Il veut voir Germaine qui vit maintenant chez mémère Dupras à Saint-Jérôme. Elle refuse. Elle meurt d’un cancer fin novembre, à 36 ans. Pour mémère Dupras, c’est un deuxième deuil en deux mois et elle est déchirée par la douleur. Germaine est exposée dans le boudoir, tout comme le fut Wilfrid, qui redevient salon funéraire. L’entrepreneur de pompes funèbres arrive le matin et installe les mêmes accessoires que pour son père et la maison devient une chapelle ardente. Ses funérailles sont chantées en l’église de Saint-Jérôme, le 30 novembre 1940. Mémère Dupras insiste pour que Jean-Jacques récite quelques fois le chapelet agenouillé sur le prie Dieu devant le cercueil et n’aime pas qu’il prenne pour ce faire le chapelet déposer entre les mains de sa mère défunte. Elle est ensuite transportée au terrain de la famille au cimetière de Saint-Jérôme et ensevelie près de la tombe de Wilfrid où la terre est encore toute fraîche. Mémère Dupras, debout près de la fosse, habillée de sa robe noire à petites fleurs blanches et de son manteau en mouton noir, a la tête recouverte d’un voile noir. Toute recourbée sur elle-même, petite et amaigrie, elle fait pitié à voir alors qu’elle regarde le cercueil de sa fille descendre au fond de la fosse. Seule la prière la console. Tout comme pour Wilfrid, aucune pierre tombale, aucune inscription ne marque la courte vie de Germaine. Jean-Claude, la cause involontaire de la chicane de Noël, se tient près de Charles-Émile au cimetière. Il constate que son père est aussi triste que mémère Dupras.
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