Québec


Chapitre VI

Le Québec

Le 17 juillet 1948 Armand était libéré de ses obligations militaires ! Il reconnaît qu’il en avait assez de la guerre, et qu’il avait été dégoûté de devoir vivre des situations qui n’étaient pas compatibles avec sa foi. De plus, il n’arrivait plus à relier la réputation de la France (fille aînée de l’Église, etc.) avec ses agissements.

À son retour à Orègue « Oragarre », il avait appris que deux autres jeunes du village travaillaient au Chili pour un patron bayonnais. Comme ce patron venait tous les ans à Bayonne, Armand voulu le rencontrer pour essayer de travailler au Chili. Malheureusement, le patron décéda avant l’entretien et Armand dû abandonner l’idée du Chili.

Après avoir été soldat pendant plus de 6 ans, dont une grande partie en temps de guerre, Armand avait tissé des liens avec les marraines de Guerre avec lesquelles il correspondait, dont  «Madeleine» qui vivait à Montréal, au Québec.

Après l’échec de ses démarches pour trouver du travail en Amérique du Sud, Armand décida d’accepter l’invitation de Madeleine de venir au Québec. Ell

e lui avait écrit qu’elle connaissait un capitaine français, médecin, qui, après avoir combattu durant la 1re Guerre Mondiale, s’y était installé avec succès.  Ce médecin, le Dr Bouilly, l’a beaucoup aidé à s’adapter à son nouveau pays et ils devinrent de très bons amis.

Il arriva donc au Québec le 2 juillet 1949. Madeleine lui avait procuré du travail chez un maraîcher. Incroyable, mais vrai, Armand y avait déniché une résidence de luxe : le hangar, sous un toit de  tôle. La douche : le boyau d’arrosage et l’eau froide, derrière la grange.

En plus de sa corvée au champ, il devait, au besoin, si les parents s’absentaient, s’occuper de leurs jeunes enfants : alors seulement, il lui était permis de pénétrer dans la maison.

L’automne venu, le travail se faisait rare dans les fermes et le patron mit fin à son contrat. Il lui fallait donc agir vite et se trouver autre chose.

Il travailla quelque temps chez Laura Secord. À tous les jours, il traversait Montréal à pied pour se rendre au Bureau d’Emploi au centre-ville. Une dizaine de jours de ce va-et-vient, et parce qu’il parlait anglais, il fut engagé comme gardien détective du Radar à Senneterre de 1951-1953.

Au retour, il vint demeurer à Longueuil après avoir avisé le Consulat français de son déplacement. Cette même année, un ami lui trouva un emploi chez Pratt & Whitney Canada, fabricant de moteurs d’avions.

Armand est parti de chez lui à 15 ans, avait été soldat pendant plus de 6 ans, il n’avait par conséquent aucune expérience, mais avec beaucoup de bonne volonté, de ténacité et de travail, il réussit. Il y travailla durant  plus de 25 ans et lorsqu’il prit sa retraite en 1987, il était superviseur des contrôleurs de la qualité.

En 1983, alors que nous allions en France, la compagnie  l’envoya en mission chez Ratier-Figeac à Figeac, pour 2 jours et une partie de ses dépenses furent par le fait même payée.

Son frère Victor et ma belle-sœur Marie-Claire en profitèrent pour faire le voyage et nous l’accompagnèrent.

Dépenses : transport Paris-Figeac retour 275 $; hôtel 150 $ ; restaurant 75 $. Vol Montréal-Paris-retour 599 $ à ses frais.

Pratt & Whitney Canada : 500 $.