La famille rentre au Canada
Au Garden, nous étions payés à la semaine, 52 semaines par année. Nos douze mois· de travail comptant exactement 28 jours chacun (total: 336 jours), il restait quatre semaines pour les vacances. Ce «treizième» mois de l’année, Aline et moi le passions au Canada. A l’occasion de l’un de ces séjours, nous avons adopté un petit garçon de six semaines. Pierre-Paul, qui a aujourd’hui 35 ans, est un mordu d’informatique, pas d’art lyrique. Cinq ans plus tard, nous avons ramené chez nous un deuxième poupon, notre petite Élisabeth.
En 1967, après seize ans de vie à l’étranger, le temps était venu de rapatrier la famille. Aline avait le mal du pays. Elle était lasse de l’Europe. Nous décidons alors de vendre la maison de Wembley et de nous reloger à Pierrefonds. J’y achète un bungalow sur l’emplacement d’une ancienne érablière: 30 000 pieds carrés de terrain boisé où les enfants pourront s’ébattre. C’est là que la mère a élevé tranquillement les enfants pendant que le père ne cessait de boucler et déboucler ses valises sur trois continents.
Voilà bien mon seul regret. Pendant que Pierre-Paul et Élisabeth grandissaient, je n’y étais pas. Encore aujourd’hui, j’ai un pincement au cœur en y songeant. Je quittais parfois ma famille pour des mois entiers. Aurais-je trouvé ces absences moins déchirantes si les enfants avaient été plus vieux? Je ne sais pas, mais elles ont été les seules véritables ombres au tableau de ma vie. J’ajouterai que si Pierre- Paul et Élisabeth ont aujourd’hui tant de respect et d’affection pour leur père, c’est à Aline que je le dois.
Chapitre 4: De l’Acadie à Notre-Dame-de-Grâce