Raison d’être d’une compagnie permanente
Je suis, beaucoup de lecteurs le savent, un optimiste invétéré. D’où la question que je ne cesse de me poser: qu’arriverait-il si, demain, un premier ministre du Québec choisissait de renverser la vapeur? Imaginons qu’à l’invitation des Québécois, il décide d’assurer l’avenir des jeunes qui ont le talent et la volonté passionnée de réussir dans le métier de chanteur. Il suffit souvent de la détermination d’un seul individu pour changer le cours des choses. L’histoire est pleine d’exemples d’hommes et de femmes qui ont changé le destin de tout un pays. Pourquoi pas chez nous? Sommes-nous si résignés que cette possibilité ne nous effleure même pas l’esprit? Moi, je ne le suis pas.
Collectivement, nous pouvons choisir, aujourd’hui, de doter le Québec d’une compagnie d’opéra permanente, qui ne monte pas seulement sept productions par année avec des solistes pour la plupart étrangers, mais qui organise des spectacles dix mois durant avec les meilleurs éléments de chez nous formés par les professionnels qui les ont précédés dans le métier. Une compagnie grâce à laquelle notre province pourrait reconquérir les lettres de noblesse qu’elle a perdues. J’estime à une dizaine d’années le temps qu’il faudrait consacrer à cette tâche. Quel dommage quand même qu’on n’ait pas profité de la création de l’Opéra de Montréal en 1980 pour amorcer la reprise et voir grand; une nouvelle génération de bons chanteurs québécois serait sur les planches· aujourd’hui.
Affirmons d’abord haut et clair la mission d’une troupe d’opéra permanente: dénicher, former et employer les meilleurs des nôtres dans tous les métiers rattachés à l’opéra.
La création d’une troupe permanente n’est pas un projet compliqué à réaliser. Il dérangerait un peu le statu quo, certes, mais les pouvoirs publics, autant que la population en général, y verraient bientôt d’énormes avantages. Nous avons amorcé le grand virage de la santé, il n’y a aucune raison pour qu’un relativement modeste virage artistique nous effraie. Dans les pages qui suivent, je propose un schéma de réflexion et d’action qui pourrait servir de point de départ à cette entreprise.
D’abord, il faudrait mandater un comité indépendant, libre de toute attache avec nos institutions d’enseignement et nos maisons d’opéra, pour étudier la question sous tous les angles pertinents, notamment celui de la structure et du fonctionnement de la troupe, celui de son financement, et celui de l’enseignement du chant dans la province (incluant les critères d’obtention des prêts et bourses en études vocales).
On s’en doutera, j’ai procédé maintes fois à cet exercice. Voici les conclusions générales auxquelles il m’a mené.
Pas de commentaire