Si tu voulais flâner avec moi rue des Saules
En nous tenant la main aux caprices du vent,
Nous saurions retrouver, épaule contre épaule,
Le chemin des pavés de la rue Saint-Vincent.
Nous saurions déchiffrer sous la mousse et le lierre
Les souvenirs gravés des amants de Carco,
Et je t’embrasserais à l’ombre de Saint-Pierre
En inventant pour toi des prénoms rococo.
Montmartre, ne fais pas de frais pour la toilette,
Nous viendrons sans chichis, nous viendrons sans façons,
Juste un peu de soleil au « Moulin d’La Galette »,
Des fleurs et du vin blanc, mais vraiment un soupçon !
Si tu voulais poser sur la place du Tertre
Et confier au crayon d’un rapin de vingt ans
Le reflet que le ciel, complice, aurait fait naître
Dans tes cheveux offerts, je serais consentant.
Pour entendre ton rire en découvrant l’image
De ton regard posé sur la nappe en papier
Où j’aurais, moi aussi, voulu te rendre hommage
En y laissant inscrits deux vers de douze pieds.
Si tu voulais chanter avec moi les rengaines
Qui traînent dans l’espoir d’un air d’accordéon,
Toi tu serais Margot, moi je serais Verlaine,
Le square et ses moineaux seraient notre odéon.
En suivant un refrain près de la Basilique
Je nous vois prendre enfin la rue du Mont-Cenis
Sous le charme d’un orgue un peu mélancolique
Et du ciel qui se brouille au loin vers Saint-Denis.
Tu as voulu flâner avec moi rue des Saules,
Mais nous cherchions en vain ses parfums dans le vent.
En me prenant la main, tu m’as confié : « c’est drôle,
Le charme ne joue plus, ce n’est plus comme avant ».
C’est alors qu’en rentrant par la rue des Abbesses
Nous avons rencontré, cartable sur le dos,
Une volée d’enfants riant de leurs prouesses :
Nous t’avions retrouvé, Paris, dans tes « poulbots » !
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