Antoinette est déprimée et triste de son sort. Elle a mené deux grossesses à terme et ses bébés sont morts. Elle regrette beaucoup d’avoir cru les médecins qui l’on fait accoucher à l’hôpital prétextant que c’était préférable pour le bébé et la mère en cas de complications. Elle voulait que cela se passe à la maison dans son lit, comme pour Jean-Claude et Pierre-Paul. Elle est convaincue que si elle avait agi de la sorte, bébé Adhémar et Alain seraient aujourd’hui bien vivants et en bonne santé. Elle s’est physiquement remise de son accouchement et prend de longues marches tous les jours sur la promenade le long du fleuve, seule ou avec ses fils qui l’accompagnent en bicyclette.
Elle a de la difficulté à vivre seule dans la maison le jour, car elle broie du noir et a hâte de voir les enfants revenir de l’école. Mais comme ils ont beaucoup de copains, ils rentrent, déposent leur sac d’école, avalent un goûter en vitesse et quittent aussitôt pour ne revenir qu’à l’heure du souper. Par contre, ils réussissent bien à l’école et elle en est très contente. Leurs bulletins mensuels à tous les deux sont bons et elle est surtout fière de Pierre-Paul pour qui elle porte une attention particulière en l’aidant avec ses devoirs et ses leçons. Il montre beaucoup de progrès. Jean-Claude aime beaucoup sa mère, mais Pierre-Paul y est encore plus attaché car il ressent que son père ne lui porte pas toute l’attention dont il aurait besoin, alors que sa mère est toujours là pour lui.
Antoinette retourne au salon où toutes ses clientes viennent lui offrir leurs sympathies. Elle décide finalement que c’est encore là qu’elle est le mieux car elle peut y oublier ses chagrins plus facilement. De toute façon, la famille a besoin de plus de revenus car elle et Charles-Émile ont conçu le projet de se faire construire une maison. Le mois de mars arrive et elle se déclare prête à reprendre son travail. Malheureusement, Réjeanne est appelée à travailler pour les « munitions », c’est-à-dire pour une usine qui fabrique des munitions de guerre. Elle doit quitter la famille. Antoinette, ayant compris que c’était une erreur de placer Pierre-Paul au pensionnat dès sa 1ière année, le croit maintenant en mesure de s’adapter à la vie de collège.
Charles-Émile, sachant dans quelles dispositions elle se trouve, accepte ses suggestions et trouve le Collège Notre-Dame à Montréal, prêt à accepter deux nouveaux pensionnaires en milieu d’année scolaire. Il les y inscrit. Le soir même, il annonce la nouvelle à deux petits gars très surpris. Il explique les raisons de la décision et vante le nouvel établissement où ils entreront immédiatement comme pensionnaires. Le mot pensionnaire ébranle Pierre-Paul qui exprime ses craintes et refuse d’y aller. Pour ce qui est de Jean-Claude, il regrette beaucoup de devoir quitter son maître, sa bande de copains de l’école et surtout la chorale dans laquelle il s’est bien intégré et où il peut désormais chanter quelques fois en solo.
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