Un gouvernement fait des lois et pour s’assurer qu’elles seront respectées, il prévoit des pénalités à ceux qui les transgressent.
Quand un gouvernement est légitime et que ses lois ont pour objet la protection des intérêts du peuple, tous acceptent que les délinquants soient poursuivis en justice. S’ils sont déclarés coupables, ils seront passibles de la peine prévue au code pénal ou criminel. Selon la gravité de l’infraction, la sanction pourra être légère : une réprimande ou une amende, ou elle pourra être très lourde : la peine capitale qui est encore en vigueur dans plusieurs pays et dans plusieurs États.
Lorsque le gouvernement n’est pas légitime ou que ses lois sont iniques, discriminatoires ou abusives, ceux qui les transgressent reçoivent parfois l’appui d’une partie de la population. Dans un tel cas, le gouvernement prend des mesures répressives qui peuvent dégénérer en affrontement entre les partisans de la révolte et les forces policières ou militaires.
L’Histoire ne manque pas d’exemples de ces soulèvements armés à la suite desquels, le peuple s’est libéré du joug de ses tyrans ou a été écrasé par la force de la répression du gouvernement en place.
Gandhi ne niait pas aux opprimés le droit de recourir à la violence pour se libérer. Mais, la violence engendrant le plus souvent d’autres abus, il jugeait que ce recours était le plus souvent inefficace.
Au cours de l’un de ses séjours dans les prisons britanniques Gandhi a découvert le livre de Henry David Thoreau « La désobéissance civile » dont il savait par cœur tous les passages clés. Chaque fois qu’il allait en prison, il en profitait pour approfondir sa compréhension de ce texte qui l’inspirait.
La désobéissance civile, que le Mahatma Gandhi préférait appeler « résistance passive » s’est révélée être une arme d’une puissance terrible qui, contre toute attente a fait basculer le tout puissant Gouvernement anglais de l’Inde.
Sous un gouvernement légitime, une condamnation à la prison déshonore à tout jamais celui qui la subit et la menace de la peine capitale, parvient habituellement à empêcher les infractions graves qui pourraient porter atteinte à la sécurité de l’état.
Une loi comme celle qui forçait les Indiens à ramper devant la maison d’un haut fonctionnaire anglais et qui les obligeait à descendre de calèche et à se prosterner sur le sol devant les militaires qu’ils croisaient dans la rue, était tellement abusive que le peuple perdait tout respect pour le gouvernement qui la promulguait.
La loi qui abolissait les mariages religieux pour ne reconnaître, comme légaux, que ceux enregistrés par un fonctionnaire anglais, était tellement offensante que même les gens les plus respectueux de l’ordre établi, n’ont pas pu s’y soumettre. Des millions de personnes légitimement mariées devenaient subitement des concubins et perdaient tous leurs droits. C’était une loi tellement infâme que les Anglais ont dû la retirer.
L’impôt sur le sel, les massacres d’innocents, la politique de diviser pour régner en attisant la haine entre les Hindous et les Musulmans ont fait perdre toute crédibilité à ce gouvernement colonial.
À l’appel de Gandhi, c’est par centaines de millions que les Indiens se sont levés et ont dit « Assez ».
Lorsqu’ils étaient arrêtés, au lieu d’avoir honte, les disciples du Mahatma exigeaient du juge qu’ils leur impose la peine maximale prévue pour l’infraction qu’ils avaient commise.
Si, parce qu’ils étaient trop nombreux, la police ne pouvait pas tous les inculper, ils manifestaient sur la place publique pour être emprisonnés. La prison était devenue comme un visa pour l’Inde Nouvelle; un passe port vers la liberté.
Si, comme se fut le cas à l’usine de sel, on plaçait des soldats armés pour leur interdire l’accès à un lieu où ils avaient décidé de manifester, ils se présentaient dix à la fois devant leurs bourreaux pour se faire fendre le crâne à coup de lathis, sans faire le moindre geste pour se protéger.
Devant tant de détermination, le soldat le plus abruti ne parvient pas à faire son métier de soldat et il abandonne.
Quand le peuple n’a plus peur, il impose le respect.
Dès qu’il ne courbe plus l’échine devant le maître colonisateur, il se libère à tout jamais du joug qui l’écrase.
Un jour, appuyé par tous ces millions de gens qui attendaient la naissance de l’Inde nouvelle, Gandhi a dit simplement aux anglais :
« QUIT INDIA »
Les Anglais ont foutu le bordel avant de partir mais ils ont enfin quitté l’Inde.
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