De King à Saint-Laurent


En 1948, Staline ordonne le blocus économique de Berlin. Les alliés ripostent en instituant un pont aérien dans le corridor de Berlin, d’une largeur de 20 miles. Voyant qu’il n’a pas atteint les fins recherchées, Staline renonce à son blocus, 320 jours après sa mise en œuvre.

La Loi sur la citoyenneté canadienne précisant qu’elle est distincte de la citoyenneté britannique prend effet. Par ailleurs Fred Rose, le député communiste de Montréal-Cartier, est expulsé de la Chambre des Communes à la suite de sa condamnation pour espionnage en faveur de l’Union Soviétique.

Au Canada, Mackenzie King sait que le temps est venu de démissionner, après 21 ans et 6 mois à la tête du pays. C’est un moment qu’il a prévu depuis le jour où il a invité le renommé avocat de Québec Louis Stephen Saint-Laurent alors âgé de 60 ans, à briguer les suffrages en 1942 pour remplacer Ernest Lapointe, son lieutenant du Québec, tout juste décédé. Saint-Laurent a peu d’expérience politique, sauf celle acquise au cours de la période, en tout début de carrière, où il a aidé le candidat de Sir Wilfrid Laurier. Il a toujours été libéral. Il a accepté l’offre de King par patriotisme, avec l’intention de démissionner dès la fin de la guerre. Élu, il est invité à siéger au gouvernement.

Avec sa logique rationnelle, sa connaissance profonde des lois et son dédain pour les intrigues politiques, Saint-Laurent s’attire le respect de King et même de l’opposition. Il aide le premier ministre à bien traverser la crise sur la conscription, collabore à l’établissement des Nations-Unies, s’assure que le Canada joue un rôle indépendant de la Grande-Bretagne et du Commonwealth et place le Canada dans un rôle d’intermédiaire dans les affaires internationales. En 1948, il planifie prendre sa retraite, prévue depuis longtemps, lorsque King lui annonce qu’il veut démissionner et le persuade d’être candidat à la chefferie du parti libéral, lors du congrès du mois d’août, pour le remplacer.

Élu, Louis Stephen Saint-Laurent devient Premier Ministre du Canada, le 15 novembre 1948. Il est le deuxième Canadien français dans l’histoire du pays à remplir ce poste.