30 octobre 2014


Cette conversation porte sur le renversement du FIS en 1991 et la fusillade d’Ottawa en octobre 2014

le 30 octobre 2014

Mansour: Cher ami. Je t’avoue que je n’ai pas voulu reprendre nos conversations de cette manière après tout ce qui s’est passe au Canada hier. Nous continuerons à analyser notre passé et tous les malheurs que nous voyons à la télévision tous les jours à travers le monde.

Claude: Oui, la fusillade d’Ottawa en a surpris plusieurs surtout qu’elle avait été précédée du meurtre d’un soldat à St-Jean-sur-le-Richelieu, près de Montréal, dans les jours précédents. Le grand débat aujourd’hui au Canada est de décider si ces incidents étaient des attaques terroristes organisées ou le fruit de déséquilibrés mentaux qui ont trouvé une porte de sortie, un refuge dans la religion de l’Islam. Il semble qu’il n’y ait pas de connexion entre les deux incidents.

Mansour: Tu connais mes idées concernant le problème de l’extrémisme islamiste a travers le monde depuis déjà les années 1989, quand l’Algérie avait à subir la révolte des islamistes algériens. C’est dommage que tout le monde occidental avait alors préféré les islamistes au nom de la démocratie en Algérie. Aujourd’hui, le fusil apparemment a changé d’épaule. Tout rapidement les islamistes qui étaient les défenseurs des valeurs occidentales dans le passe seront devenus les ennemis à abattre par ce monde démocratique que nous supportons intellectuellement.

Claude: Je sais que tu as sur le cœur que l’occident n’ait pas appuyé les dirigeants FLN de l’Algérie à ce moment-là car il y avait eu une élection et le FIS avait gagné. Après toutes les années de la dictature du FLN, plusieurs voyaient là un changement profond. Malheureusement il n’en fut rien.

Mansour: Je m’excuse si je te dis que je ne crois plus à la morale de tout ce monde occidental et les usa en particulier. Comment oublier le comportant des usa, la France et même le Canada en face de la guerre civile lancée par le FIS en Algérie en 1989-92. Alors que l’Algérie souffrait de milliers de morts tous les mois, ce beau monde occidental a ouvert ses bras aux terroristes islamistes qui se cachaient a Paris, Washington et malheureusement au même au Canada. Je me souviens de ces moments terriblement ou les représentants du FIS étaient reçus les bras ouverts part le State d’État aux usa ou même le président de la France d’alors. Des milliers d’extrémistes islamistes algériens avaient été encouragés à émigrer aux usa et la France en particulier alors que les Algériens qui étaient condamnés à mort par le FIS étaient revenus sans visa, incapables de fuir la violence qu’ils vivaient tous les jours.

Claude: Oui le FLN n’a pas reconnu le résultat évident de l’élection et a arrêté les dirigeants du FIS et les a tous mis en prison. La guerre civile a commencé et plus de 200000 algériens, pour la plupart des innocents, ont été tués par les islamistes partout dans ton pays. Ce fut un drame épouvantable qui a été motivé par la reprise du pouvoir après une élection démocratique. Oui il y avait des représentants du FIS à Washington. Ce qui montre bien que le jeu de la diplomatie est bizarre et souventes fois inexplicable.

Mansour: Je t’en parle de tout cela aujourd’hui c’est que moi j’ai vécu dans ma chair ce drame. J’ai des cauchemars toutes les nuits à cause de tous les amis que j’ai perdus à cause de cette folie humaine. Voilà l’histoire de mon ami important Professeur Stambouli qui enseignait l’arabe aussi bien à l’université d’Alger a la Sorbonne a Paris. Il avait étécondamné à mort par FIS. Il avait demandé un visa pour la France pour participer à une conférence sur l’islam à paris. Son visa a été refusé par les autorités françaises. La veille même de son meurtre à Tizi Ouzou, il était avec moi à Alger à une réunion nationale concernant les étudiants algériens à l’extérieur. Il m’avait parlé de sa condamnation à mort par le FIS, mais il voulait retourner à Tizi Ouzou. Je l’avais supplié de rester à Alger, tout faire pour avoir son visa et quitter Alger. Le jour après j’étais de retour à Paris et j’ai appris alors que j’étais dans un taxi que mon ami avait été assassiné devant même sa maison a Tizi.

Claude: Quelle horreur que tu as vécue ! Toi qui aime tant ce pays et à qui tu as donné de bons services, tu voyais détruire, à ce moment-là, une bonne partie de ta vie. La question que je t’ai déjà posée alors et pour laquelle tu ne me réponds pas vraiment: «Si le FIS n’avait pas été renversé, est-ce que tous ces meurtres auraient eu lieu ?».

Mansour: Avec tout cela je me demande, aujourd’hui, si la stratégie occidentale contre les soit disant islamistes va nous donner quelque chose de positif dans les années à venir.

Claude: Je le crois. Mais il y a des conditions. Le printemps arabe doit être respecté. La Tunisie vient de donner un bon exemple à ses voisins. Pourquoi n’est-il pas possible en Algérie de faire de même. Il est vrai que l’économie va bien dans ton pays, que beaucoup de monde a de l’argent à cause des revenus du pétrole, mais la démocratie, les libertés de paroles et d’actions sont absentes et c’est cela qu’il faut corriger une fois pour toutes. Malheureusement, le président Bouteflika n’a pas la santé pour entreprendre une telle révolution. Que faire…? Du temps précieux est perdu au moment où une nouvelle révolution démocratique pourrait être engagée dans le pays.

Mansour: Quand est-ce que ce monde occidental comprendre que le vrai problème que nous avons dans le monde arabe c’est la culture politique que nous avons supporté depuis des décennies sinon des siècles dans le passé.

Claude: Oui c’est çà ! Le printemps arabe criait cela. Mais ce n’est pas au monde occidental de comprendre mais à celui des pays arabes.

Mansour: Pourquoi ne pas nous concentrer une fois de plus sur les fondamentales morales d’un Jules Ferry par exemple et condamnes tous les Cheikhs du monde et leurs comportements politiques a ce jour.

Claude: Oui, un très grand nombre de ces personnes doivent être condamnées mais que les Algériens le fassent et prennent les choses en mains. Si Jules Ferry peut guider leurs actions, pourquoi pas. Les Algériens ont connu l’enseignement des professeurs français et plusieurs comme toi en connaissent l’importance, Pourquoi ne pas encourager à transmettre les fondamentaux au lieu d’attendre que les autres le fassent ?

A très bientôt

Merci de ce premier nouvel échange. Continuons…

Claude