Ce dialogue s’intéresse aux candidats qui s’annoncent pour la convention du parti démocrate en vue du choix du candidat présidentiel et tout particulièrement au docteur Howard Dean, un nouveau venu.
Le 6 septembre 2003
Mansour: J’aimerais que l’on parle sur tous les messages que tu m’as fait parvenir en rapport avec Howard Dean, le prétendant candidat au congrès du partidémocrate pour le choix du candidat du parti aux prochaines élections présidentielles aux USA. Je vais essayé de te donner mon appréciation en tant que nouveau citoyen américain de son évolution à ce jour et de son avenir politique possible. Il ne fait pas de doute que de tous les candidats démocrates qui s’annoncent aux prochaines élections présidentielles, Howard Dean semble le plus sincère dans ses convictions profondes et surtout de ce qu’il compte faire si jamais il est élu président de ce pays. Et pour le moment cette franchise est son plus grand atout durant ce début de campagne électorale. Mais avant d’avoir la candidature démocrate à la présidence, il doit malheureusement franchir beaucoup d’obstacles politiques d’ici le mois de mars 2004. Pour évaluer sérieusement les dangers qui attendent ce candidat, il faut tout d’abord bien sérieusement analyser le rôle et les objectifs des «mass medias» américains. Il ne fait pas de doute que Howard Dean a mérité sa propulsion à la tête du peloton des candidats démocrates. Mais il ne faut pas non plus oublier que cette ascension n’a été possible que grâce aux «mass medias» américains qui ont fait de lui la coqueluche des informations politiques depuis plus de 3 mois. Cette tactique a permis de focaliser l’intérêt du public américain sur le problème que cause l’Irak.
Claude: Oui, mais les «mass médias» ne se sont pas réunis dans un salon un jour pour décider d’appuyer le Dr Dean. Non, c’est suite à la campagne du Dr Dean, à son dynamisme, à ses prises de positions, etc,,, et au fait que les sondages montrent qu’il mène dans le New Hampshire et l’Iowa qu’il mérite d’être bien scruté. Il est vrai que lorsque qu’un candidat atteint ce niveau, les «mass médias» sautent dessus car il est le sujet d’un élément de «nouvelles» important.
Mansour: Si par exemple John Kerry du Massachusetts avait tant soit peu dénoncé la politique de Bush en Irak dans les mois passés, nous n’aurions pas eu l’occasion de parler d’Howard Dean, aujourd’hui, comme le «front runner» des candidats démocrates.
Claude: Mais Kerry ne l’a pas fait. En plus il n’a pas d’image. Il ne gagnera jamais car il est le candidat le plus «dull» qui existe. N’oublie pas ce que je te répète souvent. La politique est un commerce d’images et d’illusions… Who’s the best now in line…?
Mansour: Mais maintenant que les «mass medias» américains ont finalement établi les paramètres des prochainescampagnes électorales, je commence à voir d’autres objectifs de ces milieux médiatiques. Ce n’est pas un hasard que l’émission télévisée «Meet the press» d’hier a consacré toute son heure à présenter le candidat John Kerry au public américain.
Claude: Je crois que tu exagères car tu sais bien «Meet the press» donne une heure à Kerry. Il en fera autant pour Gephart, Dean, Lierberman et éventuellement tous les candidats qui ont une certaine chance de remporter l’investiture.
Mansour: A mon avis la stratégie des «mass medias» est tout d’abord d’éliminer Gephardt en Iowa ensuite diviser les démocrates de New Hampshire pour éliminer John Kerry tout en affaiblissant Howard Dean. Ensuite les «mass medias américains vont tout faire pour ressusciter la campagne du fameux sénateur Lierberman.
Claude: No way José ! Je me demande où tu vas chercher tous ces scénarios bizarres.
Mansour: Mais cette stratégie des «mass medias» américains a tout de même des fissures importantes. Tout d’abord, je me demande comment ils pourraient déconnecter les militants démocrates du mouvement populaire qu’Howard Dean a déjà créé. Ensuite, je me demande, comment ils pourront forcer les élus démocrates à choisir Lierberman à la place de Kerry au cas où Howard Dean est battu aux primaires du New Hampshire. Et même si Kerry gagne ces primaires, il ne faut pas oublier que Ted Kennedy, qui supporte ouvertement la candidature de Kerry, permettra aux sénateurs démocrates de supporter un Lieberman qui n’a absolument aucun point commun avec lui du point de vue philosophique. Kennedy est né libéral de gauche alors que Lieberman est beaucoup plus républicain que démocrate sur bien des sujets de politique domestique. Et si celui-ci n’est pas dans la liste des super candidats désignés par les élus démocrates, Lieberman n’a aucune chance d’avoir la candidature à la prochaine convention nationale du parti démocrate.
Claude: Là, je suis d’accord que Ted Kennedy est un pragmatique. Si le docteur Dean continue sa marche ascendante, un jour tu le verras s’approcher de Dean car je crois que celui-ci énonce beaucoup d’idées qui se rapprochent davantage de celles de Kennedy.
Mansour: Je n’ai toujours pas été très chaud pour les primaires pour designer le candidat présidentiel aux USA, mais je t’avoue que pour une fois ce système sera en faveur du candidat qui parlera au nom de la majorité des démocrates sinon du pays. Dean a toutes les chances de réussir son va-tout politique, mais il a besoin de beaucoup de courage notamment à rester franc avec le public. Mais s’il commence à essayer de plaire à tout le monde alors il commencera à se contredire et sa seule valeur morale qui le supporte à ce jour disparaîtra du jour au lendemain surtout compte tenu des intentions secrètes des «mass medias» américains.
Claude: Oui tu as raison en rapport avec l’attitude que Dean devra suivre. Mais je crois qu’il demeurera l’homme qu’il est car il a la tête dure et un caractère difficile. C’est un homme solide et je me plais à l’appuyer. Je me suis inscrit à son organisation pour l’aider (et je t’encourage à faire de même) et je le fais le plus possible en répandant la bonne nouvelle. Je ne vois que lui parmi tous les candidats (malgré que j’aime aussi Gephart), s’il résiste et continue à être ce qu’il est, pour avoir une chance de vaincre ti-Bush. Il créera une vague déferlante qui pourra avoir des conséquences importantes. Tout n’est qu’un rêve en ce moment… mais au moins laisse-moi rêver.
Mansour: Tu sais ce que je pense de Gephart et je vais t’épargner de te répéter ce que je t’ai déjà dit sur cet homme. Tout comme Clinton a eu le courage de confronter même sa base la plus importante à savoir le public noir durant sa première campagne électorale, Howard Dean doit avoir le courage aujourd’hui de garder ses propres valeurs concernant les syndicats aussi bien que les minorités aux USA. Son passé n’a pas été très encourageant pour ces groupes, mais il doit tout de même expliquer sérieusement ses positions sur le « free trade » et sur l’«affirmative action». Sa position vis-à-vis de la politique internationale des USA est très claire pour le moment et je ne vois pas comment Bush peut l’attaquer sur ce flanc. Le plus grand problème de Dean en fait se situe sur ses positions concernant le déficit budgétaire, la sécurité sociale, l’assurance maladie, et le problème desminorités toutes confondues aux USA. A ce jour, en dehors de John Kerry, aucun démocrate n’a proposé une politique domestique cohérente et diamétralement opposée à celle de Bush. Dean a besoin de préparer une stratégie cohérente à ce sujet tout en étant conforme à ses principes généraux de gouvernance. Ce qui n’est pas très facile à faire.
Claude: Je te remercie de tes commentaires sur ce nouveau candidat démocrate. Je l’ai écouté parler quelques fois et j’ai lu des reportages sur ses discours. À ce jour tout me plait. Ce que j’aime de lui, c’est qu’il est nouveau, franc, honnête, ouvert et ne craint pas d’attaquer la guerre en Irak même si c’est, pour plusieurs Américains, un sujet tabou surtout si on s’y oppose. Dean est un ancien gouverneur du Vermont et est un homme de centre. Son record de gouverneur est très imposant et il a su développer son État considérablement tout en assurant à chacun de ses citoyens les soins de santé. C’est une première aux USA et cela mérite d’être souligné dans ce pays qui a 45 millions de personnes sans protection médicale. En tout cas, Dean est un candidat intéressant et je suis épaté par le site Internet de son organisation qu’il a mis en ondes. C’est du nouveau en politique et il mérite d’être parcouru. Il profite d’un nouveau système de communications qui s’appelle le «blog». C’est comme un journal personnel que les internautes écrivent quotidiennement et placent sur Internet. Il y a une liste de plusieurs centaines de blogueurs qui lui sont favorables et qui répandent la nouvelle partout tout en commentant l’évolution politique du pays et les positions de Dean. Le nombre croît de jour en jour. Çà vaut la peine de lire cela et surtout de suivre l’évolution de cette nouvelle approche en organisation électorale. C’est vraiment une participation par la base.
À bientôt
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