le 7 juillet 2006


Cette conversation porte sur le régime Bouteflika, de la pauvreté en Algérie, du semblant de démocratie au Maroc, en Tunisie et en Égypte, de l’entrée de l’armée canadienne en Afghanistan.

Le 7 juillet 2006

Cher ami,

Mansour: Je viens juste de lire ton blog sur la situation politique en Algérie. J’ai beaucoup de remarques à te faire à ce sujet. Il est vrai qu’il y a souvent des révoltes instantanées isolées à travers tout le territoire national algérien. Mais je te signale que ces révoltes ne sont ni organisées ou même supportées par des mouvements de masses importants. Mieux encore ces révoltes ne gênent pas du tout le régime actuel en Algerie car ce dernier sait très bien que chaque fois qu’une révolte se produit elle n’a que des origines matérielles comme, par exemple, la distribution des logements nouvellement construits ou la réaction brutale d’une population locale à une action policière jugée fasciste. Mais à mon avis tant que le prix du pétrole est autour de 60-70 dollars le baril, Bouteflika n’a vraiment rien à craindre de ces soubresauts locaux. J’ai passé plus d’un mois à Alger et en Kabylie en mars et avril passés. Et je t’assure que je n’ai pas trouvé même un semblant de révolte collective contre Bouteflika. Après tout même si plus de 60% des nouveaux diplômés de l`Université ne trouvent pas de travail le simple fait qu’ils appartiennent toujours à une famille élargie ne les poussent pas vraiment a se révolter contre cet état de fait. Il y a un système de filet social organisé autour de la famille élargie qui en fait protége le régime actuel. Statistiquement parlant il y a probablement un grand pourcentage de la population qui doit être classé comme vivant en dessous du seuil de la pauvreté mais la réalité est tout autre à cause de ce filet de protection sociale familiale. Je n’ai pas vu par exemple un seul enfant aller à l’école trop mal habillé. Il n’y avait pas un seul enfant qui n’avait pas des chaussures. Je me souviens que pendant une grande partie de ma jeunesse j’allais à l’école les pieds nus à tel point que j’ai été renvoyé de l’école primaire ou la grande majorité des élèves étaient français pour me placer dans une école indigène ou la majorité des élèves étaient aussi pauvres que moi.

Claude: C’est en lisant des journaux français que j’ai découvert les statistiques de pauvreté en Algérie. Tu sembles d’ailleurs les confirmer mais tu dis que les pauvres ne se plaignent pas car ils sont protégés par le filet social et familial qui existe et qui semble universel en Algérie. Cela ne change rien au fait qu’ils sont pauvres, qu’ils n’ont pas les opportunités pour s’en sortir et que les jeunes diplômés universitaires qui ne trouvent pas de travail peuvent se décourager. C’est du talent perdu et aucun pays n’a les moyens de perdre les talents de sa jeunesse, même les plus riches. Et un gouvernement qui ne réagit pas devant de telles statistiques en se réconfortant sur le filet social n’est pas à la hauteur et joue avec le feu. Tôt ou tard, la révolte des jeunes s’ajoutera aux révoltes instantanées, qui en passant sont très nombreuses, et l’ensemble s’exprimera par une contestation organisée contre le système. J’espère que cela arrive le plus tôt possible car je crains que les jeunes Algériens fassent comme leurs parents et manquent le bateau.

Mansour: Je ne suis pas non plus d’accord avec toi quand tu affirmes que l’Algerie avait opté pour le pluripartisme dans les années 90. Après les fameux évènements d’octobre 1988 le FLN et Chadli à sa tête savaient qu’il avait une crise politique sérieuse à gérer. Ils l’ont géré en prétendant instaurer le pluripartisme politique en Algerie et prétendre que la démocratie allait prendre racine dans mon pays. Mais en fait tous les partis politiques qui ont vu le jour avaient été crées et gérés clandestinement bien entendu par les services de sécurité du pays. A mon avis depuis 1962 et même avant l’indépendance politique de l’Algerie, ce pays a toujours été et reste géré d’une main forte par les services de sécurité en général et la fameuse Sécurité Militaire (SM) en particulier. Ce sont les même services de sécurité algériens qui ont oblige Chadli à démissionner, à ramener le pauvre Boudiaf au Maroc pour l’assassiner quelques mois plus tard. C’est toujours les mêmes services qui ont choisi le remplaçant de Boudiaf pour l’obliger à démissionner quelques années après. Et enfin c’est les services de sécurité qui ont ramené Bouteflika, qui entre parenthèses était déjà condamne par la cour des comptes en Algerie pour avoir détourné des millions de dollars (600 millions approximativement) du budget du ministère des affaires étrangères pendant toute la période de boumediénisme. Ne me parle surtout pas de la démocratie en Algérie, elle n’a jamais existé, tout comme c’est le cas à travers tout le monde arabe en fait.

Claude: Je crois que tu m’as mal lu. Voici ce que j’ai écrit sur la question du multipartisme: «Finalement, après les troubles de 1980 à 1988, le multipartisme fut instauré et un nouvel espoir de bon gouvernement surgit. Mais les partis politiques qui ont vu le jour ont été créés et ont été influencés clandestinement par les services de sécurité du pays. La démocratie n’a donc jamais vraiment existé.». Nous disons la même chose.

Mansour: Est-ce que tu penses qu’il y a vraiment une démocratie au Maroc, par exemple, ou en Tunisie ou même en Égypte. Le seul pays arabe qui se rapproche un peu d’un système démocratique c’est peut être la Jordanie. Mais même dans ce cas il ne faut pas oublier que tous les vrais pouvoirs politiques sont en fait entre les mains du roi de Jordanie. Oui, l’Algérie a très mal, comme tu le dis, mais malheureusement je n’ai pas l’impression que le peuple algérien est prêt à prendre son destin en main. Ce qui m’intrigue le plus c’est que malgré que l’Algerie n’ait jamais été aussi éduquée en français qu’aujourd’hui, et pourtant durant les années 50-60 alors que la très grande majorité des algériens étaient illettrés en toutes les langues, il y avait tout de même des mouvements politiques aussi bien socialistes que libéraux et même islamistes qui utilisaient un peu leurs cervelles. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Les soi-disant mouvements politiques algériens sont ou bien manipulés par les services de sécurité ou pire encore par les services secrets étrangers en particulier français. Si 90% du territoire algérien est aujourd’hui couvert par le désert et bien plus de 95% du peuple algérien est complètement apolitique pour une raison ou autre.

Claude: Tu sais bien que j’ai toujours pensé que la démocratie n’existe pas dans les pays arabes. Que ceux qui prétendent la vivre sont en fait diriger par des gouvernements fantoches qui contrôlent les élections et qui sont à la solde de pays étrangers. Souvent des USA. Il n’y a pas de liberté comme dans une vraie démocratie.

Mansour: Je crois que les réponses que tu as déjà reçues concernant ton blog sur l’Algerie confirment un peu ce que je t’ai dit hier dans mon message. L’Algerie n’est pas facile à comprendre de l’extérieur. On parle de la presse libre en Algerie, mais ou se trouve le directeur général de liberté. J’ai connu pas mal de journalistes que j’ai rencontre dernièrement encore en Algerie. Ils étaient à l’unanimité pour reconnaître que la presse algérienne est encore moins libre aujourd’hui qu’elle ne l’était durant la période de Boumediene. Pas un seul article ne peut être publié aujourd’hui sans le sceau de la censure politique du ministre de l’intérieur et du ministre de la culture. Ne parlons pas de télévision ou de la radio qui sont à ce jour des porte-paroles du régime. Pour remettre les réactions des algériens à ton blog dans un contexte que tu connais très bien, il me suffit de t’informer que les algériens en général réagissent tout comme les Irlandais Catholiques du nord. Ils sont prêts à attaquer le régime politique qui les suffoquent mais ils ne permettront jamais à un étranger de dénoncer le régime algérien même si il est vomis a l’intérieur. Visiblement les réponses à ton blog sont beaucoup plus une réaction épidermique contre l’ingérence étrangère que la description réelle de la situation interne en Algerie. Il n’y a jamais eu de démocratie en Algerie et malheureusement il n’y en aura pas pendant des décennies à venir. Il faut croire que le pauvre peuple algérien est maudit par les dieux d’une manière ou d’une autre. Le monde entier change autour de nous mais nous les Algériens refusons a voire les réalités en face et surtout nous organiser pour enfin prendre nos problèmes socio-économiques et politiques en charge. Je suis tellement pessimiste concernant l’avenir de l’Algerie que je pense qu’elle a pour le moment tous les comportements qu’un écrivain algérien (dont je n’arrive à retrouver le nom à l’instant même) avait décrit pour définir la condition préalable et universelleà la colonisation d’une société.

Claude: Je suis toujours heureux de recevoir des commentaires à mes blogs. Je respecte les opinions de chacun de mes lecteurs et lorsque je suis en désaccord je m’empresse d’écrire au lecteur pour y faire part de mon opinion. Je ne suis pas surpris que les jeunes algériens considèrent que les choses vont mieux en Algérie. Ils ne voient dans l’attitude de Bouteflika qu’une ouverture sur la liberté et semble oublier qu’ils n’ont aucune voix au chapitre. Je crains qu’un jour, ils soient très désappointés. Tu connais bien l’Algérie car tu as vécu ses débuts d’indépendance et que tu as des frères qui ont été parmi les chefs révolutionnaires. De plus, ton travail au ministère du Plan t’a permis de comprendre que les dirigeants algériens n’écoutent pas et ne font en réalité que ce que le chef ou le groupe qui contrôle le chef veut. Avec le développement rapide de la mondialisation, il me semble que les années qui viennent seront encore plus difficiles pour les Algériens que les années passées car l’Algérie, nonobstant le fait qu’elle a les pétrodollars, est en train de manquer le bateau.

Mansour: Il n’y a pas de fausseté quand il s’agit de décrire une situation politique d’un pays. Tout ce que tu as essayé de présenter est ton point de vue comme tu observes ce pays qui après tout ressemble un peu à la province du Québec. Mes commentaires par exemple ne sont pas la vérité absolue de ce qui se passe en Algerie. Je ne détiens pas la pierre philosophale comme on dit. Tout ce que je dis c’est tout simplement mon appréciation personnelle de la situation comme je la vois et rien d’autre. Le seul avantage que j’ai sur toi c’est que je suis après tout Algérien et j’ai vécu toute la lutte de libération de ce pays et une grande partie de sa vie politique à ce jour. J’ai aussi l’avantage de rencontrer des Algériens dans la rue en Algerie même tous les 6 mois. Mais prétendre que mes analyses sont plus logiques ou plus indépendantes que les tiennes serait le plus grand sacrilège de tout homme qui essaye de comprendre les sociétés sans pour autant croire être leur porte parole. A mon avis, ton assertion que l’Algerie avait décidé d’introduire un peu plus de démocratie dans sa vie politique dans les années 90 n’est fondée sur rien de sérieux comme je te l’ai expliqué précédemment, nonobstant les réponses quetu as reçues à ton blog déjà. Comme tu lesais très bien la démocratie ne s’offre jamais sur un plateau comme un gâteau. La démocratie politique est un édifice difficile à construire à partir de ses fondations. Et ce sont ces fondations que je ne vois pas encore en Algérie.

Claude: J’ai beaucoup de respect pour ton expérience et ton opinion. Nos longues discussions depuis tant d’années m’ont fait comprendre que tu es un passionné de l’Algérie et de la politique dans le monde. Je ne partage pas toujours ton opinion, comme tu le sais bien, mais je suis toujours heureux de pouvoir te donner la mienne car je sais que tu n’hésiteras pas à me répondre si tu n’es pas en accord. Du choc des idées jaillit la lumière, et je crois que c’est bien ce qui se passe entre toi et moi. J’ai beaucoup appris avec toi sur l’histoire contemporaine de ton pays et cela m’a permis de mieux le comprendre et de l’apprécier. Tu admets, comme moi, que Chadli a dit vouloir implanter le multipartisme et tu dis que mon assertion n’est pas sérieuse. Il y eut alors plusieurs partis de créer dont plusieurs furent proposés par des ennemis du parti au pouvoir comme Ait Ahmed, Amira, Mahsa, Nahnah, Louisa Hanoune, sans oublier Ben Bella et Saïd Saadi. Tu affirmes, et je le crois, que ces partis et ces hommes furent finalement manipulés par la Sécurité Militaire. Mais que dis-tu face au FIS, le parti islamiste fondamentaliste qui est venu près de prendre le pouvoir en 1991 et qui s’est vu disqualifié par l’armée. Ce parti était libre, n’a pas été manipulé, disait ce qu’il pensait et avait réussi à entraîner un grand nombre d’Algériens qui ont votés pour lui. Alors pourquoi prétends-tu qu’il n’y avait pas de multipartisme ? Le FIS ne vient-il pas contredire ton argumentation ?

Mansour: Commençons tout d’abord par Ait Ahmed. Il ne fait pas de doute que cet individu a été un homme politique bien avant le déclenchement de la guerre de libération. Mais ce que les nouvelles générations d’Algériens ne savent pas c’est que ce même individu qui a été désigné par les représentants des militants MTLD de la grande Kabylie pour négocier la représentativité des Kabyles au sein de ce mouvement national algérien a préféré accepter un poste de membre du bureau politique du MTLD et abandonner les revendications des Kabyles qui à l’époque représentaient plus de 50% des militants membres de ce mouvement et n’avaient aucune représentation au niveau du leadership du MTLD. Mieux encore après la guerre de libération, j’ai eu l’occasion de le rencontrer àTizi Ouzou juste après qu’il rentre en Algérie et au moment où la course au pouvoir avait déjà tourné à une véritable guerre civile. Et, devant plus d’une dizaine d’amis de Tizi Ouzou, je l’avais déjà averti, que si jamais il utilisait la Kabylie pour monter une campagne d’opposition armée contre les forces de Ben Bella et de Boumediene, l’histoire ne lui pardonnerait jamais. Je lui avais même rappelé ses trahisons passées de la cause des Kabyles qu’il avait bien entendu niées. Mais, moins d’un an plus tard, il a convaincu la willaya 3 (région militaire Kabyle durant la guerre de libération) à se soulever contre le pouvoir de Ben Bella. Cette guerre civile a coûté des milliers de morts inutiles du côté des Kabyles. Plus grave encore, les Kabyles ont été depuis cette période marginalisés tout comme les Sunnis irakiens le sont aujourd’hui. Il ne fait pas de doute qu’Ait Ahmed a toujours été contre le régime FLN depuis l’indépendance mais il est loin d’être démocratique. Il suffit de voir comment son parti le FFS a été géré à ce jour. Même Mussolini ou Hitler n’avaient autant de pouvoir sur leurs partis qu’Ait Ahmed a eu avec son propre parti. Tous les soi-disant responsables nationaux de ce parti sont désignés personnellement par Ait Ahmed. Et ils sont limogés de même manière non démocratique. Un jour un leader est présenté comme le secrétaire général du FFS. Le lendemain on apprend qu’il a été remplace par Ait Ahmed sans qu’il y ait eu même un semblant de procédure démocratique. Enfin concernant cet individu je te signale qu’il n’a jamais accepte de retourner en Algerie pour au moins donner a son parti une image. Il a toujours préféré vivre dans les villas suisses. Mieux encore pour un homme politique qui se dit intègre, il a tout de même accepté de la part de Bouteflika une villa d’hôtes sur les hauteurs d’Alger qui est considérée comme un musée. Ait Ahmed a choisi de mettre cette villa au nom de son frère qui l’a vendu pour des millions de dollars apparemment. Alors s’il te plait ne me parles jamais plus de ce triste individu. L’autre individu qui mérite des commentaires de ma part est un autre Kabyle à savoir Saïd Saadi. Il ne fait pas de doute que durant les années 80 il avait joué un rôle important dans l’organisation de la résistance kabyle pour défendre son patrimoine culturel. Mais je te garantis qu’il a été vite récupéré par la SM pour d’un côté contrecarrer l’opposition du FFS au régime FLN, et pour faire plaisir à l’opinion internationale qui s’intéressait à l’Algerie. Tout comme Ait Ahmed, Saïd Saadi a géré son parti politique à la manière des meilleurs fascistes des années 30. En fait, il n’y a pas un seul parti soi-disant politique algérien qui joue le jeu de la démocratie même dans son comportement vis-à-vis de ses militants. Franchement, si j’étais un politologue je ferais une étude intéressante de la vie des partis politiques en Algerie et du rôle de la SM dans ce même pays. Je n’ai pas grand chose à te dire en ce qui concerne les autres noms que tu as cité dans ton dernier message en dehors du fait qu’ils sont tous ou bien au service direct des services de sécurité algériens comme le fameux président du Hamas ou de Louisa Hanoune ou au service des forces rétrogrades arabes (Arabie saoudite, Émirats arabes) comme Ben Bella. A propos j’ai lu ton récent blog concernant Bouteflika et Mobotu. Je présume que tu es d’accord avec toutce que je t’ai toujours dit de cet individu.

Claude: Encore une belle leçon sur les hommes politiques algériens. Merci. Mais je remarque que tu ne parles pas du FIS comme parti politique indépendant qui a fait son chemin et n’a été renversé qu’après avoir reçu un grand nombre de votes. Ce fut un rare moment démocratique en Algérie qu’à contrecarré la SM.

Mansour: J’aimerais te dire un mot sur l’Afghanistan. Si je me souviens bien je te disais que le président Karzaï était un homme de paille construit de toutes pièces par les Anglais et les Américains. Apparemment je ne pas suis le seul à le penser puisque nous apprenons maintenant que mêmes les allies des USA commencent à perdre patience avec cet individu accusé de manquer de leadership et plus grave encore de corruption illimitée. Il n’est donc pas étonnant de voir aujourd’hui les Talibans reprendre le dessus à travers l’Afghanistan. Bien entendu on nous fait croire tous les jours que les Talibans sont pourchassés à travers ce pays. Mais le fait même que les forces américaines, canadiennes et anglaises montent des opérations aussi importantes que celles qui ont chassé les Talibans du pouvoir me prouvent que la situation sécuritaire dans ce pays est plus grave aujourd’hui qu’elle ne l’était même il ya un an. Voila plus de 5 ans que les Talibans étaient supposes être chassé par les forces américaines du pouvoir et que le peuple afghan était soulage de s’être débarrassé d’un régime aussi odieux que celui de Moulay Omar. Et nous voila aujourd’hui dans une situation aussi grave que celle dans laquelle les Américains et leurs alliés se trouvent en Irak. A mon avis, le Canada mal choisi le moment pour remplacer les américains en Afghanistan. Il sera obligé tout d’abord de rétablir un peu de stabilité dans ce pays et ensuite obligé l’homme de paille des USA a abandonner sa politique de corruption pour enfin peut être donner un peu d’espoir au peuple afghan. Mais l’Amérique de Bush ne donnera certainement pas la liberté nécessaire au Canada pour nettoyer la corruption qui étouffe ce pauvre pays.

Claude: J’ai l’impression que les alliés s’attaquent à Hamid Karzaï, président de l’Afghanistan, parce que celui-ci vient de demander aux forces armées américaines et à celles de la coalition, qui font la guerre dans son pays, de changer de tactique. Il déplore que celle qui est suivie depuis un mois ne porte pas de fruit. Au contraire, la réaction se traduit par un nombre croissant d’attentats de la part des Talibans. Karzaï a raison. Je ne comprends pas pourquoi tu t’attaques à lui. Tu parles de corruption. Quelle preuve as-tu? Si les Talibans prennent le dessus, est-ce la faute de Karzaï quand on sait qu’il ne contrôle qu’une partie du pays. Où est l’armée américaine et celle de la coalition ? Premièrement, elle n’est pas suffisamment nombreuse pour faire face à la situation qui se développe. Deuxièmement, les Talibans empruntent les stratégies des terroristes et cela n’augure rien de bon pour l’avenir. Le Canada en Afghanistan copie les USA. Nos soldats au front sont en danger et agissent comme des barbares envers des citoyens qui vivent des vies normales dans leur pays. De vrais GIs. Je blâme l’ex PM Paul Martin d’avoir joint la coalition à la demande de l’ONU et d’avoir changé ainsi la nature de nos interventions militaires dans les autres pays. Nous étions reconnus comme une force militaire dévouée au maintien de la paix, voilà que nous sommes engagés dans une guerre sauvage à l’américaine. Martin a subi les pressions du président Bush et n’a pas su résister. Pourtant l’ex PM Jean Chrétien, qui le précédait, s’était tenu debout et avait empêché que le Canada ne joigne les USA pour la guerre d’Irak. Combien de mortsaurions-nous déplorés depuis s’il avait accepté et qu’est-ce que cela aurait changé ? Je ne suis pas heureux, non plus, de la décision du PM Stephen Harper d’allonger, jusqu’en 2009, la période de temps pendant laquelle nos forces seront en Afghanistan. De plus, il vient de décider de dépenser des milliards de $ pour rééquiper nos forces armées. Nous sommes dans une spirale guerrière ascendante et cela ne nous mènera nulle part. Le Canada perdra sa réputation de pays de paix dans le monde. Estimés et aimés partout sur la planète à cause de leurs actions positives du passé, les Canadiens risquent de subir, dans le futur, le mépris des peuples de la terrecomme c’est le cas, actuellement, pour les Américains. Nous ne sommes pas de cette nature et savons que l’on ne règle pas les problèmes à coups de poings. Il est temps que l’opposition canadienne se ressaisisse et arrête la tendance actuelle. La population canadienne lui en sera reconnaissante.

À bientôt