Les Ducharme


Chronique familiale de l’ancêtre Louis Tétreau (dit Ducharme)

Cette généalogie a été préparée en collaboration avec le généalogiste Jean-Jacques LEBEAU

L’histoire de Louis a été établie sur 11 générations

L’ancêtre Louis Tétreau traverse l’Atlantique en 1659, une époque où cette aventure est incertaine, possiblement affreuse et toujours une longue épreuve. La traversée Est-Ouest est contre les vents dominants. Le navire est petit et donc plus facilement ballotté par la plus petite tempête. Pire encore est le calme, lorsque le navire bouge à peine. Alors que la plupart des traversées sont réalisées en environ un mois, certaines prennent aussi longtemps que trois mois en raison du calme. Plus la traversée est longue, plus est le danger que l’eau et les fournitures alimentaires du navire deviennent épuisées ou même gâtées. Le navire est surchargé de passagers et toute maladie à bord est rapidement transmise à d’autres passagers.

Louis connaissait ces dangers avant de monter sur le navire et a démontré alors une certaine détermination et de la bravoure.

Louis Tétreau a contracté pour devenir serviteur pour les Jésuites, à Trois-Rivières, pour une période de 36 mois. Ce contrat lui donne les moyens de traverser l’Atlantique et survivre jusqu’à ce qu’il s’installe. Ce fut surprenant d’apprendre que Louis, contrairement à la coutume, casse son contrat en quittant l’emploi des Jésuites avant le terme convenu de trente-six mois. Il est poursuivi devant la Cour et condamné à une sévère amende.

Le résultat précis de ce procès n’est pas connu, mais Louis a contesté sa condamnation devant la Cour et n’est pas revenu chez les Jésuites pour terminer son mandat. Louis, qui a des amis importants à Trois-Rivières, a probablement reçu de l’aide pour éviter la punition complète. En outre, quelques années plus tard, Louis payera 200 livres aux Jésuites pour une dette inconnue. C’était, peut-être, pour rembourser une partie ou la totalité du bien qu’il a reçu avant de rompre son contrat.

À la fin de 1662, Louis loue une ferme des Jésuites pendant quatre ans. Pendant ce temps, Noëlle Landeau, sa future épouse, a marié Jean Beaudoin à Trois-Rivières en 1659. Ce jeune couple engendra un premier enfant en 1661 et un second, en 1662. Cependant, en 1662, son mari et leur premier enfant meurent de causes inconnues.

Au cours de 1662, Louis et Noëlle se rencontrent et apprennent à mieux se connaître. Le 20 janvier 1663, ils signent un contrat de mariage dans lequel Louis promet de marier Noëlle Landeau dès qu’elle le jugera approprié. Il reconnaît la fille de Noëlle, Madeleine Beaudoin, comme son propre enfant avec les mêmes droits que ses futurs enfants. Noëlle apporte au mariage la propriété laissée par son défunt mari. Probablement par respect pour son mari décédé, Noëlle a attendu jusqu’au 9 juin pour épouser Louis, près de six mois après le contrat de mariage.

Outre sa fille avec Jean Beaudoin, Noëlle donnera à son mari, Louis, neuf enfants. Les familles nombreuses ne sont pas rares parmi les Canadiens français. Seulement un de ses enfants meurt à un jeune âge, c’est Michel à 3 ans. Un Iroquois tue son fils aîné, Claude, qui a 29 ans et célibataire. Claude travaillait comme voyageur pour le transport des fourrures et des fournitures entre Montréal et l’immensité du pays.

Louis déménage sa famille croissante de Trois-Rivières au Cap-de-la-Madeleine à Champlain à Arbre-de-la-Croix et enfin à Marsolet. Les deux derniers fiefs sont dans la paroisse de Champlain. En 1674, Louis et Noëlle bâtissent leur maison à Marsolet et y est resteront pendant 16 ans. Six de ses jeunes enfants suivront l’école des religieuses à Champlain et apprendront, entre autres, à signer leur nom.

Un de ses fils, Louis, décède à l’hôpital de Montréal d’une maladie mystérieuse, à l’âge de 30 ans. Marié, mais sans enfant, il était voyageur de commerce, mais n’avait pas trop réussi. Il a été le «mouton noir» de la famille. Tous les autres enfants se sont mariés et ont eu de grandes familles. Marie, la fille aînée, mariera un homme à la santé fragile et qui a des problèmes financiers continuels. Elle était considérée comme une femme forte. Le plus jeune enfant, Jean Baptiste « étudia pour le sacerdoce » mais abandonna peu de temps après sa tonsure par Mgr de Laval, premier évêque de la Nouvelle-France, pour devenir instituteur puis notaire royal. Marié et il a eu quatre enfants. Il est décédé subitement à 45 ans lors d’un voyage à Louisbourg. Un autre fils, Joseph-Marie, s’est marié deux fois et a engendré un total de 21 enfants dont sept fils qui ont survécu et tous ont une famille nombreuse. Ce fils a beaucoup contribué à la lignée des Tétrault, aussi connue comme Ducharme.

Un des événements les plus surprenants de la vie de Louis Tétreau est lorsqu’il donne la main de sa belle-fille en mariage à un voisin alors qu’elle n’a que 12 ans! Ce voisin, Martin Foisy, de 31 ans, était veuf, riche et sans enfants.

L’âge minimum canonique de se marier pour les filles était de 12 ans et l’État donnait des incitations financières pour que les filles se marient jeunes et aient des enfants. D’autre part, il y avait des sanctions pour ceux qui ne se mariaient pas. Donc, les jeunes mariages n’étaient pas rares à cette époque. Ce fut ainsi pour Daniel, le fils de Louis, qui a épousé une veuve qui avait été mariée à 12 ans.

Sa belle-fille, Madeleine Beaudoin, a donné naissance à 11 enfants. Son dernier enfant est mort-né en 1703 et elle décéda deux mois plus tard à l’âge de 41 ans. La vie était dure pour les femmes.

Avec l’agriculture, l’occupation principale de Louis Tétreau est le défrichement. Il s’agit de récupérer la terre de la forêt par la coupe des arbres, arrachant les souches et brûlant des broussailles. Louis est si habile à ce travail qu’il accumule un pécule agréable qu’il laissera éventuellement  à ses enfants. Il deviendra prospère en obtenant des terres à bas prix du seigneur d’un fief et en revendant une partie plus cher. Entre 1661 et 1699, l’ancêtre fait trois location de terres, huit achats de terres et obtient cinq concessions de terres d’un seigneur.

Pour l’emplacement de la maison familiale, Louis acquiert une grande terre de 609 acres dans le fief de Marsolet. Même si seulement une petite fraction de cette terre a été autorisée pour agriculture, ce fut tout un exploit alors que le colon moyen n’avait que 75 acres.

Après 16 ans sur la ferme familiale à Marsolet, Louis Tétreau décide de déménager sa famille à Montréal. Le 15 janvier 1690, il loue un lot de 96’X31′ sur la rue Saint-Vincent et contracte pour la construction d’une maison sur ce lot. La conception de cette maison est un composite de toutes ses expériences sur une période de 55 ans. Cette maison a été recouverte de planches se chevauchant de sorte que la maison avait, en fait, une double couverture, deux salles de sous-sol et une cave, grenier, cour et jardin. Une cheminée de maçonnerie et un poêle en brique dans la chambre (Noëlle était probablement sensible au froid la nuit). Le lot a été clôturé avec des poteaux en bois et contenait une écurie construite en bois, en plus de la maison. Pendant la construction de la maison, la famille loue une ferme à Longueuil, face au fleuve Saint-Laurent devant Montréal.

Plus tard, la maison en bois de Louis a été démolie et remplacée par une structure de pierres. La pierre était devenue une exigence à Montréal en raison de l’effet dévastateur de l’incendie d’une maison qui s’était propagée sur les autres bâtiments à proximité. La structure en pierre construite sur le site de la maison de l’ancêtre est toujours debout aujourd’hui et abrite un restaurant sophistiqué: Le Père Saint-Vincent.

Après avoir passé neuf années dans la région de Montréal et six de ces années dans sa nouvelle maison sur la rue Saint-Vincent, Louis décide de vendre cette propriété et de retourner à sa ferme bien-aimée de Marsolet. Il la vend le 7 janvier 1699, mais une clause dans le contrat de vente lui permet de rester dans sa maison jusqu’à la fête de saint Jean-Baptiste (24 Juin).

Louis est à Montréal, le 7 mars 1699, car, ce jour-là, il est témoin à un mariage à l’église Notre-Dame. Il décède le 22 juin 1699, à Marsolet. Donc, quelque part entre mars et juin, Louis, Noëlle et leur fils, Joseph-Marie, sont retournés à la ferme familiale.

Louis Tétreau avait un profond attachement pour son ancienne ferme et pour la terre où il avait pratiqué le défrichage, l’agriculture et l’élevage pendant toutes ces années. C’est la raison pour laquelle il est retourné à ses racines avant de rendre son dernier souffle.

Noëlle Landeau illustre la femme forte de la Bible qui fait ses bonnes actions dans l’ombre de son mari. Le fait qu’elle ait élevé dix enfants sur une terre dure au Canada nous en dit long sur ce genre de femme qu’elle était.

Après la mort de son mari, sa santé n’est pas bonne mais elle continue à remplir ses devoirs. Elle tombe gravement malade en janvier 1700 et, pensant qu’elle est sur le point de mourir, écrit un sommaire de ses dernières volontés dans lequel elle donne son argent à l’Église de Champlain, aux Pères récollets et pour les messes de Requiem. Mais sa santé revient après avoir frôlé la mort. Elle réalise sa mortalité et décide de se concentrer sur sa mort pour le reste de ses jours.

Premièrement, elle fait un nouveau testament qui marque sa profonde dévotion. Elle demande à être enterrée dans la soutane brune du Tiers-Ordre de saint François et elle donne 200 francs à son plus jeune fils qui étudie pour la prêtrise. Deuxièmement, elle aide sa fille, Marie, qui a des problèmes financiers. Troisièmement, elle est clémente envers l’acheteur de sa maison de Montréal qui est en retard dans ses paiements hypothécaires. Quatrièmement, elle vend la ferme familiale de Marsolet et retourne à Montréal.

En 1706, Noëlle Landeau devient très malade à nouveau et décède le 24 septembre 1706. Elle laisse un petit héritage à chacun de six enfants survivants avec Louis et aux sept enfants de sa fille décédée, Madeleine Beaudoin.

Source: généalogie des Pelletier

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