À la manière de …


Que m’apprenez-vous là ? Le Duc serait malade ?
Je l’ai pourtant croisé, tantôt, sur l’esplanade.
Il portait beau, ma foi, et au vu de son teint,
Celui d’un élégant rasé de bon matin,
Rose et resplendissant, j’ai bien du mal à croire
A pareille nouvelle. En voilà une histoire !
Ah bon ? Vous la tenez à l’instant, dites-vous,
Du médecin lui-même et que ça change tout.
Que nenni, cher ami, je persiste et je signe :
J’ai pour ces Diafoirus une méfiance insigne !
Ils n’ont qu’une obsession : maîtriser les « humeurs »,
Dépister l’atrabile, et donner la primeur
Aux remèdes appris dans les amphithéâtres
Sans surtout s’aviser de les couper en quatre,
Car il s’agit ici de principes sacrés :
« Saignare, purgare, clysterium donare ».

Vous vous en doutez bien, tout autre est mon remède
Et je vais de ce pas, pour lui venir en aide,
Faire apporter au Duc quelques échantillons :
Flacons de Chambertin, moutarde de Dijon,
Sans oublier, bien sûr, un plat d’œufs en meurette
Et un marc égrappé pour clôturer la fête.

Jean-Claude Manaranche