À la guerre comme à la guerre


La guerre continue à déferler sur le monde. Les Allemands emploient de plus en plus des tactiques de terreur. N’ont-ils pas entrepris la liquidation des juifs dans les ghettos de Pologne ? On apprend aussi qu’ils ont repris l’offensive contre Koursk. De leur côté, les Alliés bombardent Rome, capturent Palerme et boutent les Allemands hors de Sicile. En juillet 1943, Mussolini, le grand allié d’Hitler, est arrêté. Le gouvernement fasciste italien tombe. Son successeur entreprend des négociations avec les Alliés.

Les Soviets reprennent Kharkov. À Stalingrad, métropole industrielle dont Hitler s’est emparée dès 1941 pour couper les voies de ravitaillement des Soviétiques, les Russes ont déclenché, à l’automne 1942, une puissante contre-offensive et bloqué tout accès à la ville. La VIe armée allemande se retrouve captive, très affaiblie et doit affronter le terrible hiver russe. L’aviation allemande largue 120 tonnes de ravitaillement par jour alors qu’il en faudrait 500. Le général allemand Paulus, à qui il ne reste plus que 91,000 des 500,000 soldats qu’il avait avant le siège, est élevé par Hitler au titre de maréchal pour le dissuader d’une capitulation honteuse à laquelle il finira malgré tout par se résoudre, étant peu enclin au suicide. Le 2 février 1943, le drapeau rouge soviétique flotte à nouveau sur Stalingrad. Le grand total des morts et blessés sur tout le front de Stalingrad atteint presque les 2 millions, ce qui fait de cette bataille la plus sanglante de l’Histoire de l’humanité. Cette victoire remportée contre l’agresseur allemand soulève un immense espoir dans les pays occupés. Ne démontre-t-elle pas la vulnérabilité des armées allemandes ?

Le Canada se joint aux États-Unis dans le Pacifique pour faire la guerre aux Japonais. Ailleurs, les Canadiens rejoignent les Alliés en Italie et débarquent sur la plage de Pacino, en Sicile. Ils acceptent la reddition d’un général Italien à Modica, mais subissent des pertes considérables aux mains des Allemands lors d’une bataille qui dure cinq jours à Agira. Ils prendront Regalbuto.

Churchill, Roosevelt, Mackenzie King et le ministre des affaires extérieures de la Chine de Tchiang Kaï Chek se rencontrent à l’occasion du sommet de Québec en août, au Château Frontenac. C’est là qu’ils prendront la décision de se préparer à envahir l’Europe.

Les Canadiens traversent le détroit de Messine. Ils prennent Reggio di Calabria, Campobasso et San Leonardo. Le capitaine Paul Triquet, du Royal 22ième, obtient la Croix de Victoria pour sa bravoure lors de l’attaque contre les allemands à Casa Berardi.

Les Allemands avaient projeté de stériliser les gitans. Mais face aux échecs qui se multiplient, ils décident plutôt de les envoyer dans des camps de concentration. Les gitans, tout comme les juifs, portent sur un bras un numéro d’identification tatoué, Z9873, Z10729… Les Allemands tiennent un registre détaillé des occupants des camps. La cruauté de la guerre s’exprime de toute sorte de façons.

Le 8 septembre 1943, l’Italie rend les armes. Hitler fait aussitôt occuper Rome par ses troupes et se lance à la rescousse de Mussolini qui rétablit un gouvernement fasciste parallèle. Les Alliés entrent à Naples. Les Allemands sont repoussés et l’Italie libérée déclare la guerre à l’Allemagne. Les Russes reprennent Kiev alors que les Anglais lancent un grand raid aérien sur Berlin. L’année se termine par une offensive majeure des Soviets sur le front ukrainien et par l’importante bataille d’Ortona, remportée par les Canadiens, sur le front Adriatique en Italie.

Événement au Canada ! Le 28 décembre 1943, Fred Rose, un candidat du Parti Communiste Canadien, l’emporte sur le socialiste David Lewis, du CCF, dans le comté de Montréal-Cartier, devenant ainsi le premier député communiste à la Chambre des Communes.

Dans l’Ouest canadien, le gouvernement King termine la construction de la route de l’Alaska, d’une distance de 2,450 kilomètres, dans un temps record de 8 mois. Il s’agissait d’être prêt à contrecarrer une éventuelle offensive des Japonais sur la côte Ouest. C’est alors qu’on interne dans des camps jusqu’à la fin de la guerre 22,000 Canadiens d’origine japonaise en raison du risque qu’ils sont censés représenter pour la sécurité du pays. Une page noire de l’histoire du Canada ! Et au titre de l’effort de guerre, Ottawa perçoit 815 $ millions en impôts. Cinq ans plus tôt, en 1938, tout juste avant la guerre, ses recettes ne s’étaient élevées qu’à 42 $ millions.