La Pologne


Les mois passent et Jean-Claude continue de progresser au Mont-Jésus-Marie. Il a quelques bons amis dont un jeune Polonais. Et c’est par son entremise qu’il comprend que la guerre est en cours et que la Pologne est le pays qui, jusque là, a le plus souffert. Son ami polonais lui explique que ses parents sont là-bas et ont pu l’envoyer, il y a plus d’un an, vivre chez leurs parents à Montréal, pour l’éloigner de la guerre. Il lui parle de son pays, raconte ce qu’il a vu et avec des petits avions miniatures en bois, qu’il « gosse » avec son petit canif, il explique comment les avions allemands ont largué des bombes sur sa ville. Jean-Claude écoute, les oreilles grandes ouvertes, car tout ce qu’il entend est tellement différent de son quotidien. Son intérêt grandit pour cette histoire aussi mystérieuse pour lui qu’un roman de Jules Verne. Les fins de semaine, il rapporte ce qu’il a entendu à son père. Celui-ci lui rajoute des explications. Charles-Émile lui propose de construire un petit avion de guerre en bois et ensemble ils sculptent un avion, en s’inspirant du Spitfire anglais. Il est complet, avec ailes et hélice. Ils le peignent aux couleurs alliées. Son père précise à Jean-Claude que ces petits avions prennent les bombardiers allemands en chasse et les descendent avant qu’ils n’atteignent l’Angleterre. Le dimanche soir, de retour au pensionnat, Jean-Claude est tout heureux de faire cadeau de son avion à son ami polonais qui en est surpris et ravi au point qu’il le garde toujours avec lui. Son ami ne revint pas au pensionnat l’année suivante et Jean-Claude ne l’oublia jamais.