Manon et Claude sont en vol vers New York. Ce dernier ressent toujours un malaise et n’a pas le goût de manger quoi que ce soit. L’avion doit atterrir dans quarante minutes et Manon lui suggère de se fermer les yeux et de se reposer avant le débarquement. À leur arrivée, ils doivent transférer rapidement vers un autre avion qui les transportera directement à Miami au pays de la Floride, du soleil, de la mer, du repos, de leur voyage de noces. Il en rêve car il sait qu’il reprendra finalement ses sens et sera heureux avec Manon. À New York, l’avion tarde à descendre et tourne en rond au dessus de la ville. Le trafic aérien est lourd et le pilote doit attendre la directive de la tour de contrôle pour entreprendre sa descente. Trente minutes passent et Claude réalise que l’avion n’est plus sur New York mais file en ligne droite puisqu’il voit au bas des forêts, de petites villes et des villages. Aucune explication n’est donnée pour ce changement de cap. Finalement, l’hôtesse avise les passagers qu’une tempête tropicale affecte l’aéroport de New York et, afin d’assurer la sécurité de tous, le pilote a décidé de revenir à l’aéroport d’Albany pour attendre que la situation se calme. Ce détour est désappointant pour Manon et Claude car ils comprennent qu’ils ne seront pas à Miami, le soir même. Par contre, Claude se sent mieux. Il a bu l’eau servie par l’hôtesse et cela lui a fait un grand bien. Par le hublot, il aperçoit l’aéroport d’Albany et une vingtaine d’avions en ligne et en attente. Plusieurs avions ont été détournés vers Albany et le leur tarde à nouveau à descendre. L’aéroport de la capitale de l’État de New York, trop petit et insuffisamment équipé suite à une croissance rapide du trafic aérien, ne peut recevoir un si grand nombre d’avions simultanément. La tour de contrôle n’est pas moderne et les aiguilleurs sont débordés. D’ailleurs, elle sera remplacée l’année suivante puisqu’elle est logée dans un ancien bâtiment de bois. Finalement l’appareil touche la piste. Plus de trois heures après avoir quitté Dorval. Manon et Claude n’en sont qu’à Albany. Il est 22:15.
L’avion roule sur la piste et s’arrête. Le temps passe. Dix minutes, vingt, trente… finalement une «barrière» est allouée au pilote et il y parque son avion. Alors que les passagers reçoivent l’instruction d’attendre à leur siège, les moteurs de l’avion sont arrêtés. Les hôtesses ouvrent les portes. Il n’y a pas de couloirs télescopiques (ils en existent peu en 1956) pour le débarquement des passagers. On utilise des escaliers roulants que l’on approche pour descendre. Malheureusement, il n’y a que deux de ces escaliers à Albany alors qu’il y a une vingtaine d’avions prêts au débarquement de leurs passagers. L’attente est longue, la température monte, devient inconfortable et ce n’est que 45 minutes plus tard que Manon et Claude en descendent. L’aérogare est bondée de monde et l’hôtesse suggère à tous d’attendre, près du bâtiment principal, pour recevoir les instructions en rapport avec la continuation du vol. Le temps est chaud, Manon et Claude se trouvent un coin gazonné d’où ils ont une bonne vue de leur avion et de toutes les activités qui se déroulent. Il déplie son grand mouchoir neuf et le place au sol afin qu’elle s’asseye dessus pour éviter de salir son bel ensemble. Elle se montre flattée de toute cette courtoisie. Claude en est heureux. Le temps passe. Une autre heure s’écoule. Les instructions tardent. Finalement, Claude se rend au comptoir de Eastern Airlines pour s’informer. Le préposé l’avise que les avions ne pourront partir avant le matin et Claude demande comment se rendre à Miami. On lui suggère de rentrer à New York en taxi durant la nuit et lui confirme qu’on peut leur assigner deux sièges sur un vol qui doit quitter New York pour Miami vers 10:00 le lendemain. Claude accepte. Manon est désappointée mais réagit positivement et encourage son mari. Ils récupèrent leurs bagages dans l’aérogare et s’alignent sur la filée de passagers au poste des taxis.
Il est minuit lorsqu’ils sont dans le taxi. C’est un véhicule allongé de 7 places, dans lequel il y a deux bancs pliants qui s’ouvrent entre les bancs avant et arrière. Dans le taxi qui s’offre à eux, seuls ces bancs sont libres et ils n’ont que le choix d’accepter ou de refuser car la foule est nombreuse. En plus, au lieu d’être deux passagers sur ces bancs, ils sont trois. Claude s’assoit au milieu et se tasse contre Manon et la tient bien serré contre lui. Le taxi sort de l’aéroport et prend le New York Freeway en direction de New York. C’est une bagnole un peu vieille. Les passagers ressentent une secousse répétitive qui croît au fur et à mesure que la vitesse augmente. Un des pneus a une défaillance (une «balloune»). Le chauffeur affirme que ce n’est pas grave et qu’ils pourront se rendre à New York en toute sécurité. Malgré la vibration constante et bruyante, Manon et Claude s’assoupissent, fatigués des émotions de la journée. À New York, le chauffeur demande aux passagers où les déposer. Claude, qui n’a pas de réservation de chambre, dit «Piccadilly». C’est un des seuls hôtels sur Broadway qu’il connaît car il y est allé lors de sa dernière visite avec Charles-Émile et Antoinette. Le taxi fait la tournée de la ville et ils sont les derniers à débarquer. Le chauffeur place leurs bagages sur le trottoir devant l’hôtel et Claude lui paye $15 pour le voyage. Ils sont enfin à New York. Il est 04:30.
Claude entre à l’hôtel Piccadilly avec Manon et ils traversent le corridor et le lobby peu éclairés. La réceptionniste n’a pas de bonnes nouvelles pour eux. L’hôtel est complet. «Ah non !» Que faire ?Elle recommande l’hôtel Lexington vers lequel elle réfère normalement ses clients. Manon et Claude retournent sur le trottoir, hèlent un taxi et arrivent au Lexington qui est sur une rue voisine. Claude demande au chauffeur de l’attendre et à Manon de rester dans le taxi, pendant qu’il ira vérifier s’il y a une chambre de disponible. Le corridor d’entrée est plus long que celui du Piccadilly et encore plus sombre. Il revient bredouille, l’hôtel est complet. Le chauffeur, un noir, sympathise avec eux et suggère le McAlpin plus au sud de Manhattan. Ils acceptent et quelques minutes plus tard, ils sont devant l’hôtel. Claude effectue le même scénario que précédemment et revient annoncer à Manon qu’il y a une chambre avec lavabo seulement. La salle de toilette et de bain est dans le corridor. Elle accepte et ils rentrent enfin dans une chambre d’hôtel ensemble, mais quelle chambre et dans quelles conditions ! Il est près de 05:00 et ils sont très fatigués. Claude pense à contacter Eastern Airlines pour s’informer si le vol part à temps. Il se fait dire qu’il doit attendre l’ouverture des bureaux d’Eastern à 07:00. La téléphoniste le réveillera à cette heure là. Manon et Claude se couchent, collés l’un contre l’autre et s’endorment presque immédiatement. Le réveil est brutal. Il va vers le lavabo arroser son visage d’eau froide pour bien se réveiller pendant que la réceptionniste le met en contact avec Eastern, le préposé de la compagnie est débordé et, quinze minutes plus tard, confirme que le vol doit partir à 10:00. Il suggère à Claude de se rendre immédiatement à l’aéroport car il y a beaucoup de monde et que l’inscription peut être longue. En fermant l’appareil, il se retourne vers Manon, à demi endormie et lui annonce la mauvaise nouvelle. Elle n’exprime aucune plainte et ils s’habillent rapidement. Claude réalise qu’il a complètement oublié son incident de perte de connaissance.
À l’aérogare de New York, ils trouvent une foule si dense qu’elle déborde à l’extérieur de l’aérogare. Ils se faufilent à l’intérieur et constatent que des centaines de personnes ont passé la nuit couchées sur le plancher. C’est un désordre total. L’aéroport est encore fermé et les avions sont retenus au sol. C’est la queue d’un ouragan qui a créé tout ce tohu-bohu. Vis-à-vis les comptoirs de Eastern Airlines, ils prennent place à la fin d’une longue filée et, après une heure, le représentant vérifie leurs billets, accepte les bagages et les prie de patienter. L’avion partira avec un certain retard mais il prévoit que ce sera vers 11:00. Manon et Claude sont encouragés, mais fatigués, fripés et sans nourriture. Ils prennent leur mal en patience. Malgré tout, ils réagissent bien à tout ce qui leur arrive et savent qu’une fois à Miami tout sera oublié. L’heure fixée pour le départ de l’avion sonne et passe. Midi passe. Tout à coup, quelques minutes plus tard, la compagnie annonce que leur avion est prêt pour l’embarquement. Manon et Claude n’en croient pas leurs oreilles. Ils se frayent difficilement un chemin vers la barrière et quelques minutes plus tard sont assis dans l’appareil. Vers 13:00, l’avion est dans les airs en direction de Miami. Ils acceptent avec plaisir le repas offert et s’assoupissent dans leurs sièges. La secousse des roues de l’avion touchant le sol de la Floride les réveillent. À la sortie, ils ressentent la chaleur du sud qui les caresse déjà. Manon et Claude ne peuvent être plus heureux.
Ils trouvent un taxi et l’orientent vers l’Olympia Motel, rue Collins. C’est le gérant de la ville de Dorval, un client de Texaco et ami de Claude, qui lui a suggéré le motel qui, avait-il dit, «est à 45 minutes de l’aéroport». Il lui avait expliqué qu’il est sur la mer et offre des efficiencies (des chambres avec une cuisinette et un coin pour manger). Cette idée faisait bien l’affaire des futurs mariés puisqu’ils ont un budget limité. Claude avait réservé une chambre donnant sur la mer. Bien assis à l’arrière de leur taxi, ils roulent vers leur nid d’amour et apprécient ensemble Miami. C’est leur premier voyage dans le sud des États Unis, sauf pour celui que Claude avait fait à Virginia Beach après le collège. Ils sont émerveillés par le climat et tout ce qu’ils voient: la mer, les bateaux, les cocotiers, les palmiers, les orangers, les grands hôtels, la couleur des maisons, les nombreuses fleurs, les larges avenues,… tout semble merveilleux, sauf pour les noirs. Ils constatent, en effet, des signes de ségrégation raciale sudiste et aperçoiventdes enseignes white only et colored only; des quartiers où les noirs sont concentrés et où la pauvreté est manifeste, des balayeurs de rue, des jardiniers, des éboueurs, des porteurs et d’autres ouvriers de mêmes métiers qui sont tous noirs. Ils les voient conduire de vieilles autos, endommagées et souvent sans vitre. Nulle part voient-ils un noir qui semble avoir un poste élevé. Aux feux rouges, Manon et Claude constatent qu’ils sont assis à l’arrière des autobus et les blancs à l’avant. Claude se rappelle le boycott du réseau d’autobus en mai dernier par les noirs de Tallahassee, la capitale de la Floride et des demandes de leur association nationale, la NAACP, pour l’abolition de la ségrégation dans les autobus du Dade county. Il a été surpris de la réaction du parlement de l’État de la Floride qui vota 89 contre 1 pour le maintien de la ségrégation.
Ils ont bien hâte d’être rendus à leur motel et rêvent de «sauter» dans la piscine. Mais le voyage est plus long que prévu. Il y a déjà une heure qu’ils roulent et ils ne voient pas encore la rue Collins. Ils s’informent auprès du chauffeur qui leur répond vaguement «we will be there in a few minutes». Vingt minutes plus tard, ils sont devant l’Olympia. Les propriétaires les attendaient depuis la veille et ont compris que leur retard était dû à la tempête qui affligea l’est américain. Manon et Claude s’enregistrent et on leur offre une corbeille de fruits et quelques cadeaux puisqu’ils sont nouveaux mariés. La chambre leur coûtera $6,30 par jour. Claude raconte à l’homme que le motel est plus loin de l’aéroport que son ami lui avait dit. «Forty five minutes is normal» lui confirme le propriétaire. Claude réalise qu’ils se sont fait avoir puisque le taxi a pris plus de 80 minutes pour se rendre. Le chauffeur les a trompés et leur à fait faire un grand tour afin d’augmenter sa rémunération. Claude avait pourtant été mis en garde contre ce genre de choses. «Il y a beaucoup de gens malhonnêtes à Miami. Ils attendent les touristes et en profitent» lui avait-on dit. Claude se demande si la chaîne d’événements malheureux qu’ils vivent va finir par les lâcher. Ce sera heureusement le dernier.
Leur chambre est au premier étage et ils grimpent les marches deux à la fois. Grande, avec un lit confortable, elle donne sur un balcon de grandeur moyenne. Ils voient la mer avec d’immenses vagues, la longue plage de sable fin un peu érodée par la dernière tempête et la grande piscine toute bleue et immaculée. Ils hument l’air salin et apprécient le petit vent qui vient du large. Le soleil est derrière eux et teint d’une couleur dorée les bâtiments qu’ils voient. C’est beau, différent et calme sauf pour le «vrombissement» des vagues qui pour eux est de la musique. Dans le temps de le dire, ils sont dans la piscine. Seuls. La piscine est à eux. Leur fatigue s’évanouit en quelques instants. Ils sont bien. Ils se sentent seuls au monde. Ils sont amoureux.
Après une bonne nuit, ils déjeunent près de la piscine et découvrent le bon jus frais des oranges SunKist de la Floride.
Manon et Claude sont surpris du peu de monde à Miami, à ce moment-là de l’année. Le motel n’est occupé qu’à 25 %, ce qui ne leur déplait pas. Claude veut acheter un ciné caméra Brownie avec pellicule de 8 mm, la nouvelle merveille de Kodak, mais le prix de $53,25 le surprend. C’est 10 dollars de moins qu’à Montréal, mais il croyait l’obtenir beaucoup moins cher aux «États». Il a approximativement $300 américains dans son portefeuille, les cartes de crédit n’existent pas et les chèques canadiens ne sont pas acceptés en Floride. Avec Manon, ils analysent leur budget et estiment qu’ils ont suffisamment de fonds pour 15 jours. Ils décident prudemment d’attendre quelques jours avant d’acheter la ciné. Le résumé des dépenses quotidiennes, que tabule Manon sur une feuille de papier à l’entête du motel, indique qu’ils ont dépensé en plus des frais de la chambre: $14,08 le mardi, $12,05 le mercredi, $9,54 le jeudi et $7,30 le vendredi. Pour deux, le déjeuner leur coûte $1,35, le dîner varie de $1,00 à $2,65, le souper de $3,50 à $5,50, le marché pour remplir le réfrigérateur de la chambre a coûté $5,50, le cinéma $1,50 (ils assistent à la représentation du nouveau film Around the World in 80 days de Michael Anderson) et la crème glacée à 40 «cennes». Elle a acheté une bourse à $1,00, les frais d’autobus et un jus leur a coûter $1,25, leurs entrées à Parrot Jungle $3,00, deux chaises louées sur une plage pour soixante quinze «cennes» et ainsi de suite.
Leur frugalité leur permet d’acheter la Brownie. Ils pourront dorénavant capter sur pellicule les images de leur bonheur en Floride et les évènements futurs qu’ils vivront avec leur famille.
Les propriétaires du motel qui sont dans la quarantaine sont à couteaux tirés. Leur mariage ne tourne pas rond, mais malgré leur problème, ils sont très gentils avec les jeunes tourtereaux et leur prêtent quelquefois leur automobile. Manon et Claude apprécient beaucoup ce geste qui leur permet d’aller partout. Ils visitent Miami Beach, l’hôtel Fontainebleau, les nouveaux quartiers art déco, de grandes marinas, montent et descendent la rue Collins plusieurs fois en s’arrêtant ici et là, visitent le Monkey Jungle, magasinent sur la rue Lincoln, etc…
Ils utilisent aussi l’autobus et c’est le cas lors d’une grande sortie au nouveau restaurant Mai-Kai, qui compte déjà parmi les plus chics de Miami, où Claude a invité Manon. «Ce soir on fait un spécial» avait-il dit. En montant dans le bus vide, ils décident de s’asseoir sur le banc arrière. Le chauffeur ne dit mot. Quelques rues plus loin, deux femmes noires d’un certain âge montent à bord et se dirigent vers l’arrière. Apercevant Manon et Claude, ils leur reprochent d’être assis dans leur section et les chassent vers l’avant du bus avec de grands gestes. Nos tourtereaux espéraient que les femmes apprécient leur geste antiségrégationniste, mais le contraire arriva. Ils sont surpris de cette expérience. Le restaurant est merveilleux et son thème fait penser aux îles hawaïennes. Manon et Claude dégustent des entrées aux goûts exotiques et, comme mets principal, un poisson et un canard asiatique accompagnés d’un excellent riz frit, dit d’Hawaï. Ils sont impressionnés par les drinks tropicaux décorés de fleurs et de minis parapluies de papier. Ils apprécient aussi le spectacle polynésien de danseurs et danseuses aux jupes et couronnes de joncs avec de longs colliers de grosses fleurs au cou. Ils chantent et dansent le folklore de leurs îles accompagnés de tambourineurs et d’hommes pirouettant des flammes autour d’eux. Ils aiment beaucoup cet endroit où tout est nouveau pour eux. Lorsque l’addition est remise à Claude, Manon aperçoit le montant total et sursaute. Elle dit regretter qu’ils aient dépensé autant. Claude réalise qu’il a marié une femme plus que raisonnable. Il la prie d’oublier le montant de $13.00 et de se rappeler plutôt du bon moment qu’ils ont eu ensemble.
Durant leur dernière semaine, ils rencontrent un couple d’américains de New York qui logent avec eux à l’Olympia et deviennent amis. Ils sortent ensemble une couple de fois. La veille de leur retour à Montréal, les Américains proposent d’aller fêter ensemble, une dernière fois, au grand cabaret du super nouvel hôtel Eden Roc, sur le Millionnaires Row. C’est le POMPEII Café, une salle immense décorée de motifs de style grec-moderne qui, avec le Carnival Room de l’Americana et la salle La Ronde du Fontainebleau, présente un des plus grands shows de Miami Beach. L’hôtel, au design innovateur d’un resort and spa, devient vite un point de repère de Miami et un nouveau standard pour les hôtels en bordure de mer. L’ouverture officielle est fixée au mois de décembre, mais les spectacles commencent en septembre au rythme de deux par soir. Manon et Claude ont le privilège d’être parmi les premiers visiteurs. Ce n’était pas dans leurs projets d’aller dans un endroit si cher, mais ils se sentent obligés d’accepter pour ne pas déplaire à leurs nouveaux amis. Manon met ses plus beaux atours et Claude son habit et une cravate. Ils sont émerveillés par l’hôtel et y arrivent pour le premier spectacle de 21:30. Les quatre amis sont attablés aux premières rangées. Même si l’hôtel ne présente pas de grandes vedettes avant décembre (Harry Bellafonte sera la première), le coût du spectacle et du repas est $10,50 par personne, avec un verre de champagne. Le waiter propose les apéritifs. Manon et Claude choisissent un rye and ginger ale et les américains aussi. Le waiter suggère d’apporter une bouteille pleine, ce que Claude refuse et explique alors que c’est la coutume dans ce genre de cabaret et qu’à la fin de la soirée, il mesurera la quantité de rye restante et la créditera. L’Américain trouve que c’est une bonne idée, Claude se rallie devant Manon qui le regarde avec un air incrédule. Le repas est bon, le spectacle est à grand déploiement et les grandes danseuses sont sensationnelles. Il est suivi d’une période de danse au son d’un excellent orchestre, jusqu’au prochain show de 23:30. Manon et Claude sont heureux d’être là et s’amusent follement. Ils sont satisfaits jusqu’au moment où le waiter apporte l’addition. Tout est tel que prévu, sauf pour la bouteille de boisson. Elle est chargée à $20,00 et un crédit de $5,00 est alloué malgré qu’elle soit remplie au deux tiers. Le crédit par once est beaucoup plus bas que le coût chargé. Claude se voit obligé de payer $7,50 pour leurs deux verres de rye alors que le prix dans ce cabaret est de $1,50 par consommation. La soirée leur coûte $28,50. Manon et Claude sont désagréablement surpris même s’ils sont ravis de la soirée. Ils jugent de tels trucs malhonnêtes et mettent çà sur le dos de la pègre qui contrôle un bon nombre des hôtels. Il est temps qu’ils rentrent à Montréal puisque leur argent s’envole vite.
Ils quittent la Floride avec regret et rentrent à Montréal commencer leur vie matrimoniale. Le retour en avion se passe sans anicroche et ils sont accueillis par leurs parents, à l’aéroport de Dorval. Ceux-ci les accompagnent à leur logement de la rue Lacharité et, en y rentrant, Manon et Claude le retrouvent dans une condition impeccable et sont surpris de retrouver des fleurs sur toutes les tables et le réfrigérateur rempli de victuailles. Antoinette et Gaby y ont aussi apporté leurs touches personnelles.
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