du 23 juillet au départ


Pèlerinage à St-Jacques-de-Compostelle 1999 (suite et fin)

Juillet 23, vendredi. Estampilles, Colexio Lasalle san roque, Oficiana Peregninacion S.A.M.I. CaThedral Santiago.

À 5h du matin sous la lampe de poche le panneau annonce Santiago 17km. Enfin la dernière étape qui devrait me mener au bout de la route vers 8h30. Un os sur la piste dans la nuit. Le pied droit butte sur un moellon et patatras me voilà dans le fossé épineux. J’étanche le sang sans trop savoir où est la source. Je marche tout en maintenant en place le mouchoir et je tombe sur un groupe de pèlerins parmi lesquels se trouve une infirmière qui me pose un pansement sur le front. J’arrive ainsi à St-Jacques, fait la queue pour serrer dans mes bras des amis et faire une autre queue pour la Compostelane. Visite à l’ambulance de la Croix-Rouge. Pansement complet et antibiotique.

À 9h30, il y messe. Je communie et à la sortie me voilà harponné par des connaissances anxieuses de savoir ce qui m’est arrivé. Ma priorité est de me trouver un lit. Il y en a de disponible à Monte del Gozo à 5km. Très peu pour moi. Je frappe à la porte du Collège Lasalle où j’avais passé deux nuits 12 ans auparavant. On me propose une chambre pour une nuit, mais leur demande, étant donné mon âge et ma fidélité d’ancien client de rester 5 nuits. Conciliabule avec le patron et mon désir est exaucé. Je suis en ce moment dans un petit resto ayant mangé un plantureux plat de jambon rôti avec des piments forts plus deux verres de cidre. Beaucoup de bruit en ville. Je vais me coucher.

Juillet 24 samedi. Réveil frais et dispos après douche. Tour en ville à 9h. Calme total, tout est fermé. Pensais prendre un café au lait. Au retour j’écris cartes et lettres. À midi, un quart d’heure de cloches et de pétards. Sors pour (maller mes lettres). Foule dense, mais les hélicos patrouillent. Flânerie et repas. Retour pour sieste. La carcasse se réajuste doucement au régime de travail normal. (Pas de poids à trimballer), mais surprise, j’ai des maux de dos et des élancements sous les cuisses. Rien d’insupportable. Ce soir à minuit, feu d’artifice. J’ai vu les installations sur la place de la cathédrale et la place d’Obradoiro. Je n’y serai pas.

Juillet 25, dimanche. Le grand jour de la dernière année sainte du millénaire ! Temps gris virant à la bruine. Je me promène dans Compostelle à moitié endormi à 9h après la liesse et le feu d’artifice d’hier soir que je pouvais apercevoir de ma chambre. Je prends un café au lait/croissant et me dirige ensuite vers la cathédrale. J’apprends que le roi est venu hier. Réunion ministérielle, mort de Hassan II dont les funérailles auront lieu aujourd’hui et le roi y sera. Il quittera Compostelle vers 11h. Foule déjà aux portes de la cathédrale pour la messe des pèlerins. Je réussis de peine et de misère à me faufiler à l’intérieur où je tombe sur les copains belges. Ils m’apprennent qu’un français heurté par un camion est mort ce matin sur la route. 4e pèlerin mort.

Messe grandiose, archevêque entouré d’une soixantaine de prêtres, chœur magnifique et le botafumeiro (encensoir) à la fin. Le grand problème de la communion dans une cathédrale archibondée où il est impossible de se mouvoir est résolu de façon inusitée. Sous de grands parapluies bleu et blanc des prêtres distribueront les hosties à ceux qui par-dessus les épaules et les têtes de la foule arrivent à allonger suffisamment leur bras main ouverte où le prêtre, lui aussi bras tendu, déposera l’hostie. La sortie après que les envolées de l’encensoir de 45 kilos eurent cessé et la sortie en procession des prêtres précédant l’archevêque assurée, ce fut notre tour, pousser, tirer, basculer ne servait à rien. Il fallait simplement attendre dans une atmosphère étouffante où des centaines d’éventails s’agitaient dans la foule comme un vol rythmé de papillons. Et voilà. Comme tout doit avoir une fin le grand acte d’un grand jour pour l’Espagne et pour la ch

 

rétienté a été joué. La chasse pour l’acquisition de souvenirs que l’on rapportera à sa famille et des amis sera la dernière activité fébrile à accomplir avant de prendre le chemin du retour. Mais la baudruche est dégonflée. La grande émotion, l’envoûtement de ces lieux saints visités par des millions tout au cours de ce deuxième millénaire commencent à s’évanouir. Il ne reste que la foule bruyante en liesse.

Juillet 26, lundi. 9h du matin et le calme plat à Compostelle exception faite des pèlerins arrivant (beaucoup en claudiquant et faisant résonner leur bourdon ferré sur les pavés des rues) déçus d’avoir raté le grand moment et qui cherchent la route pour rejoindre le gîte, l’auberge ou le simple abri qui les attend. Beaucoup de visiteurs ont déjà quitté la ville hier, surtout des espagnols qui y étaient venus que pour la journée. J’achète La Voix de la Galice rédigé en espagnol et en galicien. Tous les détails sur la visite du roi, la mort et funérailles de Hussan et oh ! la !la ! la victoire stupéfiante d’Armstrong au tour de France y sont étalés. Je le conserve en souvenir de ce 25 juillet chargé de grands évènements.

Juillet 27, mardi. La cerise sur le sundae. Il fallait bien que quelque chose d’agréablement spécial se produise pour clore mon séjour à Compostelle. J’ai pris le petit déjeuner à l’Hôtel des Rois Catholiques en compagnie de neuf autres pèlerins, sept espagnols, un polonais et une brésilienne choisie non pas au mérite mais au hasard. Le café était bien bon, idem pour le lait chaud, les charros, croissants et autres pâtisseries. Ce soir, après une longue balade nostalgique dans la ville, je fais mon sac pour prendre la direction de la gare (à pied une demi-heure) demain matin. Victor sera à Hendaye pour me cueillir. Salut, bye, bye !

Juillet 28, mercredi. Mon départ attriste-t-il Compostelle qui, ce matin se cache la face derrière un voile de brouillard. Une demi-heure de marche pour me rendre à la gare. Café/croissant en route et me voilà rejoint par Pierre, l’ex-officier de marine que j’avais perdu de vue depuis une semaine et qui prend le train avec moi. On fête nos retrouvailles avec une tasse de café. Les blés sont fauchés !

Le carnet de pèlerin d’Armand Vignau pour l’Espagne (le premier couvrant la partie de son pèlerinage avant l’arrivée à Leon en Espagne a été perdu):