L’engagement militaire


Chapitre III

L’engagement militaire

Armand s’engagea à Bordeaux le 27 avril 1942 pour le 6e Régiment de tirailleurs Algériens et classé par le Conseil de Révision dans la 3e partie de la liste de recrutement de la classe de 1944.

À cet effet, il a déclaré n’être pas marié ni lié au service dans les armées de terre, de mer ou de l’air, ni comme inscrit maritime. Il a déclaré par écrit qu’il réunissait les conditions requises pour contracter un engagement dans l’armée française. Engagement provisoire qui ne deviendra définitif qu’après des tests d’aptitude physique passés en zone non occupée.

Le même jour, débuta les exercices et formation militaire accélérés.

Tests et examens médicaux subis avec succès.

Il reçut un avis de l’Intendant Agostini :

« Nous, Agostini, Intendant de 3e classe lui avons fait lecture d’articles de la loi du 5 octobre 1940 : de l’article 9 de la loi du 31 mars 1928, lequel ordonne de poursuivre comme insoumis les engagés qui ne se rendent pas à leur destination dans les délais prescrits ;

de l’article 3 de la loi du 5 octobre 1940, d’après lequel les engagés peuvent, dans l’intérêt du service, être changé de corps ou d’arme.

Après quoi nous avons reçu l’engagement de M. Armand Vignau, lequel a promis de servir avec honneur et fidélité pendant 3 ans à partir de ce jour. » Lecture faite à M. Vignau Armand du présent acte, il a signé avec nous.

Armand Vignau

B O R D E A UX

Ceux qui s’engageaient recevaient un avis sur la conduite à tenir pour engager et réengager qui se lisait comme suit:

Conformément aux ordres de l’Intendant Départemental toute fausse déclaration de votre part peut engager gravement votre responsabilité.

Partez muni de votre feuille de déplacement, de votre laissez-passer

et de votre dossier dans une enveloppe ouverte.

Dès votre engagement et pendant tout le voyage :

Conservez une tenue irréprochable comme si vous portiez déjà l’uniforme.

Abstenez vous de boissons alcooliques.

Observez scrupuleusement les règles de police des chemins de fer.

Lors du franchissement de la ligne de démarcation :

Conformez vous strictement aux ordres ou consignes qui vous seront donnés.

Prenez une attitude militaire correcte, si vous êtes interpellé par un représentant des autorités occupantes.

Après franchissement de la ligne de démarcation :

Rejoignez rapidement et sans délai votre corps, sinon vous encourriez de graves responsabilités.

En résumé, n’oubliez pas que vous êtes déjà un soldat français et que vous représentez un peu la France.

D’autre part, Armand acheta pour son propre compte un livre intitulé « Le Manuel du Gradé d’Infanterie » qui lui a beaucoup servi pour monter les échelons dans l’armée. Peu après avoir passé les tests, Armand rejoignit le « 9e Régiment des Tirailleurs Algériens » le 27 avril 1942.

Ligne de démarcation franchie. Arrivé à Valence (Drôme) le 5 mai 1942 au Centre de Regroupement des Engagés Volontaires pour l’Afrique du Nord (CREVAFN) caserne Latour-Maubourg.

Engagement devenu définitif. Contrat modifié le 20 juillet en faveur du 29e R.T.A. à Koléa, Algérie. Parti de Marseilles sur l’Elbiar (cargo mixte) le 5 août 1942 et débarqué à Alger le 7 août. Arrivé au 3e Bataillon du R.T.A. à Koléa le lendemain. (Entraînement très dur : 1 mois de manœuvres en montagne avec mulets suivi de formation en armes lourdes). Nommé caporal-chef de pièces antichar. Son séjour en Algérie débuta à Kolea (à 39 km d’Alger).

Cela lui permettait d’être plus près des Alliés qui avaient des plans pour débuter la libération de la France et de l’Europe via l’Afrique du Nord.


Histoire de la commune.

Koléa, fondé sous Hassane Ben Keïr Ed Dine, en 1550, fut d’abord peuplé d’Andalous ou Maures d’Espagne. Les Musulmans viennent y vénérer la Koubba de Sidi Embarek, Saint personnage du XVIe siècle; on y a enterré également un descendant du Saint : Ben Allal Ben Embarek, lieutenant d’Abd-el-Kader, tué au combat dans la province d’Oran, le 11 novembre 1843.

Koléa, détruite par un tremblement de terre en 1825, puis rebâtie, a des rues étroites plantées d’arbres et bordées de maison à l’européenne. Sur la place de la mairie, il y avait un monument en l’honneur du général Lamoricière (1806-1865), le fondateur des Régiments de Zouaves.

La Koubba est un important but de pèlerinage. Non loin de l’eau, une source bouillante de la Cité Reine du Sahel.


Ainsi, il a pu préparer le 1er débarquement des Alliés à Sidi Ferruch (à 30 km d’Alger) le 8 novembre 1942. Il faut souligner le fait que deux personnalités ont contribué à organiser les soldats volontaires pour préparer ces actions : le Colonel Baril et le Général Mast qui ont pour cela contredit les ordres de Vichy.

Durant son séjour en Algérie, Armand était devenu expert en décryptage et a pu participer à la Campagne de Tunisie de décembre 1942 au 22 mai 1943. Il a aussi participé à la préparation de l’entrée des Alliés en Sicile.

De retour en Algérie il est nommé Sergent.

Enfin, comme il maîtrisait plusieurs langues, qu’il avait participé à des actions militaires et qu’il était monté en grade, Armand était entré au Bureau central de renseignements et d’action (BCRA).

Le 28 novembre 1943, à bord du Scythia (vapeur anglais) qui faisait partie d’un convoi de 35 navires, il quitta Alger pour la Grande Bretagne.

Corvettes qui accompagnaient le convoi.

Arrivé à Liverpool le 10 décembre, après 13 jours de voyage, le convoi ne comptait plus que 34 navires. L’un d’eux avait été coulé par un sous-marin allemand!

En Angleterre, plus précisément à Londres, le 1er janvier 1944, il est affecté au 4e Bureau de l’État Major des Forces Terrestres en Grande Bretagne (FTGB).

Le 6 juin 1944, il est nommé Sergent-Chef.

Je n’ai pas beaucoup de renseignements sur son séjour à Londres, si ce n’est qu’un jour, après un bombardement, tout heureux, il constata que son appartement n’avait pas été touché. Ou encore, une autre fois, il était sorti d’un hôtel pour aller acheter des cigarettes et quand il revint, l’hôtel avait été bombardé.

Enfin, comme il parlait le basque, il avait été entraîné sous le nom d’« Antoine » pour être parachuté au Pays Basque afin d’aider ceux qui voulaient franchir la frontière espagnole ; la guerre se termina avant.

Au zoo de Londres avec un groupe d’écoliers en 1944, dont deux heureux de porter le couvre-chef des soldats et un qui semble les envier.

Le 14 février 1945, il embarque à Southampton sur le vapeur Danois Hardicanute et débarque à Rouen le 19 : il avait pour mission d’escorter les « Archives d’État–Major des Forces Françaises Libres » de Londres à Paris et enfin, après presque 3 ans d’absence, avoir la grande joie de revoir ses parents, ses frères et ses amis.

Armand, Joseph, Pierre le papa, Marianne la maman, Jean et Victor.

C’est avec le bel uniforme de Sergent-Chef qu’il retourna à la maison. Il note que c’est depuis cette époque qu’il a plus d’échanges avec ses parents, surtout avec son père.

Le 13 mars 1945, Armand est affecté après trois semaines de permission, à la 3e Compagnie du Quartier Général de la caserne Jeanne d’Arc à Rouen (Seine-Maritime).

Il a pour mission de former d’anciens résistants pour qu’ils intègrent l’armée. Il était devenu pour lors un spécialiste de maniement et de la réparation des armes.

Les élèves qu’il devait former étaien

t des étudiants de haut niveau qui connaissaient très peu la discipline militaire. Cette expérience lui était difficile, car ayant cessé assez tôt ses études, il avait surtout été formé par l’Armée. Le 28 mars 1945, il est muté au COI 103 2e Compagnie à Évreux (Eure). Dès son arrivée au quartier et après avoir rempli les formalités d’usage, il est affecté à la 1ère section de la 2e Compagnie, Compagnie d’instruction.

Le Lieutenant qui la commande l’a présenté à ses hommes qui devenaient les siens dès le lendemain. Il est nommé adjoint au chef des sections par le capitaine commandant la compagnie, très fier d’être ainsi favorisé dès son arrivée. Du 27 avril 1945 au 8 novembre suivant, il est détaché au Centre d’Instruction (CI)) d’infanterie No 2 du camp de Meucon (Morbihan) comme instructeur.

on (Morbihan) comme instructeur.

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