Démographie de la Tanzanie
La Tanzanie est peuplée de plus de 42.7 millions d’habitants. Le taux d’alphabétisation est de 69,4 % pour les personnes de plus de 15 ans. Sur le continent, 99 % de la population est d’origine africaine (dont 95 % de bantous répartis en plus de 130 ethnies), le 1 % restant étant représenté par des Asiatiques (260 000), Européens (20 000) et Arabes (70 000). À Zanzibar, la population est constituée d’un mélange plus homogène d’Africains et d’Arabes.
La Tanzanie accueille sur son territoire plus de 500 000 réfugiés provenant principalement du Burundi et de la République démocratique du Congo.
Il y a 4,16 enfants par femme pour un taux de mortalité infantile de 66.93 pour mille. Cette population a une espérance de vie de 53 ans, ce qui fait 14 ans de moins que l’espérance de vie moyenne dans le monde. L’âge moyen total est de 18,5 ans, pour les femmes de 18,7 ans et pour les hommes de 18,2 ans. Il y a un taux de croissance de 2,002 %, espérance de vie et taux de croissance diminués par une forte incidence des maladies infectieuses.
La répartition de la population est très inégale et largement périphérique avec des densités maximales dans les massifs du Nord-Est, au sud et à l’ouest du lac Victoria, dans les montagnes du Sud et sur la côte. À l’origine caractérisé par un habitat éparpillé en hameaux, le monde rural a connu une grande opération de « villagisation », destinée à faciliter le travail en commun et l’équipement; devenue systématique en 1974, elle n’a toutefois pas frappé les massifs les plus peuplés, où les maisons continuent d’être éparpillées au milieu des champs. Le taux d’urbanisation reste modeste à 34,3 %.
Climat et végétation
La Tanzanie ne connaît pas au même degré que le Kenya l’opposition entre plateaux et plaines sèches et massifs bien arrosés. Dans le Centre, où il tombe rarement plus de 1 m de pluies. Seuls le nord-est et le nord-ouest du pays ont des régimes climatiques de type subéquatorial, avec deux saisons de pluies; l’essentiel du pays connaît un rythme tropical, avec des pluies de novembre à avril. Les régions centrales, sauf les plus sèches, sont couvertes d’une forêt claire, le miombo, où pullulent les glossines (mouches tsé-tsé), parfois dégradée en savanes. Sur les massifs, l’étagement de la végétation (savane ou forêt claire, forêt mésophile, prairies d’altitude) tend à s’effacer avec la mise en culture. Il y a aussi les fameux et spectaculaires arbres, les baobabs.
Julius Nyerere et l’histoire du pays
En 1953, Julius Nyerere est un enseignant né en 1922, diplômé de l’université de Makerere en Ouganda puis d’Édimbourg. Suite à ses études, au début des années ’50, il prend la tête de la TAA (Tanganyika African Association), qu’il transforme rapidement en un véritable parti politique qui prône l’indépendance. Celle-ci est accordée par le Royaume-Uni le 9 décembre 1961, sans aucune violence. Julius Nyerere est un court temps Premier ministre, puis à la suite des élections de décembre 1962, devient le premier président de la République du Tanganyika.
Soucieux d’accélérer l’émancipation des Africains par rapport au monde occidental, Nyerere s’inspire des expériences communistes en Chine. Il s’engage résolument dans une politique socialiste. En février 1967, c’est la déclaration d’Arusha. Selon l’idéal de Nyerere, tout cela doit conduire à la création d’une société égalitaire, juste, solidaire, qui trouve dans ses propres ressources les moyens de son autosuffisance. L’éducation est la priorité numéro un. Il faut dire qu’il y a urgence dans ce domaine : la Tanzanie ne produit à cette époque que 120 diplômés par an.
Les principales industries et sociétés de services sont nationalisées, les impôts augmentés. Des communautés villageoises sont organisées sur des principes collectivistes. Des incitations financières encouragent la formation de coopératives. Les premiers résultats sont décevants. De son côté à Zanzibar, l’Afro-Shirazi Party (ASP) mène une politique implacable et totalitaire, à tendance ouvertement révolutionnaire. Les propriétés arabes et indiennes sont nationalisées. Quelques désaccords apparaissent entre Nyerere et le leader Karume du ASP. Ce dernier voulant se rapprocher davantage du monde communiste que Nyerere qui cherche, lui, à ménager au maximum les relations avec les Occidentaux. En 1972, Karume est assassiné pour des motifs qui restent assez obscurs. Puis, le premier choc pétrolier de 1973 vient assombrir davantage les perspectives économiques du pays.
Faiblement soutenue par les occidentaux, la Tanzanie reçoit l’aide de la Chine, qui souhaite pour sa part augmenter son influence en Afrique de l’est et construit, en 1975, la ligne de chemin de fer de Dar-es-Salaam à la Zambie. C’est aussi sur le modèle des communes chinoises que sont créés 800 villages collectifs, regroupant des populations d’origine ethniques et tribales différentes, et déplacées de force en camion. En 4 ans, de 1973 à 1976, 9 millions de personnes de différentes ethnies sont ainsi déplacées, dont les Massai. Cette politique casse brutalement les repères humains et communautaires des individus.
Ces politiques dirigistes et utopiques apportent de moins en moins les résultats escomptés. Les productions manufacturière et agricole régressent, la planification de l’économie par l’administration est inefficace.
Sur le plan politique, les partis de Nyerere et l’ASP fusionnent en 1977 pour former le parti de la Révolution.
Les relations de la Tanzanie avec ses voisins africains, en particulier ceux du nord, Ouganda et Kenya, se détériorent au fil des années. Le Kenya, plus proche des pays occidentaux, s’éloigne de plus en plus de la Tanzanie soutenue par les communistes chinois, et la frontière entre ces deux pays est même fermée de 1977 à 1983. En Ouganda, le dirigeant Idi Amin Dada, qui nourrit des ambitions d’expansions territoriales, reproche à son voisin tanzanien d’héberger des opposants à son régime. L’Ouganda attaque la Tanzanie à la fin de l’année 1978, et envahit les environs du lac Victoria. Les Tanzaniens, avec l’aide du matériel militaire chinois, parviennent, au bout de plusieurs mois d’efforts et au prix de lourdes pertes humaines, à reprendre les territoires perdus et occupent même l’Ouganda pendant presque deux ans.
La guerre a coûté cher, environ 500 millions de dollars. Au début des années 1980, sans réelle industrie, avec un secteur agricole improductif, la Tanzanie est l’un des pays les plus pauvres de la planète.
Le pays s’enfonçant dans l’échec, Nyerere commence à modifier progressivement sa politique dirigiste. Avec l’intervention de plus en plus grande de la Banque mondiale et du FMI, les incitations financières à la production collectiviste sont en partie réorientées vers un investissement pour les grandes fermes de l’État et pour les infrastructures routières. En 1984, la possibilité d’une propriété privée des moyens de productions apparaît et la société est, très progressivement, libéralisée.
En 1985, après 24 ans de pouvoir, Nyerere se retire de la politique.
C’est Ali Hassan Mwinyi, alors président depuis 1980 de l’archipel de Zanzibar, qui prend la succession de Nyerere. Ce dernier conservera jusqu’à sa mort en 1999 l’estime de beaucoup de Tanzaniens et d’une partie de la communauté internationale. On lui reconnaît le mérite d’avoir posé les bases d’un État démocratique pluriethnique.
De 1985 à nos jours
Mwinyi accélère l’ouverture et la libéralisation progressive du pays. En 1992, il autorise le multipartisme. En 1995, les premières élections multipartites ont lieu. C’est de Benjamin William Mkapa, un des disciples de Nyerere, qui est élu et réélu en 2000. Mkapa fait face à de nombreuses difficultés qui grèvent le décollage tant espéré du pays : crise économique, épidémie de sida, afflux de réfugiés qui fuient les guerres du Burundi.
En 1998, des attentats visent les ambassades américaines de Dar es-Salaam et de Nairobi au Kenya : on compte plus de 250 victimes et 5 000 blessés.
Après les élections de décembre 2005, Jakaya Kikwete devient le nouveau président de la république, le quatrième depuis la création de la Tanzanie. Kikwete est aussi président de l’Union africaine depuis le 31 janvier 2008 au sommet d’Addis-Abeba.
Les pays riches, comme le Canada, ont appelé la Tanzanie à améliorer sa gouvernance afin que les initiatives de développement puissent bénéficier aux groupes les plus démunis. Ils renforcent leur appui afin de répondre aux besoins de la population pauvre de la Tanzanie, toujours un pays en développement, et leur donne les moyens d’investir dans leur propre développement. Les trois premières cibles – l’aide, le commerce et la dette – visent à permettre à la Tanzanie d’accéder au marché mondial. Les trois autres cibles – l’emploi, les médicaments et la technologie – concernent leur accès à l’infrastructure et aux systèmes de savoirs nécessaires pour développer sa société.
J’ai visité la Tanzanie en 2005 et en 2012. J’ai vu une différence énorme dans la qualité de vie des Tanzaniens et l’organisation du pays. Il reste encore beaucoup a faire, mais le pays se redresse et se donne les infrastructures nécessaires pour améliorer davantage la qualité de vie de ses citoyens.
Gouvernance
Le Président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans. Il nomme le Premier ministre, qui représente le gouvernement devant le Parlement, et les ministres parmi les membres du Parlement ou parmi dix personnes non élues.
L’Assemblée Nationale, compte 274 sièges, adopte les lois s’appliquant à la totalité de la République. Par contre, le Gouvernement révolutionnaire de Zanzibar adopte certaines lois spécifiques puisqu’il dispose de son propre Parlement. Les parlementaires sont élus au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans.
Le pouvoir judiciaire est sensiblement plus compliqué car disposant de cinq niveaux combinant les institutions tribales, islamiques et de la Common law : tribunaux de première instance, tribunaux de districts, Cour Magistrale, Haute Cour et enfin Cour d’Appel.
La stabilité politique de la Tanzanie a permis l’installation du Tribunal pénal international pour le Rwanda à Arusha, chargé de juger les criminels de guerre lors du génocide rwandais de 1994.
La Tanzanie est membre du Commonwealth et des Nations unies. Dans les faits, même si l’union est bien célébrée avec le reste du pays, Zanzibar a conservé jusqu’à aujourd’hui une large autonomie. En pratique, c’est le gouvernement central tanzanien qui s’occupe des domaines « nationaux » de la politique à Zanzibar : Défense, Intérieur, Affaires étrangères, tandis que le gouvernement local zanzibarite traite des sujets comme l’éducation ou l’économie.
La Tanzanie affiche l’un des meilleurs bilans parmi les pays d’Afrique en matière de gouvernance et de respect des droits de la personne. La capacité de ses institutions est encore limitée mais s’accroît petit à petit, surtout au sein des ministères des Finances, de l’Éducation et de la Santé.
Le pays subit toujours les effets du ralentissement économique mondial. En 2011, la Tanzanie occupait le 152e rang sur 187 pays pour ce qui est de l’indice du développement humain établi par le Programme des Nations Unies pour le développement.
La sécurité alimentaire n’est pas une grande source d’inquiétude pour le moment. Cependant, la vulnérabilité de la Tanzanie est de moyenne à élevée à ce chapitre. Depuis plusieurs années, la production céréalière suffit tout juste à répondre à la demande intérieure. Encore aujourd’hui, l’offre d’aliments nutritifs et l’accès à ces produits varient d’une région à l’autre. Jusqu’à présent, l’État a réussi à régler ces problèmes au fur et à mesure.
La Tanzanie est en voie d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement concernant l’éducation, l’égalité entre les femmes et les hommes et certaines cibles en santé. Par contre, il lui reste beaucoup à faire pour atteindre les objectifs de réduction de la pauvreté, de réduction de la mortalité maternelle et de lutte contre le VIH/sida.
Photos de haut en bas: Jeunes tanzaniens, un maasaï, un baobab, Julius Nyerere, un léopard, un visage de lion, un impala mâle, un buffle, un chacal, un crocodile du nil.
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