« MAURICE RICHARD, LE JOUEUR LE PLUS EXTRAORDINAIRE QUE J’AIE VU! »
C’est le titre que j’écrivais, au mois d’octobre 1953, à l’occasion de la partie des étoiles au Forum de Montréal. Je n’ai pas changé d’avis depuis et même, s’il vient d’avoir 34 ans, Richard n’apparaît pas du tout comme un vétéran et on s’attend avec raison à une autre merveilleuse saison. Le printemps dernier, celui que l’on a surnommé avec raison le Rocket a terminé la saison en 2e place chez les pointeurs, à un seul point de Bernard Geoffrion, tout en ayant joué trois parties de moins. Cette absence dans trois joutes, les trois dernières de la saison, a signifié la perte de la première place du classement pour le club, le Détroit terminant en tête avec 95 points, 2 de plus que le Canadien. En plus, l’absence de Richard dans les sept parties de la coupe Stanley contre les Red Wings a certainement signifié la différence entre la victoire et la défaite.
Mais revenons à Richard comme joueur et à l’article dont je vous ai parlé, à la première personne. On peut l’admettre, j’en ai vu des joueurs, et des plus fameux, pendant toute ma longue carrière, comme spectateur aux joutes depuis 1916, puis comme « officiel », rédacteur ou commentateur à toutes les parties locales et à plusieurs à l’étranger, depuis 1922. Parmi ceux que j’ai vus et qui ont été assez célèbres pour être choisis au Temple de la Renommée du hockey, il y a eu Georges Vézina, Howie Morenz, Eddie Gerard, Chuck Gardiner, Dit Clapper, Frank Nighbor, Eddie Shore. Aurèle Joliat, « Newsy » Lalonde, Joe Malone, Bill Cook et Nels Stewart. Quel a été, à mon avis, le meilleur de tous ceux-là? Howie Morenz, pour un, a été choisi l’athlète de hockey du premier demi-siècle tandis que Joliat, Shore et Stewart, entre autres parmi ceux que j’ai vus, ont été mentionnés dans les votes des rédacteurs dans tout le pays.
Cependant. je n’hésite pas du tout à proclamer que le joueur le plus extraordinaire que j’aie vu sur des patins est le fameux porte-couleurs actuel du Canadien, Joseph-Henri Maurice RICHARD, le « Rocket », comme on l’a surnommé à juste titre. Des vétérans contesteront peut-être à première vue cet avancé. Cependant, je doute qu’il en soit de même après avoir pris connaissance des multiples records qui sont au crédit de Maurice Richard. Aucun, dans toute l’histoire du hockey, n’a pu compiler de telles marques en aussi grand nombre. Qu’on ne vienne pas dire que des grands joueurs d’autrefois auraient pu accomplir les mêmes exploits dans les conditions actuelles, plus grand nombre de parties, etc. C’est probablement vrai, mais il faut faire face aux faits actuels et il n’y a pas lieu d’établir des comparaisons avec le passé, étant donné que le présent, surtout dans la vie moderne que nous vivons, est ce qui compte.
Et en parlant de compte, ce qu’il en a compté des buts dans la Ligue Nationale, ce Maurice Richard ! Il a même réussi à abaisser la marque de Nels Stewart que personne n’avait pu approcher depuis plus d’une douzaine d’années et que tout le monde disait devoir rester, jusqu’à il n’y a pas si longtemps.
Richard en est, au moment d’écrire ces lignes avant la saison 1955-56, au total de 422 buts dans les parties régulières comparativement à 324 pour Nels Stewart et il n’a pas fini puisqu’il brille encore pour les Canadiens. En tenant compte des buts enregistrés dans les parties de la coupe Stanley. Richard a un total de 479 buts, soit plus que tout autre et de loin, et tout semble indiquer qu’il s’agit d’une marque qu’il sera bien difficile de dépasser.
En plus, il faut noter que la plupart de ces buts ont été enregistrés de façon tout à fait spectaculaire. Inutile d’insister sur les buts qu’il compta alors qu’il était harcelé de toutes parts et alors qu’en certaines circonstances, il transportait littéralement une couple de joueurs sur son dos ou sur ses épaules. Jamais je n’ai vu un joueur pirouetter, virevolter sur lui-même comme Richard pour décocher un lancer décevant au possible. En plus, il n’y a pas un seul gardien opposé au Racket qui n’ait reconnu en Richard le joueur le plus dangereux auquel il ait eu à faire face.
* * *
Mais ces totaux n’épuisent pas la liste impressionnante des records de Richard et même si elle est très longue, il n’est pas fastidieux du tout d’en prendre connaissance. Elle constituera l’argument le plus frappant pour convaincre ceux qui douteraient de la supériorité du Rocket.
- 1.-Le plus de buts dans les parties régulières, 422.
- 2.-Le plus de buts dans les parties régulières et dans les séries de la coupe Stanley, 479.
- 3.-Le plus de buts dans les séries de la coupe Stanley, 57.
- 4.-Le plus de points (buts et assistances) dans les parties régulières, 725.
- 5.-Le plus de points (buts et assistances) dans les parties régulières et dans celles de la coupe Stanley, 807.
- 6.-Le plus de buts dans une saison régulière, 50 buts en 50 parties, en 1944-45.
- 7.-Le plus de points en une joute, 8 dont 5 buts et 3 assistances. contre Harry Lumley du Détroit, à Montréal, le 28 décembre 1944. (Depuis, ce record de 8 points a été égalé par Bert Olmstead, bien que ce dernier n’ait compté que 4 buts.)
- 8.-Au moins un but par partie dans le plus grand nombre de joutes consécutives, 9, du 17 janvier au 11 février 1945. (Total de 14 buts.)
- 9.-Le plus de buts dans une partie de la coupe Stanley, 5, soit tous ceux de son club contre le Toronto, le 23 mars 1944.
- 10.-Le plus de « tours du chapeau » (enregistrement de 3 buts ou plus dans une même partie) dans les parties régulières, 22.
- 11.-Le plus de « tours du chapeau » dans les parties de la coupe Stanley, 4.
- 12.-Le plus de points dans les séries de la coupe Stanley, comprenant 10 classiques. 82 en 91 joutes.
- 13.-Le plus de buts dans un groupe de parties d’une série de la coupe Stanley, 12, en 1943-44 .
- 14.-Le plus grand nombre de buts dans une saison régulière de 60 parties, 45, en 1946-47.
- 15.-Le plus de fois compteur de 20 buts ou plus dans une saison, 12 fois, de 1943-44 à 1954-55 inclusivement.
- 16.-Le plus de fois compteur de 40 buts ou plus en une saison, 4, en 1944-45. 1946-47, 1949-50. 1950-51 (50, 45, 43. 42).
- 17.-Le plus de fois choisi dans les équipes d’étoiles de la Ligue Nationale, 12 dont 7 dans la 1èrere équipe.
- 18.-Le plus de fois dans les parties annuelles des étoiles, dans toutes. Depuis la première, en 1947.
- 19.-Choisi le plus de fois l’athlète de l’année, selon le « Sport Magazine », 2.
- 20.-Choisi le plus de fois comme étoile dans les parties régulières à Montréal et dans les parties de la coupe Stanley à Montréal et à l’étranger, alors que le choix était confié à l’auteur de ces lignes ainsi qu’à Elmer Ferguson ou Baz O’Meara.
- 21.-Le seul joueur désigné comme première, deuxième et troisième étoile de la même partie, dans une joule régulière ou dans une joute de la coupe, soit le 23 mars 1944, alors qu’il enregistra les 5 buts de son club.
- 22.-Le plus de buts gagnants dans les parties régulières et dans les séries de la coupe Stanley. Il a également compté le plus de buts égalisateurs.
- 23.-Membre de la ligne avec le plus grand nombre de buts en une saison de 50 parties, 105 en 1944-45.
- 24.-Membre de la ligne avec le plus de points en une saison de 50 parties, 220, en 1944-45, avec Lach, 80, Blake, 73 et Richard, 67.
- 25.-Membre de la ligne avec le plus grand nombre de buts dans l’histoire.
- 26.-Membre de la ligne avec le plus grand nombre de points dans un groupe de parties de la coupe, 48 en 9 joutes, en 1943-44, avec Blake; 18, Richard, 17 et Lach, 13.
- 27.-Le plus de buts par un ailier droit dans une saison régulière, 50, dans une saison de 50 parties, en 1944-45.
- 28.-Le joueur de hockey choisi le plus souvent l’athlète de l’année dans ce sport.
- 29.-Le plus de points pour un ailier droit en une saison, 73, en 1944-45 (record abaissé depuis).
- 30.-Le plus de « tours du chapeau » en une saison, 4 en 1946-47.
Maintenant, nommez-moi un joueur plus extraordinaire jusqu’ici? Et comme chiffres, voici le dossier complet de Maurice « Rocket » Richard depuis qu’il fait partie du Canadien de la Ligue Nationale.
LES CHIFFRES SUR RICHARD
SAISONS RÉGULIÈRES
Pun.
SAISON P. J. B. A. Pt. En
min.
1942-43 ………… 16 5 6 11 4
1943-44 ………… 46 32 22 54 45
1944-45 ………… 50 50(b) 23 73 46
1945-46 ………… 50 27 21 48 50
1946-47(d) ………. 60 45(e) 26 71 69
1947-48 ………… 53 28 25 53 89
1948-49 ………… 59 20 18 38 110
1949-50 ………… 70 43(i) 22 65 114
1950-51. ……….. 65 42 24 66 97
1951-52 ………… 48 27 17 44 44
1952-53 ………… 70 28 33 61 112(1)
1953-54 ………… 70 37(m) 30 67 112
1954-55 ………… 67 38(n) 36 74 125
– – – – –
TOTAUX 724 422 303 725 1017
SÉRIES DE LA COUPE
Pun.
SAISON P. J. B. A. Pt. En
min.
1942-43 ………… – – – – –
1943-44 ………… 9 12(a) 5 17 10
1944-45 ………… 6 6 2 8 10
1945-46 ………… 9 7(c) 4 11 15
1946-47 ………… 10 6(f) 5 l1(g) 44(h)
1947-48 ………… – – – – –
1948-49 ………… 7 2 1 3 14
1949-50 ………… 5 1 1 2 6
1950-51. ……….. 11 9(j) 4 13(k) 13
1951-52 ………… 11 4 2 6 6
1952-53 ………… 12 7 1 8 2
1953-54 ………… 11 3 0 3 22
1954-55 ………… SUSPENDU
TOTAUX 91 57 25 82 142
LEGENDES: (a) Plus grand nombre de buts dans une série de la coupe. – (b) Le plus grand nombre de buts dans une saison. (c) Le meilleur pour les buts dans les séries de la coupe 1945-46. (d) A gagné le trophée Hart, comme joueur le plus utile à son club. (e) Le meilleur compteur de buts en 1946-47. – (f) Le meilleur pour les buts dans les séries 1946-47. – (g) Le plus de points dans les séries 1946-47. – (h) Le plus grand nombre de minutes de punitions dans une série de la coupe. – (i) Le plus de buts dans la saison. (j) le plus de buts dans les séries. – (k) Le plus de points dans les séries, égal avec Max Bentley. – (1) Le plus puni. – (m) Le plus de buts. – (n) Le plus de buts, égal à Bernard Geoffrion.
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