au 28 février 2003


Ce dialogue traite de la politique militariste des USA, de solutions pour contrer la montée des islamistes en Algérie, du ridicule des attaques américaines contre les Français suite à la position de la France en rapport avec la guerre en Irak et de la mise sur pied d’états généraux en Algérie pour définir la constitution.

Au 28 février 2002

Mansour: Le plus grand bénéfice que je tire de notre correspondance continue c’est que tu plantes souvent des idées dans mon subconscient et sans même faire d’effort je continue à réfléchir à ces idées. Ton résumé du livre sur la 3ième guerre mondiale est un exemple de ce phénomène. Dans la partie économique de ton résumé, tu parlais d’une crise économique mondiale inévitable qui montrera son nez bien plus tôt que nous le pensons. Et dernièrement sans aucune suite logique je me suis trouvé à penser aux effets à long terme de la politique militariste de Bush sur l’avenir de l’économie américaine. En tant qu’économiste, je sais que cette politique militariste allait un jour ou l’autre avoir des conséquences négatives sur l’économie nationale de ce pays. J’ai discuté de ce sujet avec mon frère Ali et j’ai été foudroyé par son interprétation de la situation actuelle de la politique militariste des Américains. Il m’a rappelé comment le bloc soviétique s’était effondré, non pas à cause d’un ennemi extérieur mais plutôt à cause de ses dépenses militaires nettement au-dessus de ses moyen. Il s’est effondré de l’intérieur. Ce fut une implosion. Pendant que les USA dépensent plus de 500 milliards $ par an uniquement sur la défense, l’Europe et la Chine en particulier s’activent à devenir de plus en plus compétitifs dans un monde économique qui devient de plus en plus mondial. Il est vrai que l’économie américaine est capable de supporter un tel fardeau militaire imposé par la Maison Blanche, mais jusqu’à quand ? Déjà, la situation financière des États américains et des grandes villes américaines est dramatique. Les services sociaux, indispensables à une cohésion nationale, sont déjà remis en cause partout. Le monde rural américain, berceau du pouvoir des républicains depuis toujours, est déjà au désespoir. La situation du système de l’éducation aux USA est déprimée. Toutes les universités ont vu les subventions fédérales et même locales diminuer drastiquement ces derniers temps. Le système sanitaire du pays est en crise. Les médecins dans les hôpitaux aussi bien que les patients sont en colère. Mais plus grave encore, je crois, est l’écart entre les «haves» et les «have not»qui ne cesse d’agrandir au point qu’il n’a jamais été aussi grand. La classe moyenne est en train de vivre un cauchemar. Et toute cette situation socioéconomique du pays est le résultat de la politique de ti-Bush. Clinton avait créé plus de 20 millions d’emplois durant son passage à la Maison Blanche. Bush en moins de deux ans a perdu plus de 2 millions d’emplois alors qu’il avait promis de faire mieux que son prédécesseur.

Claude: Il semble bien que les auteurs du livre que j’ai résumé ont raison. Je qualifie la situation aux États-Unis d’alarmante aux points de vue économique et social. Elle peut, si rien ne change, déclencher une crise mondiale qui affectera avant tous les Américains. Que le pays subisse le même sort que l’URSS et devienne l’objet d’une implosion de son système politique, je ne le crois pas car c’est un pays de libre entreprise et non totalitaire comme celui des Soviets. La richesse des individus et leur grande capacité de travail la protègent de ce côté-là mais sa population et celle du monde souffriront beaucoup si la crise se réalise.

Mansour: Pour quelqu’un qui a passé une grande partie de sa vie à faire de la politique d’une manièretrès active, je me demande comment tu peux rester à ce jour aussi utopiste quand il s’agit de l’Algérie ou de n’importe quel pays arabe en fait. J’aimerais tout d’abord te rappeler qu’une constitution nationale est un aboutissement d’une très longue réflexion, de dialogue et de compromis pour arriver en fin de compte à un contrat social accepté par du moins la grande majorité de la société, qu’elle traduira en un texte légal. De plus, il n’y a pas que les constitutions fédérales qui ont aidé les démocraties occidentales à prendre racine en Europe ou même en Asie (le Japon, l’Inde, la Corée du sud, etc.).

Claude: Je suis en accord avec toi en rapport avec la constitution. C’est vrai que j’ai suggéré une constitution fédérale pour l’Algérie, mais je n’ai pas dit que c’était la seule possibilité. C’était surtout une idée que j’émettais. Idéaliste, oui je le suis. Utopiste, je ne le crois pas. Mais je suis aussi un homme pratique, très terre à terre même. Mais je pense, je réfléchis, je compare, je m’informe et je me fais une idée. Quand je parle avec toi de ton pays ou d’un autre, ce n’est que le fruit de mes conclusions qui peuvent être erronées même si je veux qu’elles soient les plus justes possible. Oui, une constitution est toujours une grande chose à réaliser, et il me semble que ce serait utile à l’Algérie de réunir les états généraux de la nation pour définir une nouvelle constitution qui pourrait respecter toutes les composantes du pays et donner au pays le document sur lequel le futur démocratique du pays pourrait se développer. Lorsqu’un pays a une minorité importante comme la Kabylie, une constitution fédérale est une bonne idée afin que cette minorité ait un minimum de pouvoir pour protéger sa culture, sa langue et assurer à ses citoyens une protection sociale.

Mansour: Comment peux-tu envisager une constitution fédérale ou fédéraliste en Algérie, alors que la grande majorité de la population algérienne est culturellement très unitaire (politiquement parlant- Algérie une et indivisible, un pouvoir central très fort etc…). Quelles sont les forces politiques présentes aujourd’hui en Algérie promouvant cette idée d’une Algérie décentralisée et même fédérée ? Je n’en connais pas. Comme Ali te rappelait dans son premier commentaire, la politique est l’art du possible, n’est-ce pas. Même le mouvement d’opposition Kabyle d’aujourd’hui nous rappelle à tout moment qu’il est contre une constitution fédéraliste en Algérie. Et pour cause! Les Kabyles sont encore plus imprégnés par la révolution française et ses institutions politiques que le reste des Algériens.

Claude: L’utopiste, c’est qui alors, si ce n’est pas le mouvement d’opposition kabyle? Il souffre, son peuple est minoritaire, non reconnu, sa langue n’est pas officielle, sa population ne participe pas comme il se doit aux décisions de la nation, ses leaders sont en prison, etc… et voilà qu’il continue à prêcher pour un pouvoir central fort avec lequel, dans le passé, il n’a que souffert. Est-ce réaliste? Ne pourrait-il pas y avoir une autre solution? Au Canada, c’est le fédéralisme qui a sauvé les Canadiens français, car ils ont pu, même minoritaires, se redresser et prendre leur place dans le pays qui avait été conquis par les Anglais. Ils ont réussi, parce qu’ils sont forts en politique, à rallier à leur cause certains députés Canadiens Anglais et agir comme s’ils avaient la majorité. Et ce n’est qu’à partir du moment où, il y a plus de 200 ans, Londres a finalement donné le pouvoir responsable (soit le droit de voter et d’appliquer les lois) à la chambre des députés du Haut-Canada et du Bas-Canada, que l’on a vu les francophones commencer à se redresser la tête. Tu parles du Canada d’alors comme un pays riche avec des citoyens éduqués, alors que seule une poignée d’individus avaient le genre d’éducation auquel tu fais allusion. La démocratie n’est pas seulement bonne dans les pays avec une classe moyenne éduquée et forte. Je ne crois pas à cela. Le gros bon sens d’une population compte aussi pour beaucoup dans une démocratie. Nier le contraire est nier la réalité.

Mansour: Quand bien même une main de Dieu nous offrait une telle constitution, je reste persuadé que l’assemblée nationale algérienne issue d’un tel système sera en grande majorité islamiste. L’islamisme fondamentaliste a toujours été le produit du malaise social (la mal vie du peuple comme on le répète tout le temps en Algérie). Et la situation économique et sociale ne peut que s’aggraver chez nous avec le régime de Bouteflika. A un moment donné j’avais moi aussi cru à l’expérience démocratique en Algérie comme la meilleure voie pour sortir ce pays du marasme dans lequel il se trouve depuis la mort de Boumediene. Pour la première fois dans ma vie j’ai voté aux élections présidentielles il y a trois ans. J’ai même voté pour Bouteflika, imagines-toi. Il n’a tenu aucune de ses promesses électorales. Il a lancé trois grandes réformes (l’éducation, la justice, le rôle de l’État). Les intentions soutenant ces réformes étaient toutes louables. Mais aucune de ces réformes n’a vu le jour. Il les a abandonnées une après l’autre à cause de sa peur de la mouvance islamiste en Algérie. Ne parlons pas de la manière dont il a géré la crise Kabyle.

Claude: Comme je t’ai déjà dit, ce n’est pas parce que l’on a une démocratie que les élus sont bons. Souventes fois on se trompe, mais on peut éventuellement les remplacer et se reprendre. Bouteflika n’est pas à la hauteur, c’est triste mais ce n’est pas la fin du monde. Il y aura d’autres élections, mais seront-elles libres ? La loi électorale favorise-t-elle le parti au pouvoir ou est-ce une loi qui favorise l’égalité de tous les candidats ? Le financement des partis est-il équitable pour chacun ? Les partis ont-ils accès également aux moyens de communication ? L’armée est-elle dans les casernes ou influence-t-elle le vote ? Pour avoir une certaine légitimité, une élection doit respecter les critères démocratiques reconnus. Les lois peuvent aussi définir qui sont les partis éligibles dans une élection, sur la base de critères universellement reconnus.

Mansour: Sur le plan économique, Bouteflika avait chargé le ministre des hydrocarbures et des mines de préparer une loi moderne pour enfin engager l’Algérie dans ce monde d’économie globale. Dans nos dialogues précédents, je t’ai expliqué que mon ami Djamal Rouag et moi avions étudié cette nouvelle loi très sérieusement et nous avions applaudi le courage de ce ministre de proposer quelque chose de sérieux. Mais dès que le FLN et la centrale syndicale L’UGTA ont commencé à accuser le régime de vouloir privatiser la Sonatrach, Bouteflika n’a rien trouvé de mieux que de remettre cette proposition de loi dans les tiroirs, comme il l’avait déjà fait avec les grandes réformes que je t’ai signalées précédemment. Le résultat de tout cela, c’est que le peuple algérien n’a jamais été aussi désespéré qu’aujourd’hui. Le taux de chômage national dépasse déjà 30% (les taux des grandes dépressions en Europe et en Amérique du nord dans les années 30), et celui des nouveaux diplômes algériens dépasse actuellement les 70%. Comment veux-tu que dans une telle situation économique et sociale le peuple algérien n’écoute pas les sirènes islamistes ?

Claude: Oui tu as raison, ce manque d’action positive du gouvernement ne fait que jeter de l’huile sur le feu, et les jeunes qui étaient déjà découragés deviennent totalement désespérés et cherchent, comme tu dis, des solutions chez ceux qui les entraînent vers des actions radicales en disant que l’islam est la solution.

Mansour: Regardes les résultats des dernières élections en Turquie. Et pourtant la situation économique en Turquie est loin d’être aussi mauvaise qu’en Algérie. Malgré la crise économique sévère qui étouffe la Turquie, le revenu par tête d’habitant dans ce pays reste tout de même au-dessus de 6700 US$, alors que celui de l’Algérie est tombé de 2500 US$ dans les années 80 et à moins de 1500 US$ aujourd’hui. Si la constitution turque n’avait pas donné le droit de veto à l’armée turque, aujourd’hui ce pays serait dirigé par les islamistes aussi militants que ceux qui ont dirigé l’Iran depuis la chute de la royauté dans ce pays. Je suis pour une démocratie, mais je ne veux pas préparer le lit d’un régime comme celui des Talibans, uniquement pour satisfaire mon intellect. Il y a 35 millions d’algériens qui sont en jeu après tout.

Claude: Je te comprends et ce que tu dis est conforme au résumé du livre que j’ai fait de la 3ième GM. Le danger des islamistes est réel et doit être contré. Comment? Voilà la question. Sûrement que les USA par leur manque de diplomatie souple et compréhensive de la géopolitique mondiale, contribuent beaucoup à faire monter aux barricades les jeunes islamistes. Le conflit du Proche-Orient et l’attitude partisane du président américain en faveur de Sharon ajoutent aux problèmes. Et, maintenant, la guerre fabriquée par ti-Bush envers l’Irak, mettra la cerise sur le gâteau et créera des éclatements d’émotions vives qui viendront nous bousculer tous dans nos vies. Les leaders du monde, en commençant par ceux des gouvernements des pays arabes, ont une grande responsabilité pour trouver des politiques qui peuvent apaiser ces mouvements révolutionnaires. Je ne connais pas la solution, mais je sais que les attitudes actuelles ont créé le problème qui ne fait que se révéler. Je crains les échos éventuels des islamistes de l’Asie centrale qui viendront s’ajouter à ceux que l’on connaît. Ce sera un débordement qui s’annonce incontrôlable.

Une constitution en Algérie qui donnerait à l’armée un pouvoir similaire à celle de Turquie pourrait être une solution pour assurer un gouvernement démocratique dans ton pays. Il faudrait cependant que la constitution soit claire sur ses objectifs et que l’armée soit disciplinée et sincère. C’est pourquoi je t’ai déjà suggéré l’organisation d’États Généraux de la nation pour définir cette constitution.. Le rôle de l’armée serait de surveiller que le gouvernement élu par le peuple la respecte. La Turquie, état laïc, donne un bon exemple.

Mansour: Plutôt que de philosopher sur les valeurs morales de la démocratie je préfère te donner mes idées pratiques sur une voie possible pour sauver l’avenir de l’Algérie. Je crois dur comme fer, que nous avons besoin d’un régime centralisé très fort, à l’image de la 5ième république française de De Gaulle. Je crois aussi que dans la situation actuelle du pays, seule l’armée peut initier une telle révolution et la défendre.

Claude: Que c’est triste de lire ce que tu écris. Il me semble que tu laisses tomber les bras et revient aux vieux arguments du passé. Il n’y a rien de neuf dans ce que tu préconises. N’est-ce pas ce qui se fait depuis la révolution. Cela manque d’imagination. Je ne philosophe pas, je propose les États Généraux de la nation pour définir la constitution. Cela s’est fait ailleurs et cela peut se réaliser en Algérie. Cela aboutirait sur un système politique qui favoriserait la reconnaissance des besoins de l’Algérie et de ses composantes. Chaque Algérien serait représenté officiellement au parlement par un député de sa circonscription électorale.Le président pourrait être élu par le suffrage universel ou par une majorité de députés comme au Canada. Le respect de la constitution serait essentiel au maintien du gouvernement.

Mansour: Pour qu’une nouvelle révolution se fasse dans l’intérêt du pays, je crois que nous avons besoin d’un coup d’état au sein même des services de sécurité de l’Algérie. Il faut qu’un groupe de jeunes officiers aient le courage de remettre en cause le leadershipactuel de ce corps d’État. Là, où je ne suis pas entièrement d’accord avec mon frère Ali c’est quand il te dit que l’Algérie a besoin d’un grand chef (De Gaulle, George Washington, ou Mandela). L’Algérie a déjà démontré dans histoire récente qu’elle elle était capable de remettre en cause le leadership de sa lutte de libération sans avoir un Mandela ou un Gandhi. Les militants qui ont déclenché la guerre de libération nationale en 1954 n’étaient pas dirigés par des grands chefs stratégistes. Il en sera de même un jour ou l’autre dans les rangs de la seule organisation qui compte aujourd’hui en Algérie, à savoir les services de sécurité. Il ne faut pas oublier que les officiers au-dessous des généraux sont issus après tout de toutes les sections de notre société. Ils n’ont pas profité de la manne du pétrole comme leurs chefs généraux. Ils vivent dans des conditions souvent très misérables. Et un grand nombre d’entre eux, après tout, doivent tout de même avoir un sens du devoir national. Tout comme leurs frères aînés, qui étaient militants du PPA/MTLD dans les années 50, ces jeunes officiers savent que l’avenir à long terme de leur pays dépendra de leurs actions aujourd’hui. Pour résumer rapidement toutes mes élucubrations à ce sujet, je crois que l’Algérie trouvera un jour ou l’autre la voie pour barrer la route à ces fous de dieu. Je ne sais pas quand ou comment, mais j’en suis persuadé.

Claude: Je comprends mieux ce que tu dis. Mais que le ou les nouveaux leaders viennent des services de sécurité, ou d’ailleurs, n’est pas important. Ils viendront. Et le gouvernement qui dans une telle situation serait vite renversé, serait mieux aujourd’hui que les États Généraux de la nation pour discuter de tout cela dans un grand débat public, télévisé, où seraient définis les critères constitutionnels pour une orientation, et une organisation du pays pour rallier la majorité et faire respecter toutes les minorités.

Mansour: J’espère qu’après tout cela j’ai réussi à te convaincre tout de même que le problème de l’Algérie aujourd’hui, n’est pas tellement l’instauration de la démocratie telle que tu la conçois, mais plutôt comme une lutte contre le fléau du fondamentalisme islamiste. Je suis prêtà m’allier au diable s’il le faut pour empêcher ce mouvement de prendre le pouvoir chez moi.

Claude: Es-tu certain qu’une élection, aujourd’hui, organisée sous une constitution de type confédéral pour reconnaître les droits de chaque composante du pays, résulterait dans la mise au pouvoir des islamistes à la tête du pays, surtout depuis les massacres qu’ils ont perpétrés dans le pays durant les 10 dernières années. Sur quoi te bases-tu pour affirmer cela? Il me semble que tu penses que le peuple algérien, le moins instruit, n’a pas une goutte de bon sens et qu’il ne tiendra pas compte des victimes générées par le rejet du FIS. Cela me semble invraisemblable. Tu remarqueras que je cherche des solutions pratiques et à long terme. Et, ce n’est certainement pas avec le diable que vous les trouverez !

Mansour: Une fois de plus la démocratie est un très beau mirage, même dans les pays comme les USA (est-ce que la démocratie et les droits de l’homme ont protégé les arabes vivants dans ce pays ces derniers temps). On accuse un professeur palestiniens d’avoir émis des sentiments favorables aux Palestiniens sous occupation israélienne pour se défendre, même par voie de terrorisme, mais on porte au ciel les sionistes israéliens qui veulent à tout prix démontrer que la guerre contre l’Islam est non seulement inévitable mais désirable pour la survie de la civilisation judéo-chrétienne. Dernièrement, j’ai vu à la télévision américaine publique un débat sur l’avenir de l’Islam organisé par l’association chrétienne. Aucun musulman n’avait été invité à ce débat. Par contre Daniel Pipes, sioniste jusqu’au plus profond de sa moelle et un pauvre et illustre inconnu chrétien égyptien nommé Labbib Mikhael ont passé plus de la moitié du temps réservé à ce forum à démontrer que la religion de l’Islam n’est rien d’autre que le reflet des idées fascistes, nazistes et même, tiens-toi bien, léninistes-marxistes. Malgré tout cela vive la démocratie ! ! !

Claude: Ce que je crois que tu ne vois pas, c’est qu’une grande partie du peuple américain ne gobe pas, de plus en plus, des sottises de la sorte qui viennent souvent de fascistes de droite. Ti-Bush et sa gang perdent, jour par jour, l’appui international qui les ont appuyés au lendemain du 9/11. Petit à petit, le peuple américain réfléchit et retire son accord aux arguments favorables à la guerre. A peine 20% du peuple américain aujourd’hui veut la guerre sans l’accord des Nations Unies. Une majorité accepte si les Nations Unies donnent le feu vert. Je suis aussi de cette opinion. Et je crois qu’une majorité mondiale existe pour cette position. Alors ne t’inquiète pas des sottises qui envahissent les ondes ces jours-çi. Le peuple américain a toujours démontré un gros bon sens, et cette qualité primera encore.

Mansour: Mieux encore, le flambeau de cette démocratie universelle, à savoir la démocratie américaine, s’est admirablement montrée à travers les «mass media» américains les deux dernières semaines. Voilà que tout d’un coup le pays de Voltaire, Victor Hugo, Descartes, Montesquieu et Diderot, ou l’architecte même de la nation américaine, à savoir la France, qui avait appris les valeurs humaines universelles à Jefferson qu’il avait imposées à ses combattants de libération, se retrouve aujourd’hui humilié à travers les ondes comme un pays qui n’a jamais eu de valeurs d’honneur ou de morale. L’Amérique a oublié que la France depuis pratiquement Charlemagne n’avait jamais cessé de sacrifier ses enfants au nom de la grandeur de la France jusqu’à la guerre d’Algérie. Cette Amérique d’aujourd’hui amnésique plus que jamais, n’arrive pas à comprendre que si le peuple français était réellement comme il est décrit aujourd’hui dans la presse américaine, les américains auraient peut être été obligés de parler l’allemand pour communiquer avec le reste du monde. Si la résistance française n’avait pas empêché Hitler d’avoir un contrôle complet de la France, est-ce que le sort de la deuxième guerre mondiale aurait été le même? J’en doute. La phobie encouragée et même orchestrée par notre ami Bush contre la France, est-elle un petit mal à accepter au nom de ce fameux concept de la démocratie ?

Claude: J’écoute ces arguments anti-français avec un sourire, tellement que le tout est ridicule. Le temps passera et le tout redeviendra normal. N’oublie pas que les Anglais n’aiment pas les Français, et les Français n’aiment pas les Anglais. Cela ne vient pas d’hier, mais depuis la guerre de cent ans. Alors il n’y a rien de neuf. D’ailleurs, c’est surtout sur le Fox Channel que l’on entend ces conneries épouvantables. Mais les arguments de ses animateurs, à la solde du parti républicain et ses agents, sont tellement injustes et ridicules, que je n’écoute plus cette chaîne. Et je ne suis pas seul. Ce ne sont pas les USA. Il ne faut pas exagérer de ton côté contre l’Amérique. Résistants français ou non, les alliés auraient battu les Allemands quand même. Ta rage face au ridicule que tu entends sur les ondes américaines est trop forte. Je te suggère de réagir pour ce que ça vaut. Et ça ne vaut pas cher !

Mansour: Déjà les vins français ne sont pas servis dans les restaurants américains. On parle maintenant de boycotter tous les produits non seulement français mais aussi Allemands. Et vive la démocratie et surtout les accords internationaux signés par ce même pays dans le domaine du commerce. Est-ce que tout cela ne te rappelle pas le comportement d’Hitler vis-à-vis des juifs en Allemagne durant son ascension au pouvoir dans les années 30. A mon avis, tout comme nous avons connu des périodes de néo-colonialisme ou néo-impérialisme de la part de l’Angleterre et de la France en particulier, nous assistons aujourd’hui à une résurgence d’un néo-fascisme aux USA. Il est vrai que ce n’est pas la première fois que les USA ont eu à faire avec ce virus politique.

Claude: Que tu exagères ! Sois calme.

Mansour: La période des années 50, avec le sénateur McCarthy, était certainement importante mais en vue de la puissance envahissante et destructive de l’Union Soviétique de l’époque. L’Amérique avait rapidement repris ses sens. Mais le problème aujourd’hui, c’est que l’Amérique n’a plus de contrepoids comme l’Union Soviétique. Elle a à faire avec les Talibans de l’Afghanistan, le pauvre Saddam Hussein (qui ne peut même pas avoir confiance en sa soi-disant garde républicaine) et la Corée du nord qui ne peut même pas atteindre les côtes occidentales des USA avec ses missiles.

Claude: Le vrai problème des USA est ti-Bush. Il s’avère le pire président que les USA ont eu à ce jour. J’ai confiance que les Américains voient de plus en plus la réalité et le juge pour ce qu’il est.

Mansour: Je ne sais pas ce qui fait d’un individu un véritable chef d’état. J’ai connu des français qui étaient très proches de Jacques Chirac et qui étaient très souvent très déçus de ce leader. Je t’avoue tout de même que devant cette crise irakienne il s’est vraiment comporté comme le général De Gaulle. Il est vrai qu’il n’a rien à perdre puisqu’il est déjà à son dernier mandat présidentiel. Mais, justement parce qu’il est à son dernier mandat, il commence enfin à nous montrer ses vraies couleurs et ses ambitions pour la France à long terme. Pourvu que cela dure.

Claude: Chirac a toujours été un très bon politicien. Il l’a démontré en retournant Jospin à ses papiers, alors que les sondages le disaient en danger. C’est un homme de principes aussi et il le démontre dans le dossier de l’Irak. J’ai beaucoup d’admiration pour cet homme et pour le peuple français qui, uni, lui donne encore une fois un appui indéfectible. Il a été élu avec la presque totalité des voix et aujourd’hui encore il a la presque totalité de l’opinion française. Cela est impressionnant. Il est la seule solution à la guerre. Vive la France

À bientôt