La guerre des Boers


De 1899 à 1902, un conflit armé opposa les Britanniques et les colons hollandais. Ce fut une guerre meurtrière qui fit des dizaines de milliers de victimes. Du côté britannique, on dénombra près de 28,000 morts tandis que les Afrikaners perdirent 4,000 hommes et plus de 25,000 civils ont péri dans les camps de concentration.

L’Angleterre avait conquis le Cap de Bonne Espérance en 1814 et durant tout le 19e siècle, la colonisation avait pris de l’expansion en Afrique du Sud. Petit à petit cet envahissement des colons britanniques créa un sentiment de frustration chez les Afrikaners qui entreprirent une migration massive, « le mouvement du Grand Teck », vers le Transvaal et l’État Libre d’Orange. Le Natal devint colonie britannique en 1843. La découverte de gisements d’or à Witwatersrand, dans la région sud du Transvaal, amena le malaise entre les deux communautés à un point culminant et le ressentiment était tel que la révolte devenait inévitable.

La guerre éclata.

Normalement, Gandhi aurait dû appuyer les Afrikaners contre les Anglais; ses sympathies personnelles penchaient du côté des Boers. Mais en tant que sujet Britannique son opinion personnelle ne devait pas prévaloir dans tous les cas et il devait se soumettre à l’autorité de l’État. Bien qu’il fut conscient que les Indiens n’étaient pas respectés par les Anglais, il espérait que leur situation s’améliorerait sans doute en les aidant dans cette guerre.

Gandhi aurait été de loin plus populaire auprès des siens en refusant de participer au conflit. Ce n’était pas sa manière de faire; il n’était pas le genre à se dérober. Il décida que les Indiens ne participeraient pas en tant que soldats mais qu’ils serviraient dans un corps de brigadiers. Cette décision fut bien reçue en Angleterre et en Afrique du Sud.

Le corps de Gandhi se distingua par son courage et son endurance. Bien que normalement, il n’avait pas été prévu qu’il interviendrait sur la ligne de feu, Gandhi conduisit ses troupes sur le champ de bataille pour ramasser les blessés et les transporter à l’hôpital militaire. Un certain nombre de brancardiers indiens reçurent la médaille de guerre et le Corps des ambulanciers fut mentionné dans les communiqués.

Gandhi avait espéré que le courage manifesté par les Indiens à côté des Anglais dans la guerre des Boers diminuerait l’animosité des blancs envers les Asiatiques de couleur. Ce ne fut pas le cas.

La Grande Bretagne, soucieuse à tout prix, de panser les plaies des Boers après la signature de l’armistice évita de faire quelque concession que ce soit aux Indiens de peur d’indisposer les Boers. Chamberlain écouta le plaidoyer de Gandhi et il y répondit évasivement. La discrimination contre les Indiens refit surface; les officiers britanniques qui décidèrent de ne pas retourner aux Indes avaient la mentalité du « sahib » blanc qui considère les gens de couleur comme une race inférieure.

En janvier 1907, dans un discours prononcé à Standerton, le général Botha déclara : « Si je reviens au pouvoir, nous chasserons les « coolies » d’Afrique du Sud en quatre ans. » L’année précédente, il avait déjà dit: « Le cancer asiatique doit être extirpé de façon radicale. » Gandhi, déjà reconnu comme chef de la communauté indienne empêcha la réalisation de ces projets.

Cette discrimination raciale était supportée par un sentiment de jalousie; les Indiens étaient assidus au travail, ils étaient patients et peu exigeants; c’étaient des citoyens modèles. Déjà en 1906, le sous-secrétaire du département asiatique, Lionel Curtis disait à Gandhi: « Ce ne sont pas les vices des Indiens que les Européens d’Afrique du Sud redoutent, ce sont leurs vertus. » e sont leurs vertus. «