La libération des femmes


Lorsque Gandhi a réussi à convaincre les femmes de l’Inde de participer à son mouvement de libération, il a recruté du même coup des centaines de millions de « satyagrahis ».

Il a toujours été convaincu que la libération du peuple passait par la libération des individus et encore plus par la libération de la femme indienne.

Ne prêchant que par l’exemple, le Mahatma a inspiré le peuple; il a fait découvrir à chacun la toute puissance de la vérité et de l’amour. Jusqu’à la toute fin, le gouvernement anglais a sous estimé l’efficacité de ces armes. Des femmes humbles, ordinaires, jusque la soumises, ont trouvé en elles des ressources incroyables de courage qui les ont menées au combat, d’égal à égal avec les hommes.

Tout en respectant l’adversaire, elles ont cessé de le craindre. La menace des châtiments les plus sévères ne les influençaient plus.

Elles étaient libres… libres pour toujours.

Pourtant, ces femmes courageuses partaient de loin. Les traditions religieuses les forçaient à vivre effacées, presque recluses. Toute leur vie était entièrement consacrée au service de leur famille. À part les visites au temple, elles ne participaient pas à la vie publique.

En les invitant à manifester dans la rue, Gandhi s’attaquait à un tabou séculaire. Hésitantes au début, ce fut par milliers et plus tard par millions qu’elles se mirent au service de leur pays.

La libération de l’Inde a passé par la libération des femmes et l’une ne se serait pas fait sans l’autre.

Gandhi a commencé par lutter contre la mode du mariage des enfants et cette lutte, sans répit, a durée jusqu’au dernier jour de sa vie. Les fillettes, mariées dès l’âge de 7 ou huit ans avaient des relations sexuelles avant d’être pubères. Souvent, elles accouchaient de leur premier bébé à l’âge ou en occident les petites jouent encore à la poupée. Cette activité sexuelle précoce avait comme conséquence que le plus souvent, les femmes commençaient leur ménopause au début de la trentaine. Elles passaient les meilleures années de la vie à servir leur mari et à élever les enfants.

Le Mahatma a toujours proclamé haut et fort que les mariages d’enfants étaient une tache sur l’Hindouisme. Malgré une tradition séculaire, il parvint à la voir abolie de son vivant. C’était vraiment le premier pas à faire pour que les femmes puissent accéder à une vie plus saine et plus libre.

Dans son journal « La jeune Inde », on lit : « Je souhaite pour la femme une liberté absolue. J’exècre les mariages d’enfants et je frémis lorsque je vois une fillette veuve. Je déplore l’indifférence criminelle des parents qui tiennent leurs filles dans l’ignorance. »

« Il faut que la femme vote et que sa position soit égale à l’homme. »

(Au moment où il écrivait ces lignes, les femmes n’avaient pas encore le droit de vote dans notre beau pays le Canada.)

L’autre lourd fardeau que la tradition du « sati » faisait porter aux femmes était le traitement que l’on réservait aux veuves. Si l’homme mourait avant sa femme, elle devait se jeter dans le brasier et se laisser brûler sur le bûcher d’incinération de son mari.

Ne possédant absolument rien, celles qui refusaient de se sacrifier finissaient leur vie dans un isolement tragique soit dans la famille de leur mari ou dans la leur. Souvent elles étaient vendues ou données et elles devenaient prostituées ou mendiante. Or dans beaucoup de cas, ces veuves, âgées de moins de deux ans, n’avaient jamais vu leur mari. Des dizaines de milliers d’entre elle n’avaient même pas atteint l’âge de 10 ans au moment de leur veuvage.

Gandhi proclamait : « C’est un crime contre Dieu et contre l’humanité que d’appeler mariage cet état dans lequel une fillette vit contre sa volonté et qui devient veuve sans avoir été vraiment mariée. »

Il serait trop long de décrire toutes actions que Gandhi a posées pour favoriser l’épanouissement des femmes dans la société hindoue. En terminant, la lutte qu’il a menée contre le port obligatoire du voile, le « purdah », allait dans le même sens vers la libération de la femme.

Le purdah était considéré par le Mahatma comme un signe d’esclavage; un symbole de réclusion. Comment l’Inde peut-elle aspirer au swaraj en gardant les femmes dans l’esclavage ? Il a supporté de toutes ses forces les femmes du Bihar qui ont signé une pétition contre le purdah.

Bien que profondément religieux, Gandhi n’a jamais craint de suivre sa « petite voix intérieure » quand elle allait en contradiction avec l’enseignement des livres sacrés. Ce n’est pas par des discours enflammés ni par des sermons moralisateurs que Gandhi a gagné le cœur des femmes. C’est par sa façon d’agir avec elles, en leur accordant une place de plus en plus grande dans ses activités.

Suite : Les Anglais

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