Une famille comme les autres


La photo de gauche représente la maison où Gandhi à vécu jusqu’à l’âge de
7 ans, au centre, le drapeau de l’Inde libre et à droite, le petit Gandhi

Mohandas était le plus jeune d’une famille de six enfants. Du jour de sa naissance, le 2 octobre 1869, jusqu’à l’âge de sept ans, il vécut dans la maison ancestrale à Porbandar où son père habitait avec ses cinq frères et leurs familles.
Les Gandhi faisaient partie de la subdivision de Bania de la caste des Vaïsyas. Dans la hiérarchie hindoue, la première caste, celle des Brahmanes, était réservée aux religieux et aux saints; la seconde, celle des Kchatryas, était réservée aux gouvernants et aux militaires; celle de Vaïsyas était la caste des marchands et finalement, la dernière était celle des Soudras était la classe des ouvriers.

Dans ce petit état, le mot gandhi signifiait «épicier».

Les barrières traditionnelles entre les castes commençaient à être moins rigides; ainsi, même s’ils faisaient partie d’une caste inférieure, son grand-père Uttamchand dit Ota, son oncle Toulsîda et son père Karamchand surnommé Kaba occupèrent, des postes de premier ministre dans des États minuscules du Kâthiyâvar.

La fonction de premier ministre d’un tout petit état n’était de tout repos. La population était extrêmement pauvre, les princes capricieux avaient l’humeur changeante et les agents britanniques exerçaient souvent leur autorité avec sévérité. Peu instruit, c’est beaucoup grâce à sa réputation d’impartialité qui commandait le respect de tous et à la diplomatie que son père parvenait à maintenir un minimum d’harmonie entre tous ces gens.

Très attaché à son clan; c’était un homme courageux, respectueux des lois et de la religion.

On peut penser qu’il avait un penchant marqué pour les femmes puisqu’il s’est marié quatre fois; sa dernière épouse avait vingt ans de moins que lui au moment de son mariage.

Une fillette est née de chacune de ses deux premiers mariages et une autre fille et trois garçons sont nés du quatrième.

Comme le voulait la tradition, en tant que cadet de la famille, Mohania, comme on appelait affectueusement Mohandas, fut traité de façon un peu particulière. Bhamba, une bonne d’enfant fut engagée à son service. L’attachement qu’il lui vouait durera jusqu’à la fin de sa vie.

À cause de la grande différence d’âge et de sa sévérité coutumière, Gandhi craignait son père plus qu’il ne l’aimait. Par contre, il portait à sa mère une affection sans bornes; il dit de sa mère Poutlîbâi que c’était une sainte. Sur la fin de sa vie, il confia à son secrétaire : « Ce qu’il peut y avoir de pureté en moi, c’est à ma mère que je le tiens ».

La religion était au cœur de toute son action. Elle ne prenait jamais ses repas sans avoir fait ses prières, elle fréquentait assidûment le temple vichouite, observait avec rigueur les vœux qu’elle faisait lors des fêtes religieuses. Elle a transmis à son fils sa foi et son attachement à la religion. Mohan ou Mohania, comme l’appelaient affectueusement ses parents, raconte qu’un jour, sa mère fit le vœu, pour une période de quatre mois, de ne prendre aucune nourriture les jours où il ne ferait pas soleil. Or, comme c’était la saison des pluies, le soleil a été plusieurs jours sans paraître. Les enfants l’ayant vu percer faiblement à travers les nuages se précipitent dans la maison pour avertir leur mère qu’elle pouvait manger. Voulant vérifier par elle-même, elle se précipita dehors mais entre-temps, le soleil avait disparu. En souriant, elle retourna à son travail en disant : « Dieu n’avait pas envie que je mange aujourd’hui ».

Presque illettrée, elle avait un jugement sûr; curieuse, elle se tenait au courant des affaires de l’état et les dames de la Cour appréciaient la vivacité de son intelligence. Sa connaissance de la religion s’enrichissait des sermons qu’elle écoutait avec attention et respect lors de ses visites quotidiennes au temple vichnouite.

Quand Gandhi eut sept ans, ses parents allèrent s’établir à Rajkot à deux cents kilomètres de Porbandar. Cette ville sans plages ni paysages magnifiques était moins attrayante mais elle offrait plus de possibilités d’avenir. Les écoles étaient mieux équipées qu’à Porbandar où les enfants apprenaient à écrire en traçant des lettres dans le sable. Il y avait même dans cette ville une école secondaire.

Comme Jésus et Mahomet, issus d’une famille pauvre et sans ressources, celui qui allait devenir la Grande Âme de son peuple a connu une enfance sans histoires au sein d’une famille que rien ne distinguait des autres familles de la caste des marchands d’épices.