Une pénitence


Lorsqu’il mettait fin à un jeûne, Gandhi
absorbait quelques cuillerées de jus de
citron comme premier repas.

Le jeûne fait partie des traditions de la plupart des religions orientales. Pour les adeptes de la religion hindoue, cela fait presque partie du quotidien; les raisons ne manquent pas pour entreprendre un jeûne : une fête religieuse, un vœu, une pénitence, un acte de purification, un moyen de contrôle des sens, etc.

Dans la famille de Gandhi, le jeûne était une pratique courante. Sa mère, une femme très pieuse, jeûnait souvent et parfois pour de longues périodes. Le jeune Gandhi ne comprenait pas pourquoi il fallait jeûner et il ne croyait pas non plus que le jeûne put avoir une quelconque utilité. Il observait les jeûnes religieux pour imiter sa mère ou plaire à ses parents.

Un jour, un ami lui parla du jeûne comme un moyen efficace pour développer la volonté et accroître le contrôle sur les sens. Il suivit son exemple et entreprit un jeûne très strict, il ne consommerait aucune nourriture, ni lait, ni jus de fruit; Il ne boirait que de l’eau. L’expérience fut positive, et depuis ce jour, Gandhi devint un adepte du jeûne.

Son premier jeûne public fut un jeûne de pénitence. Deux de ses disciples qui vivaient à l’Ashram de Phoenix « succombèrent à une déchéance morale. » En apprenant la nouvelle, Gandhi quitta Johannesbourg par le premier train et se rendit le plus vite possible à l’Ashram.

Durant le trajet, il en vint à la conclusion qu’il avait un grande part de responsabilité vis-à-vis le comportement de ses protégés. Il décida que le meilleur moyen de leur faire comprendre la gravité de leur faute était de s’imposer à lui-même une pénitence. Dans un premier temps, il jeûnera durant sept jours; ensuite, il ne prendra qu’un seul repas par jour durant quatre mois et demi.

Une fois cette décision prise, Gandhi se sentit soulagé. Le sentiment de colère qu’il avait ressenti envers les coupables avait fait place à la pitié. Une circonstance particulière reliée à ce premier incident l’amena à entreprendre un second jeûne total de quatorze jours. La première pénitence ne présenta pas de difficultés car Gandhi poursuivit ses activités habituelles. La fin du second jeûne fut plus pénible. Gandhi ignorait tout de la technique du jeûne et sa résistance à la souffrance n’était pas non plus très développée. L’expérience lui démontra la nécessité de boire beaucoup d’eau durant un jeûne sinon, le gosier se dessèche et le jeûneur est rapidement affligé d’une grande faiblesse.

Ce jeûne fut le premier utilisé par Gandhi pour tenter d’influencer et d’amener les gens qu’il aime à amender leur conduite. Contrairement au « jeûne du créancier », le jeûneur n’a pas un intérêt pécuniaire ou matériel à jeûner. Son seul objet est de montrer à la personne qui a mal agi la gravité de sa faute. Ce n’est que plus tard que le Mahatma utilisa le jeûne comme arme politique et il le fit avec une efficacité indiscutable.