Glace artificielle


Glace artificielle(Retour temporaire à 7 hommes; Début des séries Est-Ouest; Fin de la guerre des joueurs; Autres changements; Défi accepté pour la coupe Stanley; Glace artificielle à Montréal; Championnat et coupe; Un but pour un bâton lancé; Deuxième époque)

Après la saison 1911-12, les Canadiens et les Wanderers allèrent jouer des parties hors concours à Boston et à New York, Dans cette dernière ville, à la patinoire St. Nick, il y avait déjà et depuis long­temps de la glace artificielle. A ce point de vue, disons que la vogue du hockey était si grande à Montréal que J.-A. Christin offrit de transformer pour ce sport une patinoire pour patins à roulettes qu’il possédait, rue Ste-Catherine, près de la rue Guy. Cette patinoire portait le nom de Forum. M. Christin offrit d’y installer la glace artificielle et de porter la capacité des estrades à 10,000 personnes ­soit à peu près le double de l’Arena de Westmount, à condition que les Canadiens et les Wanderers en vinssent à promettre d’y jouer leurs parties. On ne sait pourquoi, ces propositions ne furent pas acceptées.

A l’automne 1912, il fut question d’un circuit rival mais rien n’aboutit.

Dans le temps, il fut aussi question d’un important projet soumis par Frank Patrick, qui était devenu magnat en même temps que joueur avec son frère Lester dans l’Ouest du pays. Frank suggéra la création d’une Commission Nationale qui régirait le hockey dans le pays et empêcherait la guerre pour les joueurs entre l’Association Nationale et la Ligue de la Côte du Pacifique. Il s’agissait d’une belle affaire mais on ne l’accepta pas à cause de certaines conditions de Patrick.

RETOUR TEMPORAIRE À 7 HOMMES

Avant la saison 1912-13, il fut grandement question du retour à sept joueurs, demandé par le public. On fit une concession lorsqu’on décida de jouer à sept hommes, dans la dernière moitié de la saison. Cependant, le 11 février, après des parties avec sept joueurs, on décida de revenir définitivement à six et c’est ainsi que l’on joue depuis. On fit exception à cette règle, lors de certaines joutes de la coupe Stanley, entre l’Est et l’Ouest.

Dans ces séries, on jouait alternativement une partie à 7 hommes, selon les règlements de l’Ouest, puis une à 6 hommes, selon les règlements de l’Est. Il en fut ainsi jusqu’à ce que la ligue de l’Ouest en vint aussi aux équipes de 6 joueurs.

Que se passait-il chez les amateurs à ce sujet? Eh bien, l’année suivante, soit en 1914, lors d’une assemblée tenue au Château Laurier, à Ottawa, les représentants de la province de Québec, Léo Dandurand et Norman Mowatt, deux fondateurs de la Canadian Amateur Hockey Association, réussirent à faire accepter le règlement à 6 hommes dans tout le Canada.

Pour revenir à la saison 1912-13, disons que la limite des salaires fut portée de $5,000 à $8,000 ! On annonça aussi que les affaires de l’Association étaient prospères puisqu’on avait maintenant $5,000 en caisse, comparativement à $200, l’année précédente.

La Ligue comptait alors six clubs, dont deux: de Toronlo: Arenas et Tecumsehs. Le classement final fut comme suit: Québec, 10 gagnées, 4 perdues, 112 buts pour, 75 buts contre; Wanderers, 10-10-93-90; Arenas, 9-11-86-95; Canadien, 9-11-83-81; Ottawa, 9-11-87-81; Tecumseh, 7-13-59-98.

DÉBUT DES SÉRIES EST-OUEST

Le Québec était donc encore champion de l’Association. C’est alors que commença l’ère importante des séries annuelles entre les champions de l’Est et ceux de l’Ouest pour les honneurs de la coupe Stanley, emblème de la suprématie mondiale. Le club opposant, c’est-à-dire champion de l’Ouest, était le Victoria, dirigé par Lester Patrick, oui le même Lester Patrick qui fut à la tête de tant de clubs détenteurs de la coupe Stanley, spécialement les Rangers de New York.

Malgré 2 victoires en 3 parties, le Victoria ne reçut pas la coupe qui, pour une raison ou pour une autre, n’avait pas été mise en compétition. Comme résultat, le nom du club Québec apparaît dans les annales comme détenteur de la coupe Stanley, en 191a, à la suite de victoires sur le Sydney, club des Provinces Maritimes. Dans une de ces victoires, par 14 à 3, le 10 mars, Joe Malone, du Québec, enregistra dix buts!

L’alignement du Québec était le suivant: M. J. Quiou, gérant, D. Béland, entraîneur, Joe Malone, Joe Hall, W. Rooney, Paddy Meran. J. Marks, Billy Creighton. Jeff Malone, T. Smith, Rusty Crawford et Harry Mummery.

A l’automne 1913, il fut question du retour du National dans le hockey professionnel par l’offre d’achat de la franchise du Canadien, mais George Kennedy et ses associés refusèrent catégoriquement.

FIN DE LA GUERRE DES JOUEURS

On reprit l’année suivante le projet destiné à mettre fin à la guerre que se livraient la Ligue de la Côte du Pacifique et l’Association Nationale pour l’obtention des joueurs, et on conclut une entente qui dura quatre ans. On bâcla un arrangement semblable, mais d’un an seulement, avec la Ligue des Provinces Maritimes.

Cet automne-là, Didier Pitre fut échangé pour « Newsy » Lalonde qui revint dans l’est. Une saison plus tard, Pitre revenait au Canadien pour y rester jusqu’à la fin de la saison 1922-23.

A une assemblée, on accepta le remplacement des Tecumsehs de Toronto par les Ontarios de la même ville sous la direction de Jimmy Murphy.

AUTRES CHANGEMENTS

A une réunion, tenue le 22 novembre, les dirigeants du hockey majeur du temps adoptèrent d’importants changements dans les règlements. On décida d’une ligne foncée, entre les poteaux des filets, cela afin d’aider les juges de buts à se rendre compte plus facilement si une rondelle lancée avait bien dépassé en entier la ligne en question pour un but. Cette ligne, de couleur rouge, existe encore aujourd’hui.

On adopta une rondelle officielle, la Spalding. Aujourd’hui, c’est la rondelle Art. Ross, du nom de son inventeur, qui fut joueur, arbitre, instructeur, gérant et gouverneur, qui est l’officielle.

On décida que la largeur de la lame d’un bâton ne devrait pas dépasser 3 pouces avec exception pour celle d’un gardien qui pouvait être de 3 pouces et demi. Ces dimensions sont encore les mêmes aujourd’hui. A noter que ce n’est que quelque 13 ans plus tard, soit en 1927, qu’on limita la longueur des bâtons à 53 pouces.

Et puisqu’il est question des buts, disons qu’à cette même réunion, on décida de défendre à un gardien de se jeter délibérément sur la rondelle. Pour une telle infraction, après un avertissement, il y avait punition de 2 minutes. C’est dire que le gardien devait se tenir debout et ce règlement resta en vigueur pendant quelque dix ans, alors que Clint Benedict, avec l’Ottawa, dans le temps, se mit à se jeter sur la glace, presque toujours en travers ses filets, pour bloquer la rondelle dans les moments dangereux. On finit par rescinder la clause qui avait favorisé l’enregistrement de plusieurs buts.

Toujours à cette réunion, on permit des substituts pour les joueurs punis.

Par contre, ces derniers étaient mis à l’amende pour $2, $3, $5, $10 et $15 selon les infractions et selon leur nombre. Ce règlement disparut dans la suite.

* * *

C’est au cours de cette saison que le Canadien inaugura le système de deux lignes d’attaque. Ce ne fut pas pour bien longtemps, cependant, puisqu’on continua de jouer presque toujours avec une seule ligne, jusqu’à l’augmentation des parties, en 1925.

Dans la suite, à l’exemple d’Odie Cleghorn, qui dirigeait le Pittsburg, on en vint à trois lignes d’attaque, système qui est resté en vigueur jusqu’à 1949, alors qu’on a pensé jouer avec quatre lignes à cause de l’augmentation du nombre des parties et du nombre des joueurs. Au sujet de Cleghorn, faisons remarquer qu’il en vint à cette idée à cause de la pénurie de bons joueurs. Il pensa qu’il pourrait être profitable d’envoyer trois trios de joueurs qui feraient au moins de la vitesse.

Passons maintenant à la fin de la saison, alors que le Canadien, sous la direction de Jimmy Gardner, termina en tête sur un pied d’égalité avec les Arenas de Toronto. Chaque club avait 13 victoires contre 7 défaites, dans le calendrier combiné. Les Arenas avaient bien 93 buts à leur actif contre 85 pour les Canadiens mais; dans le temps, ce facteur ne servait pas comme aujourd’hui pour déterminer le gagnant d’une position. On décida tout simplement d’une série de deux parties, au total des buts, pour trouver le champion de l’Association. Le Canadien l’emporta bien par 2 à 0 dans la première joute, mais il perdit par 6 à 0 dans la deuxième.

Avant de passer à la série de la coupe Stanley, mentionnons que le Québec finit, derrière le Toronto et le Canadien, avec 12 victoires, 8 défaites, 111 buts pour et 73 contre. L’Ottawa suivait avec 11-9-65-71. Les Wanderers avaient: 7-13-102-125 et les Ontarios, de Toronto comme les Arenas, étaient en dernière position avec 4-16-61-118.

DÉFI ACCEPTÉ POUR LA COUPE STANLEY

Dans les journaux du temps, on raconta que les Arenas acceptaient un défi des Cougars de Victoria avec la spécification, toutefois, que la coupe Stanley n’était pas en jeu. Les Arenas gagnèrent en trois parties consécutives par 5 à 2, 6 à 5 et 2 à 1. Ils furent déclarés détenteurs de la coupe Stanley.

C’est probablement à la suite de ce refus pour la coupe que le président Emmett Quinn de l’Association Nationale, annonçait une importante nouvelle. Il avait reçu une lettre de William Foran, au nom des gardiens de la coupe Stanley, disant que ce trophée était maintenant déclaré l’emblème du championnat professionnel de hockey dans le monde. Il ajoutait que le trophée pourrait être disputé entre les champions de l’Association Nationale, de la Côte du Pacifique et des Maritimes. Cette dernière Ligue devait cesser d’exister ou de lancer des défis puisqu’il n’en fut pas question dans la suite.

On sait qu’en 1926-27, alors que la Ligue Nationale comptait 10 clubs et alors que la Ligue de la Côte du Pacifique avait cessé d’exister, on décréta que la coupe Stanley devait être disputée exclusivement par les clubs de la Ligue Nationale. C’est pour cette raison sans doute qu’il y a trois ans, on refusa au club Cleveland, champion de la Ligue Américaine, le droit de disputer la coupe Stanley. Signalons, toutefois, que lorsque Lord Stanley of Preston, en offrant le trophée désormais célèbre, spécifia qu’il pourrait être disputé, en tout temps, par tout club lançant un défi au détenteur. Évidemment, selon des décisions des gardiens depuis, il n’est plus question de défi ou de défis.

En 1914, il fut encore question du National de même que d’un circuit rival avec, évidemment, le National dans ses rangs. Mais l’Association Nationale continua d’exister et cela malgré la guerre mondiale qui venait de commencer. Le nom d’Art. Ross des Wanderers fut mêlé à ce projet d’un nouveau circuit. Cela lui valut une suspension, qui fut d’ailleurs rescindée le 18 décembre.

C’est cette saison-là que Frank Calder débuta dans l’organisation du hockey professionnel, en devenant secrétaire-trésorier de l’Association. Dans la suite, Calder devait· jouer dans le hockey un rôle des plus importants et cela jusqu’à sa mort en 1943.

GLACE ARTIFICIELLE À MONTRÉAL

Une date mérite d’être mise en vedette, à l’occasion de la saison 1914-15. En effet, le 19 décembre 1914, une partie au bénéfice du Fonds patriotique canadien fut jouée entre les Wanderers et une équipe d’étoiles, et sur la glace artificielle, s’il vous plaît ! C’était le début de la glace artificielle dans la métropole. On continua de jouer sur une telle surface, à l’Arena de Westmount, jusqu’à l’incendie. Dans la suite, on rejoua sur la glace naturelle au Jubilee ainsi qu’à l’Arena Mont-Royal, jusqu’en 1924, alors que le Forum fut construit et évidemment aménagé avec la glace artificielle. Le Canadien continua cependant à jouer à l’Arena Mont-Royal, jusqu’au printemps 1926, à l’exception de la partie d’ouverture au Forum et de ses parties contre les Maroons, à l’amphithéâtre de la rue Ste-Catherine ouest.

La saison 1914-15 ne fut pas un succès pour le Canadien qui finit en dernière place, derrière les Ontario de Toronto qui avaient pris le surnom de Shamrocks.

Les Wanderers terminèrent en tête avec 14 gagnées, 6 perdues. 127 buts pour, 82 contre, égaux avec l’Ottawa, 14-6-74-65 et suivis du Québec. 11-9-85-85; Arenas, 8-12-66-84; Shamrocks, 7-13-76-96; Canadien, 6-14-65-81. Dans les éliminatoires pour le championnat, les Wanderers gagnèrent une partie par 1 à 0 mais ils furent éliminés quand l’Ottawa vainquit dans l’autre par 4 à 0.

L’Ottawa perdit la série de la coupe Stanley contre le Vancouver. Ce dernier, qui jouait dans sa ville, gagna le trophée en 3 parties par 6 à 2, 8 à 3 et 12 à 3.

Avant la saison 1915-16, qui devait être si belle pour le Canadien, on empêcha le hockey syndiqué, à Toronto, lorsqu’on apprit qu’Eddie Livingstone, propriétaire des Arenas, venait d’acheter la franchise des Shamrocks. Finalement, cette équipe disparut de la Ligue.

D’autre part, les Arenas terminèrent en dernière position avec les totaux suivants: 9 gagnées, 14 perdues, 1 nulle, 97 buts pour, 98 contre, 19 points. Ils étaient précédés des Wanderers, 10-14-0-90-116-20; Québec, 10-12-2-92-98-22; Ottawa, 13-11-0-78-72-26; Canadien. 16-7-1-104-76-33.

CHAMPIONNAT ET COUPE

Le Canadien, sous la direction habile de « Newsy » Lalonde. avait terminé en tête du classement. Après un début « chambranlant », le Canadien avait fini la saison avec 16 victoires dont 11 dans les 12 dernières parties.

Dans la série contre le Portland, le Canadien perdit la 1re partie par 2 à 0, pour gagner les deux suivantes par 2 à 1 et 6 à 3. Le Portland égalisa les chances en gagnant par 6 à 5. Finalement, dans la 5e et dernière partie, le Canadien gagnait par 2 à 1 sa première coupe Stanley.

Après la saison, ou exactement le 14 mars 1916, on apprit la vente du Club Athlétique Canadien par George Kennedy, qui gardait cependant le club de hockey Canadien avec deux lettres seulement -« CH »- dont nous avons déjà parlé. Les lettres patentes, à Québec, comprenaient les noms des directeurs suivants: George Kendall, Nap. Dorval, U.-P. Boucher, Raphaël Ouimet, F.X. De Grandpré, Hector Desloges et Lorenzo Prince.

* * *

Trois de ces noms sont bien connus comme ayant pris part aux premières activités des Canadiens comme à celles qui suivirent, jusqu’au décès de George Kennedy, pourrait-on dire. Il faudrait ajouter celui d’Adolphe Lecours, ancien président du club National, ainsi que celui d’Hector Bisaillon. C’est d’ailleurs ce dernier nom qui apparaissait comme président du club, lorsque «Newsy» Lalonde signait son contrat, le 20 décembre 1910. Nous reparlerons plus tard de ce contrat ainsi que de la longue et belle carrière de Lalonde.

* * *

La saison 1916-17 devait être la dernière de l’Association Nationale de hockey. Avant le début des activités, à cause de la grande guerre qui se continuait, on entendit parler d’un mouvement à l’effet de cesser tous les sports, y compris celui du hockey. Cependant, le 30 septembre, à l’Hôtel Windsor de Montréal, on décida de jouer quand même.

C’est à cette assemblée que fut admis le club du 228e régiment de Toronto, qui venait d’obtenir la franchise des Shamrocks de cette ville.

Un nouveau président, le major Frank Robinson, fut élu un peu plus tard, succédant à Emmett Quinn.

UN BUT POUR UN BÂTON LANCÉ

Comme nouveau règlement on décrétait qu’un but serait accordé si un bâton était lancé vers un joueur adversaire se dirigeant vers les buts. Ce règlement est encore en vigueur.

On décida de diviser le calendrier en deux parties avec des rencontres entre les champions de chacune, à la fin des activités régulières. Le Canadien termina en tête de la première moitié et en 3e place de la seconde moitié, alors que les clubs 228e régiment et Arenas de Toronto étaient disparus, le premier parti outre-mer, le second simplement mis de côté.

Comme l’Ottawa avait eu le meilleur sur les trois autres clubs, Québec, Canadien et Wanderers, dans la seconde moitié de la saison, il détailla avec le Tricolore. Il perdit la première partie par 5 à 2 mais gagna la seconde par 4 à 2. Cependant, le Tricolore gagnait au total des buts par 7 à 6 et s’assurait ainsi le championnat de l’Association et le droit de jouer pour la coupe Stanley contre le club champion de l’Ouest, celui des Metropolitans de Seattle.

Le Canadien, dans l’Ouest, gagna bien la première joute par 8 à 4, mais il perdit les 3 autres par 6 à 1, 4 à 1 et 9 à 1.

Après la série, le Canadien et le Seattle allèrent jouer des exhibitions à San Francisco. L’assistance augmenta à chaque partie et les deux clubs quittèrent la ville au grand regret des promoteurs.

DEUXIÈME ÉPOQUE

Nous avons terminé la première étape de notre histoire des Canadiens et du hockey professionnel en général. En effet, la saison 1917-18 devait marquer une nouvelle ère dans le hockey professionnel dans l’Est du pays. Il s’agit donc du deuxième grand chapitre de notre histoire.

Il y avait véritablement de la poudre dans l’air, à l’automne 1917.

Edward Livingstone, du défunt club Toronto, faisait parler de lui par des procédures judiciaires de toutes sortes. En plus, il menaça de former une ligue rivale avec des clubs de Detroit, Cleveland et Pittsburg tout en parlant aussi d’enlever les meilleurs joueurs à l’Association Nationale.

Apparemment, on se débarrassa de Livingstone en décidant, dans une assemblée au Windsor, de cesser les activités.