Le hockey en 1909 Deux circuits; Un malaise)


Maintenant, passons à l’histoire des Canadiens proprement dite, qui comprend également les faits saillants du hockey professionnel dans l’Est du Canada depuis 1909. Cette histoire du Canadien et du hockey peut se diviser en trois grandes périodes: celle du temps de l’Association Nationale, soit de 1909 à 1917; celle du temps de la Ligue Nationale, soit de 1917 à 1925; celle de la même organisation, alors que le hockey devint international, soit de 1925 à l’automne 1955.

Il s’agit donc de 46 ans d’histoire que nous allons vous raconter en vous parlant des Canadiens spécialement, de même que des plus importants changements dans les règlements, car le hockey n’a pas toujours été joué comme aujourd’hui, loin de là, comme on s’en rendra compte en parcourant ces pages.

DEUX CIRCUITS

Remontons donc à 1909. Cette année-là, il y avait deux circuits importants de hockey, l’Association Canadienne de hockey de l’Est (Eastern Canadian Hockey Association) et la Ligue Fédérale. Le premier circuit était d’emblée le plus important, quant à la force et à la valeur des joueurs. Il comprenait les clubs Ottawa, Wanderers de Montréal, Shamrocks de Montréal et Bouledogues de Québec.

L’Ottawa remporta le championnat ainsi que le coupe Stanley, emblème de la suprématie mondiale au hockey depuis 1893, sans qu’il soit question de professionnalisme ou d’amateurisme.

C’est cependant en 1908, soit dit en passant, que la coupe Allan fut offerte aux amateurs comme l’équivalent de la coupe Stanley.

Dans la Ligue Fédérale, on trouvait les clubs suivants: Renfrew, Victoria d’Ottawa, Smith’s Falls, Brockville et Cornwall. Avec le Renfrew se trouvaient des étoiles comme Bert Lindsay, le père de Ted Lindsay du Détroit, Didier Pitre, Jack McDonald, Bob Rowe et Ken Mallen. L’entraîneur de ce club de la ville minière de Renfrew, Ontario, n’était autre que Bill O’Brien, bien connu dans la suite au même poste avec les Maroons et les Canadiens au hockey et avec le Royal de Montréal au baseball. On sait que ce Bill O’Brien, décédé il y a quelques années, était le père des journalistes sportifs bien connus Andy et Larry O’Brien.

UN MALAISE

A l’automne 1909, un malaise existait. Le hockey était comme trop populaire, pourrait-on dire, avec deux Ligues qui présentaient trop de parties pour faire vivre convenablement les clubs.

A Montréal, il y avait deux grandes patinoires, celle de l’Aréna de Westmount, coin Atwater et Ste-Catherine, sur le terrain actuellement vague, juste de l’autre côté du Forum actuel, et celle du Jubilee, rue Ste-Catherine est, près de la gare Moreau, soit à l’est du pont des tramways, au-dessus des voies du Pacifique Canadien.

Une première réunion de l’Association de l’Est eut lieu le 14 novembre. Mais comme on n’aboutissait à rien dans les discussions, on remit la séance au 24. Le lendemain, on annonçait la nouvelle d’un véritable coup d’état: le club bien connu des Wanderers de Montréal était jeté par-dessus bord tandis que le National, un organisme inconnu ou à peu près jusque-là, dans le hockey, ainsi que le All-Montreal étaient acceptés. D’autre part, on refusait les admissions de Cornwall et de Renfrew, deux villes d’Ontario.

L’Association Canadienne de Hockey, c’était le nom de la nouvelle organisation, était fondée et elle succédait à l’Association de Hockey de l’Est du Canada. Les clubs membres étaient les suivants: National, All-Montreal, Shamrocks de Montréal, Québec et Ottawa. Les dirigeants de ce dernier club, soit dit en passant, avaient mené toutes les délibérations et tout dicté.

Les officiers étaient les suivants. W. P. Lunny du Shamrock, président; N. C. Sparks de l’Ottawa, vice-président; Emmett Quinn, de Montréal, secrétaire-trésorier; et W. J. Lynch du Québec, directeur.

Assistaient aussi à la réunion, outre les élus, H. Ferry et P. Kennehan du Shamrock; Fred Strachan, R. Boon, J. Gardner, des Wanderers; P. Butler, D. Mulligan de l’Ottawa; A. T. Love du Québec; Adolphe Lecours, Nap Dorval, L. Provost. E. Larose et E.-C. Saint-Père du National; Kerwin et Runions du Cornwall; J. Ambrose O’Brien, plus tard nommé sénateur, et J. G, Barnett du Renfrew.

Les choses ne devaient évidemment pas en rester là, surtout avec des hommes d’affaires et des initiateurs comme les Strachan et les O’Brien.

Le 2 décembre, une assemblée fut convoquée dans un édifice de la rue Saint-Jacques, soit à la Dominion Office & Store Fitting Company. On ne voulait pas siéger dans un hôtel, alors que les tergiversations et les tentatives de corruption ou de collusion étaient trop faciles.

On fonda une autre organisation, celle qui devait être bien connue par la suite, sous le nom d’Association Nationale de Hockey. Elle comprenait les clubs Wanderers de Montréal, Renfrew, Cobalt et Haileybury, ces trois derniers représentant des villes minières bien connues de l’Ontario.

Il fut question de l’admission des clubs National, Shamrock ainsi que d’un club d’Ottawa avec commanditaires, les mêmes qu’à la crosse. Il fut aussi décidé qu’un club de Toronto ferait partie de l’Association, l’année suivante.

Fred Strachan présidait la réunion et le secrétaire était Ed. McCaffrey. Les délégués étaient J. Doran, Jimmy Gardner et R. Boon des Wanderers; J. A. O’Brien, G.-E. Martel et J. G. Barnett du Renfrew; Thomas Hare du Cobalt; et Noah Timmins du Haileybury.

Les journaux du temps avaient grandement parlé d’un club canadien-français dans le hockey. Évidemment, on avait mentionné le National, une organisation des mieux connues à la crosse et qui existait depuis des années. Quand on annonça l’admission du National dans l’Association Canadienne de Hockey, le journal « La Presse » fut tout heureux de mettre le fait en vedette pour ajouter qu’on faisait bien plaisir à tout le monde, surtout aux Canadiens français, qui auraient maintenant un club pour les représenter dans le hockey majeur.