L’adolescence


La Grande Dépression, la possibilité d’une nouvelle guerre et les rumeurs de conscription au Canada font gonfler les rangs des nouvelles recrues à la Communauté des Frères de Sainte-Croix. Les vocations religieuses se multiplient. Les exigences en matière d’éducation et de capacité pédagogique ne sont pas très élevées pour les frères convers. Le recrutement connaît un succès sans précédent. De très nombreux jeunes hommes, pourvus d’un minimum d’instruction et d’éducation, font leur demande d’entrée au noviciat. Ils misent sur leur appartenance à une communauté religieuse pour éviter d’être envoyés au combat. La plupart des candidats sont acceptés.

Le corps enseignant et disciplinaire du Collège Notre-Dame est composé de plusieurs de ces « faux frères » qu’on a greffés à l’équipe de religieux compétents et bons éducateurs. S’ajoutent à ceux-ci plusieurs professeurs laïcs qui contribuent à remonter le niveau pédagogique du groupe. L’enseignement dispensé par le Collège a alors la réputation d’être moyen. Il est certainement inférieur à celui de l’école publique de Verdun, assuré par les Frères du Sacré-Cœur et surtout moins bon que celui des autres collèges de Montréal. L’institution a, malgré tout, des forces reconnues. C’est le cas pour l’anglais, l’arithmétique, la musique et la peinture (avec le frère Jérôme). Mais, l’enseignement des autres matières laisse à désirer.

Jean-Claude découvre petit à petit les carences du système, mais ne parviendra que plus tard à porter un jugement sur cette période de son éducation. Il est toutefois très heureux de la diminution des activités religieuses par rapport avec ce qu’il a vécu chez les soeurs. Finies la messe quotidienne, les grand-messes, la confession obligatoire et les interminables cérémonies à l’occasion des fêtes religieuses. Jean-Claude se demande si cela n’a pas quelque rapport avec la présence de frères convers dans la Communauté.