Le cadeau


Depuis son retour au travail, Claude a appris que la compagnie américaine Texaco a acheté McColl-Frontenanc et a créé une nouvelle compagnie Texaco Canada. Il aime bien œuvrer dans les ventes industrielles mais se rend compte qu’il ne progresse pas et est en fait un représentant de la compagnie. Il ne travaille pas comme ingénieur et n’est pas satisfait de son sort. Il rencontre Cartier pour lui en parler et celui-ci cherche à le dissuader mais, devant sa réticence, accepte de le transférer au département de la construction, responsable de la réalisation des bulk plants et des stations de service. Il aura une nouvelle automobile puisqu’il devra se déplacer partout dans la grande région de Montréal pour visiter les chantiers. Le département est dirigé par un ingénieur d’une quarantaine d’années qui vient d’immigrer au Canada depuis l’Angleterre. Il accueille Claude froidement. Celui-ci constate que les Canadiens français dans ce département se résument à deux dessinateurs d’expérience. Les autres employés sont unilingues anglais. Les plans, les devis et les documents contractuels sont tous écrits en anglais conformément aux directives de la compagnie. Claude n’a pas de problème avec cela car il est parfaitement bilingue et s’adapte vite à son travail. Cependant, ses relations avec son patron sont difficiles.

Quelques jours plus tard, Harold Monteith, l’ex candidat du parti conservateur dans Verdun, vient le voir à la maison pour lui remettre un cadeau de deux mille dollars en argent comptant. Claude est tellement surpris qu’il n’en revient pas. La générosité de Monteith vient du fait qu’il soit propriétaire d’un terrain au coin de boulevard Champlain et de la rue Woodland. Claude lui a souligné que Texaco cherche des terrains de coin de rues à Montréal pour bâtir de nouvelles stations de service et payent le gros prix. Il s’engage, pour lui rendre service, à proposer son terrain au service immobilier de la compagnie. Après cette démarche, Claude oublie l’affaire. Il ne sait pas s’il y a eu suite et l’apprend lorsque Monteith arrive à l’improviste, pour lui remettre le cadeau en remerciements. Fou comme braque, il est tout énervé et ne cesse de glisser la liasse de dollars entre ses doigts en la montrant à Manon. Il n’a jamais vu autant d’argent lui qui gagne $100 par semaine. Il dépose l’argent dans son compte d’économie et promet à Manon que ce montant sera utilisé pour acheter leur première maison, dès qu’il aura gagné suffisamment d’argent pour combler la différence nécessaire au dépôt.