L’ombre s’alourdit


Le peuple allemand et les leaders du Reich n’ont aucune idée du cynisme d’Hitler. Personne ne sait encore que, le 5 novembre 1937, il a convoqué une réunion de son état-major à la chancellerie et demandé à chacun des participants de jurer le secret. La réunion a duré quatre heures. Il leur a fait part de son intention de mettre en oeuvre sa politique du Lebensraum (expansion de l’Allemagne vers l’est, en incluant la Russie) d’ici 1943 ou, à tout le moins, avant que le monde n’ait le temps de se préparer à se défendre. Il ajoute que les Allemands ont besoin de plus d’espace pour vivre que les autres peuples et que les empires romains et britanniques du passé ont démontré que toute expansion n’est possible qu’en écrasant la résistance et en prenant des risques. Il voit deux obstacles à l’agrandissement de l’Allemagne : la France et l’Angleterre, qui redoutent toutes deux la présence d’un colosse allemand au centre de l’Europe. La force est la seule solution, annonce-t-il. Les premières cibles seront l’Autriche et la Tchécoslovaquie. Il se dit prêt à prendre le risque d’un grand conflit en Europe et explique qu’il s’agit là du prix à payer pour les actions qu’il propose. Invoquant des raisons pratiques, trois participants s’y opposent : le Ministre des affaires étrangères, le Commandant de toutes les armées et le Commandant de l’armée de terre. Selon eux, l’Allemagne n’est pas adéquatement armée pour une telle entreprise et il lui faudrait cinq ans pour y parvenir. Après la conférence, Hitler envoie la Gestapo les arrêter et il les remplace.