Au Québec, Maurice Duplessis est choisi chef du parti conservateur. Né en avril 1890 d’un père lui-même député, c’est un jeune avocat de Trois-Rivières qui y pratique le droit (il sera bâtonnier de la province de Québec en 1937). Il est tenace, intelligent et il se montre sensible aux préoccupations du peuple. C’est un esprit fin qui comprend l’influence importante du clergé dans l’issue des élections. Il entreprend donc de le « mettre de son bord ». Élu député provincial en 1927 dans la circonscription de Trois-Rivières, il est l’un des neuf conservateurs à faire son entrée à l’Assemblée législative. Réélu en 1931 alors que le Premier ministre Taschereau remporte une autre impressionnante victoire (79 députés à 11), il vise à devenir le chef de l’Opposition officielle afin de lui faire face. Il est élu à ce poste par le caucus de son parti. En 1933, il devient le « Cheuf », comme l’appellent affectueusement ses partisans.
Charles-Émile apprécie Duplessis. Il voit en lui un espoir pour les « bleus ». Mais il ne croit pas possible qu’il puisse renverser le régime libéral, en place depuis plus de 36 ans, avec l’étiquette du « Parti conservateur », traditionnellement perçu comme le parti des anglais. Son analyse est simple : « les Canadiens français ont la mémoire longue, ils se souviennent.. ». Mais, à Saint-Henri, on vote « rouge ». Charles-Émile doit donc s’abstenir d’afficher ouvertement ses couleurs. Antoinette est là pour le lui rappeler au besoin : « Émile, il ne faut surtout pas froisser nos clients en parlant de politique ».
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