Les sports basques
Partie de Pelote basque jouée par des jeunes.
La pelote est un jeu très ancien, que l’on retrouve dans de nombreuses civilisations. Déjà, les Grecs avaient codifié le jeu de pelote sous le nom de « sphéristique » qui rappelle la rondeur de la pelote. Les Mayas également, considéraient les tournois de pelote comme des cérémonies sacrées relatant la lutte entre le bien et le mal.
Plus tard, la colonisation romaine répandit ce jeu dans tout l’Occident, notamment en Gaule sous le nom de « pila » (paume).
C’est au Pays Basque que ce jeu a subi les transformations et adaptations les plus radicales. Actuellement, le Pays Basque est le berceau incontesté de la pelote dans le monde.
Le xare
Xare se prononce « chalé » et signifie en basque filet. Cette discipline est aussi appelée « raquette argentine » d’après son origine géographique. L’instrument est composé d’un cadre de bois (châtaigner ou noisetier) dont les extrémités constituent le manche. À l’intérieur est tressé de manière bien particulière (technique du macramé) un cordage formant une « toile d’araignée » élastique pour la réception de la pelote. Le cordage ressemble donc à filet légèrement détendu.
1. Introduction
On relève les premières traces de l’existence du xare vers 1850 dans la vallée de la Nivelle au Pays Basque. Auparavant, l’instrument utilisé pour jouer à la pelote basque était principalement le gant de cuir. Le xare naît donc à peu près à la même époque que le chistera : au milieu du 19ème siècle. Émigrant en Amérique du Sud, Olhagaray, un jeune basque d’Espelette y introduit le Xare. La première compétition officielle est signalée en 1907 en Uruguay. L’Argentine et l’Uruguay perfectionnèrent cet instrument de manière empirique au niveau de la longueur, du cadre extérieur et du tissage du filet. De cet engouement latino-américain, le xare a hérité son surnom, historiquement inexact, de « raquette argentine ». Le xare revient en France vers 1928 avec les pères Missionnaires de Bétharram, Larramendy et Ithurralde. Ceux-ci lancèrent sa pratique à Saint-Palais, d’où cette spécialité va conquérir ensuite d’autres places fortes du Pays Basque, du Béarn, de la Côte d’Argent et d’Ile-de-France grâce à la construction du trinquet avec une paroi de verre à Paris en 1988.
2. Le matériel
Xare signifie en basque : filet. L’instrument tire donc son nom du tressage tissé sur le support de bois. Il est composé d’un cadre recourbé de châtaignier ou de noisetier, bois souples et solides, dont les extrémités réunies forment le manche. A l’intérieur de ce cadre est tressé un système de cordages à profil de toile d’araignée formant une poche élastique à sa partie la plus large où est reçue la pelote. Le xare est très léger, moins de 150 grammes, donc très maniable. Sa longueur est d’environ 55 centimètres et sa largeur maximale de 16 cm. D’un diamètre d’environ 5,6 cm, la pelote pèse entre 78 et 80 grammes.
La qualité d’une pelote se juge par sa sonorité, sa vivacité et sa dureté. En raison de la très grande vitesse de ce jeu et de la dureté des pelotes, des mesures de sécurité s’imposent dès l’entrée sur la cancha: le port de lunettes protectrices des yeux et le port d’un casque adapté. Le terrain de jeu s’appelle un trinquet. Il se caractérise par une aire de jeu réduite et par ses quatre murs. Les nombreuses combinaisons: pan-coupé, planche, filet en font un jeu spectaculaire.
Le linguiste George Steiner
Le linguiste George Steiner a déclaré à propos de la langue basque : « Cette langue si mystérieuse est très bizarre, très puissante. C’est peut-être pour cela qu’il est impossible à certaines personnes de ce peuple d’accepter le monde extérieur. » Steiner et ses sorties provocatrices ont déclenché la colère des locuteurs des langues minoritaires d’Espagne. « Les langues ‘bizarres’, poursuit-il, génèrent des locuteurs et des populations obtuses, bizarres et irrécupérables. »
Réponse: La vérité, c’est qu’à une époque d’uniformisation, d’homogénéisation fictive et d’assimilation, que vivent les gens bizarres et irrécupérables ! Et surtout, vive le respect de la diversité linguistique, culturelle et sportive en Europe, même si elle engendre des Européens obtus…
Sommes-nous vraiment si bizarres ?
Faucher des herbes hautes… le sport préféré des Basques (Wikipedia/fotokán) George Steiner nous a lancé tous ces compliments sans connaître le sport rural basque, appelé en euskera (c’est-à-dire en basque) « herri kirolak »
(désignant les sports populaires en général) qui se caractérise par l’alliance nécessaire de la force, de l’adresse et de l’habilité. Dans la majorité des cas, il trouve ses origines dans les tâches quotidiennes du monde rural, les plus connus étant peut-être les « aizkolaris » ou coupeurs de troncs, les « harrijosatzailes » ou leveurs de pierres, les « idi-probak » ou traînage des pierres par des bœufs et les « segalariak » ou faucheurs. Il en existe d’autres, plus répandus au niveau international, comme la « soka tira », des équipes qui s’affrontent au tir à la corde. Ce sport a même une fédération internationale et a participé aux premiers Jeux olympiques modernes.
Il faut le dire : les « herri kirolak » ont toujours éveillé un petit sourire malicieux au coin des lèvres des étrangers et donné une image un peu bête des Basques. Mais soyons positifs. Faire du travail rural une forme de sport ne démontre pas seulement le caractère travailleur et laborieux des Basques mais aussi leur esprit pratique. Comment faire du sport sans sponsors pour vous entretenir ? Dans le monde actuel, c’est impossible. Ajoutons à cela les difficultés pour faire du sport à une époque où le concept de loisir, alors considéré comme de la pure fainéantise, n’existait même pas. S’il faut travailler, mieux vaut s’entraîner soi-même aux heures de travail pour ensuite se distinguer dans les fêtes patronales et les fêtes du village. Et si les « herri kirolak » sont dans la majorité des cas une affaire d’hommes, c’est que nous les Basques, et en particulier les femmes basques, nous nous vantons de presque être un matriarcat. Les femmes ont trompé leurs maris en encourageant le sport… au champ, fauche en main, et le dimanche s’il vous plait. Quelle aubaine !
La pelote, le plus international
La Pelote basque
Mais c’est sans aucun doute la pelote (basque, bien entendu) qui attire le plus l’attention, à l’international et avec enthousiasme. Il a été présenté à plusieurs Jeux olympiques et dispose d’une Fédération mondialement connue. Son origine remonte à des temps immémoriaux et il existe des légendes de personnages mythologiques jouant avec des pelotes en pierre. Dans tous les villages basques, aussi petits soient-ils, il y a un fronton pour la pratique de ce sport.
Il en existe plusieurs spécialités : la pelote à la main, où l’on lance la pelote directement contre le mur avec la main, mentionnée dans plusieurs chroniques médiévales ; la « pala », où l’on utilise la raquette, généralement en bois, pour lancer la pelote contre le mur, ce qui évite une grande souffrance ; et la spectaculaire « cesta punta », où la pelote est rattrapée par un gant avec un panier à l’extrémité pour être ensuite lancée très fortement et rapidement contre le mur. Cette dernière forme se pratique aussi en France, au Mexique, aux Philippines et aux Etats-Unis. On en raffole beaucoup à Miami où il existe plusieurs frontons couverts, avec un mur sur la gauche, que l’on appelle « jai alai » (jeu allègre).
Les traînières, émotion sur les vagues
Bandera de la Concha » | (lanpernas 2.0/flickr)
Le Pays Basque est petit et ses habitants ont toujours été d’excellents marins, ce que confirme par exemple Juan Sebastián Elcano, le premier marin, un Basque, à avoir fait le tour du monde en bateau et avoir accosté à Terre neuve en 1540. Les « estropadak » ou traînières sont des embarcations à rames utilisées pour la pêche, qui ont ensuite évolué vers leur version sportive. Si à l’origine la participation aux régates se limitait aux pêcheurs, ce sport s’est maintenant professionnalisé. La compétition la plus importante et la plus ancienne date de 1879. Les régates sont très suivies non seulement au Pays Basque mais dans toute la cordillère cantabrique.
En conclusion, nous pouvons dire que durant des siècles, les Basques ont transformé le travail en sport et qu’au 21e siècle, nous faisons exactement le contraire : le sport devient un travail. C’est la roue qui tourne toujours. Et nous ne pouvons jamais savoir vers où. Mais avec l’initiative du gouvernement basque qui souhaite organiser des Jeux olympiques de « Herri Kirolak », on peut garder l’espoir. Le poète colombien Gabriel García Márquez disait qu’il n’y avait pas de lettre pour le colonel. Nous, les femmes basques, n’avons personne pour nous faucher l’herbe, puisque les garçons modernes préfèrent se consacrer au football, au ski, au basketball ou au golf… plus chic. Mais peu importe, de toute façon, nous n’avons pas de jardin. Effets de la crise immobilière.
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