La brillante campagne 1923-24


La brillante campagne 1923-24 (Le trophée Hart; Clubs américains; Le Boston et les Maroons; Les Maroons; Le trophée Lady Bing; Le hockey international; Règlement anti-défense; L’ouverture à New York; Punition retardée; Changements aux séries éliminatoires; Nels Stewart; Georges Hainsworth; Autres vainqueurs du trophée Vézina).

La saison de 1923-24 fut, à notre avis, la plus brillante qu’ait connue le Canadien, qui groupait alors le meilleur club de tous les temps avec six joueurs. Qu’on en juge par l’alignement suivant: dans les buts, Georges Vézina; à la défense, Sprague Cleghorn et Bill Coutu; à l’avant, Howie Morenz, Aurèle Joliat et Billy Boucher. Les substituts. qui ne jouaient pas souvent, loin de là, étaient Joe Malone, Billy Bell, Bob Boucher, Sylvia Mantha, Curley Headley, Bill Cameron et Jean Matz. Le gérant était nul autre que Léo Dandurand, le génial mentor surnommé alors et avec raison le « Napoléon du hockey ».

Signalons en passant que Mantha, qui devait tant se signaler dans la suite pour le Tricolore, avait l’honneur d’être le premier Montréalais à devenir membre de l’équipe sous le nouveau régime. Dans la suite, les Montréalais devaient être passablement nombreux, surtout en 1955-56.

Vous avez vu aussi dans l’alignement un nom bien connu, celui de Howie Morenz, dont la carrière météorique devait se terminer tragiquement, en 1937, après une fracture de la jambe survenue au Forum, le 28 janvier, à la suite d’une collision avec Earl Seibert.

Morenz devait être un des plus brillants joueurs du Canadien comme un des plus brillants dans l’histoire de la Ligue Nationale. D’ailleurs, nous en parlerons au long en donnant tous les détails de sa carrière, lorsque nous terminerons la revue de la saison 1936-37.

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LE TROPHÉE HART

Mais revenons un peu plus tôt dans cette saison 1923-24. Avant le début des hostilités, le 29 novembre, on avait offert un banquet en l’honneur de Cecil Hart, directeur du club. C’est au cours de ce banquet que le docteur David A. Hart, père de Cecil, annonça qu’il présentait un trophée pour le joueur le plus utile à son club. Disons tout de suite que le premier joueur à l’obtenir fut Frank Nighbor, de l’Ottawa.

Voici la liste de ceux qui, par la suite, méritèrent ce trophée. Le club Canadien n’est pas trop mal représenté.

1924-25, Billy Burch, Hamilton

1925-26, Nels Stewart, Maroons.

1926-27, HERB GARDINER, Canadien.

1927-28, HOWlE MORENZ, Canadien.

1928-29, RoyWorters, Armericans.

1929-30, Nels Stewart, Maroons.

1930-31, HOWlE MORENZ, Canadien.

1931-32, HOWIE MORENZ, Canadien. .

1932-33, Eddie Shore, Boston.

1933-34, AURELE ]OLIAT, Canadien.

1934-35, Eddie Shore. Boston.

1935-36, Eddie Shore, Boston.

1936-37, BABE SElBERT, Canadien.

1937-38, Eddie Shore, Boston.

1938-39, TOE BLAKE, Canadien.

1939-40, Ebbie Goodfellow, Détroit.

1940-41. Bill Cowley, Boston.

1941-42, Tommy Anderson, Americans.

1942-43, Bill Cowley, Boston.

1943-44, Babe Pratt. Toronto.

1944-45, ELMER LACH, Canadien.

1945-46, Max Bentley, Chicago,

1946-47, MAURICE RICHARD, Canadien

1947-48, Buddy O’Connor, Rangers.

1948-49, Sid Abel, Détroit.

1949-50, Chuck Rayner, Rangers.

1950-51, Milt Schmidt, Boston.

1951-52, Gordle Howe, Détroit.

1952-53, Gordie Howe, Détroit.

1953-54, Al Rollins, Chicago.

1954-55, Ted Kennedy, Toronto.

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Dans la 1ère moitié des activités de cette saison 1923-24, l’Ottawa arriva en tête, suivi du Canadien qui termina en 1ière place de la 2e moitié. C’est alors que commencèrent les fameuses séries qui ne nécessitèrent chacune que deux joutes. Dans celle du championnat de la Ligue, le Canadien vainquit l’Ottawa par 1 à 0 et par 4 à 2.

Dans la première partie, Morenz compta l’unique but du club montréalais. Dans la deuxième, Morenz compta deux fois tandis que Joliat et Boucher y allaient d’un but chacun.

Le Canadien, cette année-là, dut affronter deux clubs de l’Ouest.

Le Tricolore l’emporta d’abord sur le Vancouver par 3 à 2 et par 2 à 1. Il fit aussi bien contre le Calgary, gagnant la première partie par 6 à 1 et la deuxième par 3 à 0. Dans cette dernière joute, disputée à Ottawa, faute de glace à Montréal, Sprague Cleghorn établit un record. Il venait de prendre part aux activités de son club pour une 76e rencontre sans avoir été remplacé une seule fois. Quel homme de fer que ce Sprague Cleghorn, un des meilleurs joueurs de défense de tous les temps! En fait, quels hommes de fer étaient les joueurs du temps, qui ne se faisaient remplacer que quand ils étaient gravement blessés ou incapables de jouer.

CLUBS AMÉRICAINS

C’est cette année-là qu’on se mit à parler de l’entrée possible de clubs américains dans la Ligue Nationale. A New York, Tom Duggan avait réussi à intéresser le fameux promoteur Tex Rickard tandis qu’à Boston, Charles F. Adams, qui a fait partie du hockey jusqu’à récemment, admettait la possibilité de l’entrée de sa ville dans la L. N. A l’assemblée du 11 février 1924, alors qu’il avait été question de clubs américains, Adams était présent, faisait part de son intérêt et annonçait la glace artificielle à sa patinoire. Il était alors facile de prévoir que l’admission de quelques clubs d’outre frontière ferait connaître à la Ligue Nationale d’importants développements.

LE BOSTON ET LES MAROONS

Dès l’automne suivant, au cours d’une assemblée tenue le 11 octobre, à l’hôtel Windsor de Montréal, le Boston était admis dans la Ligue. En plus, il y avait un second club de Montréal, celui des Maroons. Les deux clubs étaient admis sur propositions des deux magnats bien connus Léo Dandurand de Montréal et Tommy Gorman d’Ottawa. Assistaient également à cette importante assemblée présidée par le président Calder: H.-A. (Louis) Letourneau du Canadien; Percy Hambly et Charlie Querrie du St-Patrick de Toronto; Frank Ahearn de l’Ottawa; Charles F. Adams et Art. Ross du Boston, Donat Raymond et James Strachan des Maroons; A. Ross et Percy Thompson de Hamilton. On décidait aussi, à cette réunion, de porter le total des parties de 24 à 30.

LES MAROONS

Nous avons parlé des Maroons. Les représentants du nouveau club de la métropole auraient bien voulu adopter l’ancien nom fameux des Wanderers mais quand l’ancien propriétaire, Sammy Litchtenhein, leur demanda $5,000, ils choisirent plutôt celui de Maroons.

Cecil Hart démissionna alors comme directeur du Canadien pour devenir gérant de la nouvelle équipe, qui devait commencer ses activités au Forum, sur la glace artificielle. Ce ne fut cependant pas le Montréal qui inaugura officiellement le Forum qui compte maintenant 31 ans d’existence. C’est le Canadien qui eut cet honneur dans une partie contre le Toronto. Le Tricolore l’emporta facilement par 7 à 1 devant 9,000 personnes, soit juste le nombre de sièges de cet amphithéâtre de l’Ouest, qui devint trop petit par la suite et qu’on finit par agrandir au cours de l’été de 1949.

Le Canadien aurait bien voulu jouer toutes ses parties au Forum, sur une patinoire avec glace artificielle et devant 9,000 spectateurs ou plus. Mais, les dirigeants de l’Aréna Mont-Royal s’y opposèrent énergiquement et ce ne fut que deux ans plus tard, après une suite de procédures de toutes sortes, que le Tricolore put déménager ses pénates à l’amphithéâtre de l’Ouest où il est depuis.

Cette saison-là (1924-25), les activités commencèrent dès le 29 novembre, alors qu’eut lieu la partie dont il est question plus haut. Dans la première des joutes qui, pendant près de 14 ans, devaient fournir tant de rivalité et tant de moments palpitants, le Tricolore l’emporta par 5 à 0, à l’Aréna Mont-Royal. Joliat fut alors le grand héros en comptant quatre des cinq buts de son club. Cette rivalité l’entre les Canadiens et les Maroons rappelait celle d’autrefois entre les Canadiens et les Wanderers.

Le Hamilton termina en 1ière position après une saison de 30 parties, suivi du St-Patrick, du Canadien, de l’Ottawa, du Montréal et du Boston. Ce dernier n’avait gagné que six parties tandis que les Maroons n’avaient été vainqueurs que 9 fois,

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Les séries éliminatoires de cette saison différèrent un peu des précédentes. Le Canadien rencontra d’abord le St-Patrick tandis que le Hamilton attendait. Le Tricolore l’emporta par 3 à 2 et par 2 à 0 pour obtenir le droit de faire face au Hamilton. Mais les joueurs des Tigers refusèrent de jouer à moins d’obtenir une part des recettes de la série ou bien une garantie de $200. C’est justement pour ce montant que chacun d’eux fut mis à l’amende par le président Calder tandis que le Canadien devenait automatiquement champion de la Ligue avec le droit de rencontrer le champion de l’Ouest. Ce champion était le Victoria qui devint détenteur de la coupe Stanley par trois victoires en quatre parties, le Canadien n’ayant pu vaincre qu’une fois.

Cette saison-là, Georges Vézina mérita l’honneur d’être désigné non seulement le meilleur gardien de buts mais aussi celui de tous les temps, jusque-là. Il mérita aussi une coupe offerte par Paul Marois comme joueur le plus utile à son club. Cette coupe lui fut présentée par l’honorable A. David, au cours d’une grande manifestation à l’hôtel Mont-Royal, organisée par Armand Vincent et l’auteur de ce volume.

LE TROPHÉE LADY BYNG

C’est cette même année que fut présentée pour la première fois la coupe Lady Byng, accordée par l’épouse du gouverneur général du Canada au joueur le plus gentilhomme tout en étant le plus effectif. Frank Nighbor de l’Ottawa fut le premier et deuxième vainqueur. En 1926-27, ce fut Billy Burch des Americans. De 1927-28 jusqu’à 1934-35, à une exception près, soit en 1931-32, alors que Joe Primeau du Toronto fut vainqueur, ce fut toujours Frank Boucher des Rangers qui mérita les honneurs.

On jugea que ce joueur avait assez souvent gagné le trophée pour se le voir accordé à perpétuité. C’est ce qu’on fit, tout en présentant un autre trophée du même nom. Depuis 1950-51, le trophée s’appelle commémoratif Lady Byng. Voici maintenant les vainqueurs depuis 1935-36:

1935-36, D. Romnes, Chicago.

1936-37, Marty Barry, Détroit.

1937-38, G. Drillon, Toronto.

1938-39, Clint Smith, Rangers.

1939-40, Bobby Bauer, Boston.

1940-41, Bobby Bauer, Boston.

1941-42, Syl Apps. Toronto.

1942-43, Max Bentley, Chicago.

1943-44, Clint Smith, Chicago.

1944-45, Bill Mosienko, Chicago.

1945-46, TOE BLAKE, Canadien.

1946-47, Bobby Bauer, Boston.

1947-48, Buddy O’Connor, Rangers.

1948-49. Bill Quackenbush, Détroit.

1949-50, Edgar Laprade, Rangers.

1950-51, Red Kelly, Détroit.

1951-52, Sid Smith, Toronto.

1952-53, Red Kelly, Détroit.

1953-54, Red Kelly, Détroit.

1954-55, Sid Smith, Toronto.

PUNITION RETARDÉE

Dans une partie entre les deux grands rivaux, Maroons et Canadiens, le 13 mars, il arriva à un moment que huit joueurs se trouvèrent punis en même temps. Outre les deux gardiens de buts, il ne restait plus sur la glace que Pit Lépine, des Canadiens, et Punch Broadbent, des Maroons. Ce fut ainsi pendant deux minutes. Il s’agissait d’un véritable précédent. On ne changea pas immédiatement les règlements, mais quand le même fait se produisit dans une partie éliminatoire entre les Canadiens et les Maroons, on en vint, à la suggestion de Léo Dandurand, à passer le règlement dit des punitions retardées, règlement qui empêche que plus de deux joueurs d’une même équipe purgent en même temps leurs punitions.

CHANGEMENTS AUX SÉRIES ÉLIMINATOIRES

A cause du nombre des équipes. il fallut modifier quelque peu les éliminatoires. Les Maroons éliminèrent le Pittsburgh par 3 à 1 et 3 à 3, dans les demi-finales. Dans la finale, le club anglais de Montréal remporta le championnat de la Ligue Nationale en annulant par 1 à 1 et en gagnant par 1 à 0 contre l’Ottawa, qui avait fini en tête du classement des 7 clubs avec 24 gagnées. 8 perdues, 4 nulles, 77 buts pour, 42 buts contre et 52 points. Les autres clubs avaient obtenu les totaux suivants: Montréal, 20-11-5-91-73-45; Pittsburgh, 19-16-1-82-70-39; Boston, 17-15-4-92-85-38; Americans, 12-20-4-68-89-28; St. Patrick, 12-21-3-92-114-27; Canadien. 11-24-1-79-108-23.

NELS STEWART

Dans les rangs des Maroons se trouvait un jeune joueur du nom de Nels Stewart qui accomplit l’exploit, à sa première saison dans le circuit majeur, de terminer en tête des pointeurs avec 34 buts et 8 assistances en 36 parties seulement. Il remporta, cette saison-là, le trophée Hart accordé au joueur le plus utile à son club. En plus, dans les séries de la coupe Stanley, contre le Victoria, Stewart termina en tête avec 7 points dont 6 buts.

Les Maroons, à leur deuxième saison seulement dans la Ligue Nationale, remportèrent la coupe Stanley en gagnant trois parties sur quatre sur les Cougars de Victoria, champions de l’Ouest.

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Le 4 avril de cette même année, le Saskatoon, de passage à Montréal, joua une partie d’exhibition avec le Canadien au profit de la famille de Vézina, qui venait de mourir. Dans les buts du Saskatoon, se trouvait-George Hainsworth qui devait venir au Canadien dans la suite et qui devait briller au plus haut point sous les couleurs tricolores. Voici immédiatement quelques notes sur la carrière de ce fameux gardien.

GEORGE HAINSWORTH

A sa première saison avec le Canadien, George Hainsworth fut le moins souvent déjoué dans les parties régulières, soit 67 fois seulement. Hainsworth gagna de ce fait le trophée Georges Vézina accordé pour la première fois au gardien le moins souvent déjoué dans la saison, Rappelons au sujet de ce trophée, qu’il fut institué à la suggestion de Léo Dandurand qui voulait, avec raison, perpétuer le souvenir du plus fameux gardien de buts de son temps. Hainsworth remporta le trophée Vézina deux autres années de suite, alors qu’il ne fut déjoué que 48 fois en 44 parties, en 1927-28, et 43 fois en 44 parties, en 1928-29. Il établit alors un record qui ne sera probablement jamais égalé. En plus, il obtint cette année-là, 22 coups de pinceau, un autre exploit qui ne sera jamais égalé.

AUTRES VAINQUEURS DU TROPHÉE VÉZINA

1929-30, Tiny Thompson, Boston.

1930-31, Roy Worters, Americans.

1931-32, Charlie Gardiner, Chicago.

1932-33, Tiny Thompson, Boston.

1933-34, Charlie Gardiner, Chicago. Canadien.

1934-35, Lorne Chabot, Chicago.

1935-36 Tiny Thompson, Boston.

1936-37, Normie Smith, Détroit.

1937-38, Tiny Thompson, Boston

1938-39, Frank Brimsek, Boston

1939-40, Dave Kerr, Rangers.

1940-41, Turk Broda. Toronto.

1941-42, Frank Brimsek, Boston

1942-43, Johnny Mowers, Détroit.

1943-44, BILL DURNAN, Canadien.

1944-45, BILL DURNAN, Canadien.

1945-46, BILL DURNAN, Canadien.

1946-47, BILL DURNAN, Canadien

1947-48, Turk Broda, Toronto.

1948-49, BILL DURNAN, Canadien.

1949-50, BILL DURNAN,Canadien

1950-51, Al Rollins, Toronto.

1951-52, Terry Sawchuck, Détroit.

1952-53, Terry Sawchuck, Détroit.

1953-54, Harry Lumley, Boston

1954-55, Terry Sawchuck, Détroit